lundi 12 mai 2008

Le Vieux jardin

Je n’avais pas encore vu Le Vieux jardin, je me rattrape aujourd’hui. C’est un autre mélodrame mâtiné de politique et en deux mots, c’est moins bien que The President’s last bang mais mieux que Une femme coréenne. C’est déjà ça.

Après l’exécution du Président coréen en 1979, on passe cette fois en 1980 avec la répression par l’armée de manifestations organisées par des militants de gauche, des socialistes. La Corée n’était pas alors à la pointe de la démocratie, bien au contraire. Le Vieux jardin commence à la fin des années 1990. Ho Hyun-woo (Ji Jin-hee) vient de sortir de prison après une longue peine purgée pour avoir justement déclaré au juge qu’il était socialiste.

Hyun-woo retourne dans sa famille qui l’accueille avec toute l’émotion et les larmes qu’un tel évènement demandait. Hyun-woo ne tarde pas à retourner sur lieux de son premier amour, dans un coin perdu de la campagne. C’est dans cet exil qu’il a rencontré Yoon-hee (Yum Jung-ha) dont il est tombé amoureux malgré le risque, malgré sa situation.

Dans cette cabane, chaque objet lui évoque un souvenir et Im Sang-soo procède à de nombreux flash-backs entre aujourd’hui avec l’acteur les cheveux gris dont le sourire est absent et 1980 où notre personnage est plein d’espoir et d’amour. Là-bas, Hyun-woo apprend que Yoon-hee est morte et, surtout, qu’elle lui a donné une fille. En lisant le journal intime de son amie, il aura l’occasion de remettre les éléments de ce puzzle en place. Il va vivre son passé par procuration et le spectateur en même temps que lui.

Du côté de la politique, Im Sang-soo reste un peu vague. A cela sans doute deux raisons. D’abord parce que les souvenirs en 17 ans se sont estompés et que les témoins ne sont plus tous là pour diverses raisons. Ensuite, parce que peut-être il s’agit de tourner la page sur cette époque douloureuse, encore dans la mémoire collective coréenne mais enfouie telle un cauchemar. Les scènes de répression sont remarquablement filmées, en caméra portée à l’épaule, avec des teintes jaunes comme celle des pages vieillies d’un journal.

Du côté du mélodrame, Im Sang-soo réussit à ne pas en faire trop : par de visages larmoyants, pas d’engueulade lourde entre les personnages, pas de musique sursignifiante. Le film passe entre les deux protagonistes. Yoon-hee qui accepte les engagements politiques de son homme en silence mais non sans reproches. Hyun-woo qui reconnaît qu’il risque de mettre en péril son couple. Les deux points de vue se croisent parfois sans jamais se rejoindre ce qui montre les limites du scénario. Parfois il renvoie dos à dos les deux opinions, Yoon-hee traite dans une réplique les militants de fascistes.

De la même manière, Im Sang-soo truffe son film de plans (ou d’images) trop jolies pour être en accord avec le sujet. Mais les images sont quand même jolies ce qui n’est pas rien. Le Vieux jardin laisse pourtant un sentiment d’ennui poli d’autant que, contrairement à The President’s last bang, le film est totalement dénué d’humour.

Le Vieux jardin (오래된 정원, Corée, 2007) Un film de Im Sang-soo avec Ji Jin-hee, Yum Jung-ha, Yoon Hee-seok, Kim Yu-ri, Yoon Yeo-jeong, Park Hye-sook

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