samedi 25 octobre 2008

Those were the days



Le cinéma cantonais est l’unique sujet de Those were the days, titre qui a beaucoup été utilisé à l’époque dans l’industrie. Ici, c’est une comédie nostalgique sur l’état du cinéma au moment de la rétrocession. Cela fait maintenant 18 mois que j’anime ce blog où je défends (ou pas) le cinéma cantonais, que je tente de le mettre en valeur, d’établir son histoire de manière incomplète mais toujours partiale. Il y a des cinéastes que je n’aime pas et surtout des genres qui sont abandonnés. La comédie cantonaise est sans aucun doute la chose la moins respectée par nos beaux critiques qui préfèrent le polar (John Woo et Johnnie To) et le film de sabre (les Shaw Brothers). On a été peu nombreux à défendre Pang Ho-cheung et à exhumer les vieux Jackie Chan en montrant leur valeur.

Pour résumer, aujourd’hui le cinéma de Hong Kong, c’est Johnnie To et Wong Kar-wai. Passés ces deux noms, il n’y a pas de salut. Il faut dire que pour parler de ce cinéma-là, il ne faut pas se cantonner à quelques films, c’est un travail de longue haleine, difficile parce que les vieux films sont rarement disponibles. On pourrait un constat similaire pour le Japon. Wong Kar-wai et son cinéma sont au centre de Those were the days. Pas vraiment le cinéaste de Nos années sauvages, mais son clone cinématographique qui s’appelle Wong Ching-wai (Wong Chi-wah). Il porte des lunettes noires, fume des clopes et exprime partout sa lassitude.

Un personnage dit de lui que personne n’a vu ses films et qu’ils sont très ennuyeux. Et si ce n’était pas faux. Cinéaste pour occidentaux Wong Kar-wai ? Oh, que oui ! Lors d’une cérémonie de prix, notre personnage annonce à l’assistance son mépris du cinéma cantonais. Passé une conversation avec son ennemi juré le cinéaste commercial Wong Ching (qui bien entendu ressemble à Wong Jing), il se retrouve en 1967 à un époque d’un certain âge d’or. Il pourra revenir en 1997 quand quelqu’un aura aimé un de ses films. On peut juger cet argument un peu démagogique. Parce tout simplement Wong Kar-wai est aussi un ambassadeur du cinéma de Hong Kong, mais c’est assez jouissif de voir son statut d’icône égratigné.

En 1967, notre homme à lunettes va rencontrer trois acteurs (Nat Chan, Francis Ng et Gallen Law) et deux actrices (Maggie Cheung et Shu Qi). Tous sont des débutants dans l’industrie et chacun cherche sa voie. Wong Ching-wai, grâce à sa connaissance de l’histoire de son cinéma, va aiguiller chaque personnage vers un rôle clef qui leur permettre d’accéder à la reconnaissance. Là, il vaut mieux avoir une certaine connaissance du cinéma de l’époque. Francis Ng imite bien la gestuelle de Patrick Tse et Gallen Law refait la voix de Lui Kei. C’est un plaisir. Le film montre aussi une industrie fait pour gagner de l’argent (le rôle des producteurs n’est pas esquivé). Le personnage de Law Kar-ying joue l’éternel Wong Fei-hung qui en est à son cinquantième film.

Le film devient très marrant quand Wong Ching-wai essaie de tourner ses films avec les acteurs et ingrédients scénaristiques de l’époque mais avec son style propre (ah, sa version « happy together » de Wong Fei-hung). Il faut cependant trouver quelqu’un qui aime ses films. Ce sera le jeune Wong Ching, qui vient sur les tournages avec son père (Vincent Kok). Toute ressemblance avec Wong Ting-lam est voulue. La fin propose une réconciliation entre tous les cinémas qui manque peut-être de subtilité. Mais personne n’est dupe.

Those were the days (精装难兄难弟, Hong Kong, 1997) Un film de Cho Kin-nam avec Wong Chi-wah, Nat Chan, Francis Ng, Gallen Law, Maggie Cheung Ho-yi, Shu Qi, Law Kar-ying, Vincent Kok, Cheung Tat-ming.

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