lundi 1 juin 2009

Departures


Daigo Kobayashi est un jeune violoncelliste qui va se retrouver du jour au lendemain au chômage parce que l’orchestre dans lequel il joue est dissous. Il faut dire que les salles sont vides et que les recettes n’arrivent pas. Avec sa femme, il décide de quitter Tokyo et de s’embarquer dans le village de son enfance dans la maison de sa mère qui est décédée depuis deux ans. Une nouvelle vie commence.


Avant cette bifurcation vers la province japonaise, Departures nous montre une scène sans explication. Daigo est devant une femme couchée. Une assemblée regarde les gestes du jeune homme, des gestes précis et délicats où il va changer les vêtements de la femme, lui faire sa toilette et la maquiller. Au vu des visages désolés des personnes présentes, on comprend que Daigo prépare une défunte pour son dernier voyage. Entre les deux scènes, on verra ce qui a amené notre personnage à s’occuper des morts.


Daigo poussé par sa femme cherche du travail. Une annonce dans le journal lui semble alléchante. Bon salaire, peu d’heure. Il va rencontrer l’employeur qui l’engage sans lui poser la moindre question. L’employeur est un vieil homme taciturne. Dans l’entreprise, il y a aussi une femme, la cinquantaine, qui est absolument ravie d’avoir un nouveau collègue. La maison qui héberge l’entreprise de préparation aux morts est elle-même sinistre. Il ne reçoit pas de formation et doit un matin aller aider son patron pour nettoyer un cadavre.


Pour faire bonne mesure, il n’avoue pas à sa femme quel est son nouveau travail. Elle croit toujours qu’il est dans une agence de voyage en ayant en mémoire l’annonce ambigüe dans le journal. Il n’ose pas lui dire mais l’argent arrive au foyer et ensemble ils continuent de ne rien dire. Jusqu’au moment où elle apprend la vraie nature de son nouveau métier. D’ailleurs, un de ses anciens camarades, qui a appris la chose, refuse de désormais lui parler. La mort ne lui va pas si bien.


Le film joue sur plusieurs tableaux. D’une part, il y a l’entreprise de pompes funèbres qui compose un univers inconnu dans lequel il va falloir que Daigo évolue. Son patron veut tourner une pub pour son entreprise et de manière comique il demande à son employé d’être le modèle. Les scènes dans l’entreprise sont filmées dans un burlesque froid proche du style d’Aki Kaurismäki par exemple. L’autre employée est assez troublante et amusante. Mais chacun a son petit secret.


D’autre part, le cinéaste filme la simple vie de province dans ce village où tout le monde se connaît. Daigo retrouve des souvenirs d’enfance notamment dans les bains publics tenus depuis toujours par une vieille femme joviale et sympathique. La vie suit son train-train quotidien sans aucune surprise. Les saisons s’écoulent mais rien ne semble changer dans la vie si ce n’est les morts qui rythment la vie de Daigo et de sa femme. D’ailleurs, parce qu’elle ne supporte pas cet entourage funeste, elle quitte son mari qui du coup se remet au violoncelle.


C’est ce dernier tableau qui risque de déplaire. Daigo en se remettant au violoncelle pense à son enfance et à son père qui a quitté le foyer familial lorsqu’il avait six ans. Daido retrouve l’instrument de sa jeunesse et les souvenirs reviennent. La musique de Joe Hisaishi souligne les sentiments contrastés avec sa musique élégiaque. On manque à chaque instant de tomber dans le pire mélodrame mais le cinéaste parvient à mêler tous les tableaux et à produire un film émouvant et drôle.


Departures (おくりびと, Japon, 2008) Un film de Yôjirô Takita avec Masahiro Motoki, Tsutomu Yamazaki, Ryoko Hirosue, Kazuko Yoshiyuki, Kimiko Yo, Takashi Sasano.

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