Destination Himalaya est l’un des films coréens les plus étonnants et intéressants sortis cette année. Sa sortie a été difficile, le film a été un échec public dans son pays mais par la magie de la coproduction, il sort dans quelques salles françaises. Choi Min-sik est sorti de sa grève de travail (il avait arrêté le cinéma après la révision des quotas octroyés pour le cinéma coréen) pour ce rôle qui va à l’encontre de ce que l’on attend de lui habituellement.
Choi est un cadre dans une entreprise coréenne. Un employé népalais vient de décéder et il a pour mission de ramener les cendres du défunt dans sa famille. Il part dans les montagnes habillé comme chez lui, en costume cravate et en souliers vernis. Un homme va porter sa grosse valise à roulettes sur son dos. Autant dire que Choi ne s’était pas préparé à cette expédition. Très vite, son porteur le distance et Choi a bien du mal à respirer l’air raréfié des hauts sommets. Le voyage se terminera pour lui à dos de cheval.
Exténué, Choi dort deux jours et deux nuits chez ses hôtes. Le fils du défunt l’accueille en jouant de la flûte. Il vit avec sa mère et ses grands-parents. Il donne une grande liasse de billets. Choi ne parle pas un mot de népalais, il baragouine quelques mots d’anglais auxquels répond le fils qui a quelques notions. Il n’ose pas donner l’urne funéraire. Là, réside l’un des bonnes idées de Destination Himalaya, faire de Choi Min-sik un personnage sans dialogue : une manière de prolonger sa grève. Mais il va se lier avec le gamin et quelques regards suffiront à ce qu’ils se comprennent.
Comme beaucoup de spectateurs qui s’attendaient probablement à un énième film avec des beaux paysages et une introduction aux coutumes locales, Choi se rend compte que la montagne est aride, désertique, que la vie y est rude et ennuyeuse. Il accompagne le gamin sortir les biquettes, puis il l’accompagne pour les rentrer. Certes, il n’était pas venu en touriste faire du trekking, mais là il comprend que l’idée habituellement véhiculée par le cinéma est bien loin. La seconde bonne idée est de ne pas montrer l’image idyllique et fantasmée d’une contrée de sagesse.
La mère de famille n’attend pas tant que cela son époux. Elle reçoit un jour la visite d’un homme et le fils l’appelle papa. La dame a un amant prénommé Karma et en son off, on entend leur râle de plaisir. Quand un cheval blanc (le fantôme du défunt sans doute) passe devant Choi, il comprend qu’il doit s’en aller, qu’il doit remettre les cendres à la veuve. Il a repris son souffle et son voyage peut s’achever. Il est temps de rentrer chez lui.
Destination Himalaya (Himalaya, where the wind dwells, 히말라야, 바람이 머무는 곳, Corée – France, 2008) Un film de Jeon Soo-il avec Choi Min-sik, Tsering Kipale Gurung, Tenjing Sherpa, Namgya Gurung, Hamo Gurung, Tseptam Gurung.
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