samedi 31 décembre 2011

Bilan de l'année 2011


Rarement, il n’y aura eu aussi peu de films d’Asie sortis en France : 19 seulement en 2011, on se croirait revenu dans les périodes de disette. C’est un animé Ghibli qui est en haut du classement de la fréquentation. Et pourtant Arrietty n’est pas la meilleure production du studio et souffre d’une musique particulièrement pénible. Disney, qui distribue désormais les films de Ghibli, choisit maintenant le début d’année pour sortir les films de la compagnie de Miyazaki. Mi-janvier, on pourra découvrir le nouveau film de Goro le fils du maître. Ce que l’on remarque surtout, c’est que le cinéma japonais semble aujourd’hui réduit à n’être que du film pour enfants ou de l’animé : Cheburashka, La Boite à malice et Colorful. Seule exception, le Hara Kiri de Takashi Miike dont aucun film n’était sorti en salles en France depuis bien longtemps. Le cinéma coréen s’est bien défendu, cinq films sont sortis, aucun cinéaste coréen n’a été découvert ce qui donne l’impression qu’il ne se ferait que des films rohmeriens ou des films de vengeance là-bas. Je doute que ce cinéma ne soit plus constitué que de cela.

Apparemment, il est de plus en plus difficile de découvrir en salles ce qui se produit actuellement en Asie. Les distributeurs se cantonnent avec ce qu’ils estiment être bankables soit Tsui Hark (semi-succès public) et Yuen Woo-ping (bide au box-office). Il était prévu que Sex & zen 3D sorte au cinéma pendant l’été. La sortie a été finalement annulée (ou repoussée) malgré le buzz intense (quoi que plutôt mensonger) sur le succès au box office hongkongais. Le film devra sans doute atteindre le public français en dvd et blu-ray dans les mois qui arrivent. La vraie star hongkongaise cette année a été Donnie Yen : les deux Ip Man, 14 blades, Legend of the fist et The Lost bladesman ont été édités en dvd, en attendant probablement Wu Xia (projeté à Cannes 2011). Il faudra attendre un peu pour découvrir ses autres films, notamment ses comédies. Donnie Yen est, en France aussi, la star incontestée du cinéma de Hong Kong. Par ailleurs, deux films de Johnnie To sont sortis à Hong Kong et il y a peu de chance qu’ils parviennent en salles jusqu’ici (à la limite en dvd).

L’un des faits marquants de cette année à Hong Kong est justement cette profusion actuelle de wu xia pian et autres films en costumes se déroulant dans la Chine légendaire ou dans celle du tournant du siècle (d’avant Mao). Cette mode a commencé à se développer depuis deux ans mais elle atteint aujourd’hui des proportions importantes. Sur la cinquantaine de films locaux sortis à Hong Kong en 2011, une quinzaine est donc en costumes. Une explication très simple à ce revival du genre : le nouveau système de coproduction avec la Chine. Près d’un tiers des films hongkongais sont aujourd’hui produits par Pékin pour le public chinois avec deux conséquences majeures. D’abord une obligation de se conformer aux exigences thématiques de Pékin, certains sujets ne peuvent pas être abordés, il est désormais interdit de critiquer tout organe étatique (police, fonctionnaire, état) et de vanter les triades ou d’en montrer des personnages positifs. L’autre conséquence est celle des acteurs et actrices : un quota d’interprètes chinois est exigé, des jeunes actrices mannequins au joli visage mais dont le jeu laisse indifférent.

L’arrivée de l’argent chinois dans le cinéma hongkongais a permis sans aucun doute à l’industrie d’être sauvée mais d’un autre côté, tous ces films en co-production se ressemblent et ennuient. Alors que reste-t-il à Hong Kong ? L’année a vu le retour de Cecilia Cheung après une longue éclipse due à sa vie de famille mouvementée. Elle a même embarqué dans un film son jeune fils. Il y aussi des choses qui ne bougent pas : Wong Jing par exemple qui continue avec ses budgets fauchés, ses scénarios simplistes et ses amis acteurs à produire et réaliser encore trois ou quatre films par an. Comme d’habitude, il change de genre comme de chemise, mais il garde toujours la même méthode. Wong Jing, quels que soient ses défauts, demeure aujourd’hui l’un des piliers du cinéma de Hong Kong.

Box office de tous les films d’Asie sortis en France en 2011 :

Arrietty le petit monde des chapardeurs (Hiromasa Yonebayashi) 916 961 entrées
Detective Dee (Tsui Hark) 234 726 entrées
La Ballade de l’impossible (Tran Anh Hung) 58 430 entrées
The Murderer (Na Hong-jin) 46 508 entrées
J’ai rencontré le diable (Kim Jee-won) 28 344 entrées
I wish I knew, histoires de Shanghai (Jia Zhangke) 27 893 entrées
Cheburashka et ses amis (Makoto Nakamura) 25 515 entrées
La Flûte et le grelot (collectif) 25 121 entrées
Ha ha ha (Hong Sang-soo) 15 610 entrées
Love and bruises (Lou Ye) 14 389 entrées
True legend (Yuen Woo-ping) 11 997 entrées
La Boite à malice (Koji Yamamura) 10 482 entrées
Hara kiri, mort d’un samouraï (Takashi Miike) 9 241 entrées
Colorful (Keiichi Hara) 5 479 entrées
Les Nuits rouges du bourreau de jade (Julien Carbon et Laurent Courtiaud) 3 731 entrées
Black blood (Zhang Miaoyan) 661 entrées
Oki’s movie (Hong Sang-soo) pas de chiffres
Summer vacation (Li Hongqi) pas de chiffres
Entre chien et loup (Jeon Soo-il) pas de chiffres

(Chiffres aimablement fournis par Mathias C. Alonzo-Mosely)

Bonne année 2012 !

1 commentaire:

CineNiko a dit…

Bien que ce ne soit pas vraiment une surprise (vu la faible distribution), je suis déçu de voir que Les Nuits Rouges du Bourreau de Jade ait attiré si peu de monde.