dimanche 15 septembre 2013

Christmas Rose


La première réalisation de l’actrice Charlie Young (qui ne joue pas dans son long-métrage) aborde un genre peu fécond à Hong Kong : le film de procès. Christmas Rose est produit par Tsui Hark et Jacob Cheung. Elle a choisi de donner à Aaron Kwok, son partenaire dans Future cops son premier film en tant qu’actrice, le rôle principal. Tim Chen est un ancien avocat qui est devenu procureur général, c'est-à-dire qu’il représente l’Etat et défend les victimes. Ce changement de carrière correspond pour Tim à une question de morale

La victime de l’affaire en cours s’appelle Jane Li (Kwai Lun-mei, qui est doublée en cantonais). Professeur de piano (le titre du film a un rapport avec une chanson), Jane est une jeune femme handicapée (elle se déplace sur un fauteuil roulant). Elle porte plainte contre Winston Zhou (Chang Chen) d’avoir sexuellement abusé d’elle. Winston est son médecin mais également son employeur puisqu’elle enseigne le piano à sa petite fille. C’est un homme marié et il jouit auprès de la profession d’une excellente réputation.

Winston Zhou plaide non coupable lors du procès qui se déroule en trois sessions de longueur à peu près égale. Il est défendu par un jeune avocat, Freddy Xue (Xia Yu) qui a justement rejoint le cabinet que Tim a quitté. Winston est peu loquace pendant ces sessions, d’autant que Freddy lui a demandé de garder le silence. L’avocat déploie une technique pour faire acquitter son client : insinuer le doute auprès du juge du tribunal, montrer que Jane Li est le seule témoin du viol qu’elle aurait subi.

Avec une musique constante pleine d’effets et des ralentis cherchant à appuyer les coups de théâtre du procès, le récit abonde en flash-backs qui donnent le point de vue de chacun des deux protagonistes. Jane Li l’accuse de lui avoir touché la poitrine puis le « bas de son corps », comme elle dit pour parler de son sexe, lors d’un examen médical. Freddy Xue la soupçonne, à cause de son handicap, de ne pas pouvoir faire la différence entre un examen médical et un attouchement sexuel.

Le film oppose les méthodes de l’avocat et du procureur du point de vue moral (tout déballer ou défendre une victime innocente car handicapée) de la même manière que les souvenirs de Jane et de Winston se contredisent. Pour Charlie Young, également auteur du scénario, il faut maintenir un suspense jusqu’à la révélation finale. Tout est remué, le passé de chacun est exhibé au grand jour avec des parts d’ombre qui révèlent des choses secrètes, la vie privée de l’épouse de Winston Zhou est perturbée par les journalistes en recherche de scoops.

Charlie Young a des intentions louables en questionnant les rapports de chacun avec la justice. Mais la naïveté de sa mise en scène pousse à ce que le spectateur épouse d’abord la version de Jane, à cause du mutisme de Winston et du visage mélancolique de Jane, pour ensuite, lors du procès en appel, tomber dans les effets lacrymaux franchement moins convaincant. Là, elle donne tellement d’information sur le passé des personnages que le suspense est un peu trop forcé et les révélations poussives.

Christmas Rose (聖誕玫瑰, Hong Kong, 2013) Un film de Charlie Young avec Aaron Kwok, Xia Yu, Kwai Lun-mei, Qin Hai-lu, Liu Kai-chi, Wan Qian, Chang Chen, Kam Kwok-leung, Pat Ha, Theresa Lee.

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