mardi 24 septembre 2013

Crazy stone


Cela fait maintenant quelques mois que Spectrum Films sort des DVD de films asiatiques. Après, entre autres, The Heavenly Kings de Daniel Wu, The Way we are d’Ann Hui et Adrift in Tokyo de Satochi Miki, la jeune structure sort cette semaine Crazy stone de Ning Hao et Blind mountain de Li Yan. J’avais pu voir Blind mountain en 2007 au Festival de Cannes (mon texte ici), drame sur le mariage forcé dans la Chine profonde qui prenait la forme d’un thriller. Crazy stone est d’un tout autre genre, c’est une comédie qui a eu, lors de sa sortie en Chine en 2006, un énorme succès public.

La pierre qui rend fou du titre est un jade trouvé dans l’usine de Xei Xei (Chen Zheng-hua) parmi de nombreux objets précieux lors de fouilles. L’usine est en faillite, les 200 ouvriers n’ont pas été payé depuis des lustres mais Xei Xei refuse de vendre le terrain à Feng Hai (Xu Zheng, le réalisateur et acteur de Lost in Thailand, autre comédie chinoise récente), promoteur immobilier qui rêve de placer là un building qui serait recouvert d’un temple bouddhiste, histoire de concilier l’orient et l’occident, comme le dit son lèche-cul d’homme de main.

Plutôt que vendre l’usine, Xei Xei décide de vendre tous ces objets antiques et le jade sera le clou des enchères. Il charge Bao Shihong (Guo Tao) de surveiller les reliques car il a été jadis à l’école de police et qu’il semble le mieux placé pour être le chef des vigiles. Bao et son fidèle ami San Bao (Liu Gang) décident de louer un appartement juste en face du temple où est entreposé le trésor. De la fenêtre de la chambre, ils pourront observer tranquillement. Et ils font bien car depuis que le jade est exposé, tous les voleurs du coin veulent s’en emparer.

Pour faire démarrer la comédie, Crazy stone s’intéresse moins au moyen de rentrer dans la place pour voler la pierre précieuse qu’aux voleurs qui s’attèlent à cette tache. D’abord un trio de bras cassés (Liu Hua, Huang Bo et Yue Xiao-jun) qu’on découvre en train de cambrioler un appartement mais qui, une fois dans la rue, se font mettre un PV par la police municipale. Ensuite, le propre fils de Xie Xie surnommé Charles (Luo Lan), patapouf paresseux, fashion victime et dragueur qui veut impressionner une jolie fille. Enfin, Mark (Lin wai-kin), voleur ultra professionnel engagé par Feng Hai.

Les quiproquos ne vont pas tarder à s’enchainer avec la première tentative où se succèdent les voleurs qui utilisent la même méthode (faire croire à un incendie pour que Bao quitte les lieux). Mais la saveur du comique vient du fait que le trio de voleurs loge dans la chambre voisine de celle de Bao et San Bao, qu’ils se croisent sans cesse sans qu’ils ne se reconnaissent les uns les autres. Le film privilégie le spectateur à qui il donne toutes les informations et qui attend que les personnages, tous relativement incompétents se rencontrent. Certains resteront longtemps coincés dans des conduits d’aération ou des égouts.

Le titre du film fait référence à La Panthère rose de Blake Edwards (c’était le nom du bijou que se disputaient les voleurs) et la mise en scène s’en inspire quand le cinéaste décale des scènes concomitantes pour montrer que tout le monde s’était déjà rencontré sans le savoir. D’un point strictement comique, Crazy stone tente, parfois maladroitement, de donner un rythme proche du comics (montage hyper rapide, gags burlesques, comportement puéril). On pense plus souvent à Snatch de Guy Ritchie qu’aux films de Stephen Chow et Lee Lik-chi. J’aurais préféré l’inverse.

Crazy stone (瘋狂的石頭, Chine, 2006) Un film de Ning Hao avec Guo Tao, Lin Wai-kin, Liu Hua, Liu Gang, Xu Zheng, Huang Bo, Yue Xiao-jun, Wang Xun, Peng Bo, Luo Lan, Hou Shu, Chen Zheng-hua, Wang Jia-ning, Song Wen-xin, Du Jie, Ning Hao.

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