vendredi 15 août 2008

The Legend of Zu


Tsui Hark a produit trois Syndicat du crime, trois Histoires de fantômes chinois, trois Swordsman et six Il était une fois en Chine, avec chaque fois l’intention de faire de l’argent suite au succès du film original. En tournant Legend of Zu, on ne peut pas l’accuser de vénalité. D’abord parce que Zu les guerriers de la montagne magique a été un bide monumental au box-office en son temps, ensuite parce que Legend of Zu a été tourné 17 ans plus tard. Seulement voilà, en 2001 Tsui Hark n’est plus le Roi du monde. Bien au contraire. Sa carrière JVCDienne a été catastrophique et Time and tide est passé inaperçu. Pourquoi alors retourner vers Zu ?

Tigre et Dragon d’Ang Lee, sorti en juillet 2000 à Hong Kong et en Chine, fort de son accueil à Cannes et partout en Occident est un premier élément vers sa décision. Le public a adoré le film mais les puristes du wu xia pian regrettent l’occidentalisation du récit. Tsui Hark va chercher à produire un film entièrement oriental. Autre élément, celui de l’avancée des effets spéciaux comme l’a montré par exemple The Matrix, où les combats dirigés par Yuen Woo-ping sont désormais générés par ordinateur. Or Tsui Hark avait toujours déploré l’artisanat de Zu, il s’était plaint de n’avoir pas pu aller aussi loin que souhaité. On allait voir ce que l’on allait voir.

Je le dis tout net : Legend of Zu est à Zu les guerriers de la montagne magique, ce que La Menace fantôme est à La Guerre des étoiles. Un épouvantable navet. Tsui Hark et George Lucas, même combat, même résultat. Le cinéaste a repris ses éléments principaux, les épées Foudre et Ciel, le Mal intégral qui veut anéantir le monde, Sammo Hung dans le rôle de Longs Sourcils, la Reine des Glaces incarnée ici par Cecilia Cheung. Mais Tsui Hark s’est fait déborder par son projet qui consiste à tout se permettre grâce aux effets spéciaux.

J’aime beaucoup Sammo Hung, Cecilia Cheung et Louis Koo, mais il leur est bien difficile d’exprimer la moindre émotion devant les fonds bleus ou verts devant lesquels ils ont dû jouer. Car le vrai souci dans ce film est sa raideur, les acteurs sont raides, ils déclament leur texte censé annoncer l’action qui va arriver. Bien entendu, tout ce qu’ils disent arrive : le Démon de sang attaque (gros effets spéciaux d’un monstre en forme de sang), Sammo Hung utilise son miroir céleste (au moins quinze fois dans le film), Eking Cheng et Louis Koo se battent (contre d’autres et entre eux) avec des armes qui volent de partout, Cecilia Cheung et Wu Jing tente de fusionner les épées qui font des kilomètres (Tsui Hark voulait cet effet depuis longtemps). Mais il n’y a aucun enjeu. Tout est dans la surenchère de numérique, d’images trafiquées, d’effets spéciaux. Une idée du cinéma transgénique qui élimine toute idée de poésie.

Tsui Hark réalise son pire film avant d’enchaîner avec l’affreux Black mask 2, autre sommet de médiocrité. Mais le pire dans tout cela, c’est cela donne des ailes à Zhang Yimou et Chen Kaige (Hero, Le Secret des poignards volents, Wu-Ji). Je ne suis pas contre les effets spéciaux puisque j’adore Shaolin soccer et Crazy kung-fu, mais Stephen Chow a su mettre le numérique au service de son scénario. C’est ce qui manque à Legend of Zu.

The Legend of Zu (蜀山传, Hong Kong – Chine, 2001) Un film de Tsui Hark avec Ekin Cheng, Cecilia Cheung, Louis Koo, Wu Jing, Sammo Hung, Zhang Zi-yi, Kelly Lin.

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