Impossible de ne pas les voir. Sur les bus, dans les encarts pub au bord des rues, partout il y a des affiches de Shaolin basket. L’affiche reprend l’imagerie de Shaolin soccer, un ballon en feu qui défie la vitesse et bien entendu le titre « français ». Il est vrai que le dunk (s’accrocher au panier pour mettre le ballon) n’est pas forcément quelque chose de très connu en dehors des amateurs de basket ball. Mais passer de kung fu à shaolin est exagéré, mais encore une fois les distributeurs de ce chef d’œuvre entendent sans doute miser sur le succès estival de Stephen Chow en 2002.
Kung fu dunk est donc un film sur le basket ou plutôt sur Fang Shijie (Jay Chou) qui réussit à mettre n’importe quel objet dans n’importe quel trou. Le jeune homme vit dans un monastère où il a été adopté après son abandon. Or il se trouvait à côté d’un terrain de basket et a été touché par le génie de ce sport. Tout cela est un peut tiré par les cheveux, certes, mais le scénario est ainsi. Le monastère est médiocre, Fang est le souffre-douleur du maître lequel est secondé par quatre traîne savattes, dont Ng Man-tat que l’on n’avait pas revu depuis Shaolin soccer, justement. Il n’apparaît que quelques minutes, il cachetonne, le pauvre, mais il n’est pas le seul, il y a aussi Wong Kai-ye qui ne dit pas un seul mot mais qui grimace beaucoup. On est censé regarder une comédie.
Eric Tsang arrive dans le récit. Il repère le jeune homme, remarque immédiatement ses grandes capacités. Il y a une baston dans un bar branché, qui ressemble à celles d’un film de Wilson Yip, où Jay Chou se bat admirablement par la grâce du numérique (mais sans qu’on comprenne le pourquoi de la chose), il intègre une équipe universitaire. Là les clichés commencent à débouler à toute vitesse. Et tout ce qui était à peu près plaisant depuis une vingtaine de minutes devient vite balourd.
Dans l’équipe de basket, il y a la jeune fille à lunettes timide (Charlene Choi) mais que Jay Chou apprécie. Il va devoir passer par son affection pour se faire accepter. Le frère de la fille est alcoolique depuis qu’un adversaire lui a piqué sa copine. Justement cet ennemi va affronter l’équipe. Il est aidé par des joueurs très musclés, des hooligans qui évoquent les costauds dopés dans Shaolin soccer. Il y a aussi le beau gosse ténébreux qui voit d’un mauvais œil l’arrivée d’un nouveau aussi fort que lui. Il va sans dire qu’ils vont unir leur force contre les méchants. On ajoute à cela la venue des quatre traînes savates venues faire quelques tours de shaolin et on a le scénario bien peu construit, qui manque d’imagination et qui déroule un tapis de bons sentiments à faire vomir.
Eric Tsang en fait des tonnes. Il a des petites lunettes rondes. C’est un bon gars même s’il lorgne vers des bas trafics. Il veut gagner du pognon grâce à l’agilité de Jay Chou qui lui n’a d’autre ambition que de retrouver ses parents. Jay Chou justement. On se moque de lui, c’est facile et ça ne mange pas de pain. Mais il n’est pas si mauvais que ça. Il a toujours sa moue boudeuse. Il joue un naïf au milieu d’un panier de crabes. Il se voit offrir la plus belle idée du film : applaudir pour un rien chaque fois qu’il trouve une chose admirable. Il incarne un inadapté, comme dans ses autres films (Initial D et Secret) avec conviction. Il n’est pas impossible qu’il devienne bon un jour.
Shaolin basket (Kung fu dunk, 功夫灌籃, Hong Kong, 2008) Un film de Kevin Chu avec Jay Chou, Eric Tsang, Ng Man-tat, Chen Bo Lin, Charlene Choi, Leung Kar-yan, Huang Bo, Yan Ni, Wang Gang.
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