mardi 9 septembre 2008

The Prodigal son


Dans une petite ville de la région de Canton, comme on voit beaucoup dans ces comédies cantonaises, il était une fois un jeune homme qui était le plus grande combattant, à tel point que tout le monde l’appelait Tsan le Bagarreur. Ainsi commence l’histoire de ce fils prodigue. Il n’y a bien entendu aucun rapport avec la parabole du Nouveau Testament.


Yuen Biao est ce jeune homme impétueux et sûr de lui qui casse la figure à tous ses adversaires. C’est un champion des arts martiaux et tout le monde le sait en ville. Il est toujours accompagné de son fidèle serviteur, si fidèle qu’il organise ces faux duels, ces combats truqués pour la grande gloire de son jeune maître. Quelques mots sur ce serviteur et sur son visage : il a le crâne bien dégarni, les cheveux manquent, son visage est bouffi conséquence des coups de son maître, et il est très maladroit. Bref, ce personnage incarne le bouffon. Ce sont les parents de Yuen Biao qui sont au cœur de ce mensonge : ils pensent que leur fils est trop faible (je rappelle tout de même que c’est Yuen Biao, ils n’ont pas dû le regarder comme il faut). Ainsi quand le jeune maître va au restaurant, un homme à la mine patibulaire crée un conflit et Yuen Biao le bat très aisément.


Jusque là tout va bien. Mais un jour, une troupe d’opéra arrive en ville et tout le monde se rend au spectacle. Yuen Biao, accompagné de son obséquieux serviteur qui ne cesse de secouer son éventail pour aérer son jeune maître, vont féliciter la troupe et en particulier l’actrice principale. Ils veulent l’inviter et plus si affinités. L’actrice refuse poliment cette gentille proposition, mais devant l’insistance, elle se fâche et lui fout quelques tannées. Au bout d’un certain moment, il comprend que cette actrice est en réalité un homme. Cela dénote trois choses : il est ignorant de l’art théâtral et de cette règle que les personnages féminins sont interprétés par des hommes, il se rend compte qu’il est nul en kung-fu, il comprend que tout son entourage lui ment. Ce sont ces deux dernières révélations qui vont l’anéantir et le décider à avoir un sifu pour devenir un vrai artiste martial.


Il demande donc à l’acteur qui est Lam Ching-ying, l’homme qui deviendra plus tard le chasseur de morts vivants dans la série des Mr. Vampire. Lam refuse mais le père de Yuen Biao achète la troupe et le jeune homme devient l’assistant de Lam Ching-ying. Pour corser ce scénario, Sammo Hung ajoute un méchant (mais pas tant que ça) qui rêve de devenir le plus grand artiste martial de Chine. Ce méchant est surtout mal accompagné, car ses hommes de main sont sans pitié et sanguinaires. Sammo Hung qui, jusqu’à présent avait montré quelques beaux combats comme il sait les composer, montre une frénésie de violence brutale et le meurtre de toute la troupe. Tous se font égorger puis brûler. Lam et Yuen partent, ils s’exilent et atterrissent dans la fermer de Sammo Hung.


The Prodigal son prend alors les allures classiques du film de kung-fu où le maître forme son élève. Seulement voilà, Sammo Hung ne fait rien comme tout le monde. Lam refuse toujours d’enseigner à Yuen l’art martial. C’est Sammo qui va devoir s’en charger. Mais son personnage est celui d’un gentil gros balourd qui vit seul avec sa fille naïve et bienveillante. Sammo avait l’intention de prendre sa retraite de sifu et de se consacrer à la calligraphie, mais cette activité sera de courte durée et Yuen Biao recevra son éducation et ira combattre les méchants.


Ce qui frappe le plus dans The Prodigal son est la facilité avec laquelle Sammo Hung passe du burlesque le plus drôle aux combats les plus accomplis. Il y a une progression dans les combats puisque Yuen Biao est d’abord un ignorant des arts martiaux puis enfin un expert. Si la mise en scène est classique : filmage en plan d’ensemble avec de rares gros plans et d’encore plus rares champ-contrechamps, en revanche c’est la variation du rythme qui impressionne. Autre chose au sujet de The Prodigal son, son absence de femme. La belle actrice était un homme, la mère de Yuen Biao n’a aucune importance et enfin la fille de Sammo Hung est une boulotte peu intelligente. Le film est très masculin, très viril, ce qui ne veut pas forcément dire misogyne. Sammo préfère ne pas mettre de personnage prétexte à la romance dans un scénario qui n’en a pas besoin.


The Prodigal son (败家仔, Hong Kong, 1982) Un film de Sammo Hung avec Yuen Biao, Lam Ching-ying, Sammo Hung, Frankie Chan, Peter Chan.

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