L’objectif de cette encyclopédie est de répertorier de manière exhaustive les films asiatiques sortis en France, en salles, depuis 1945. A priori, les renseignements concernant ces films sont difficilement trouvables à moins de posséder des index notamment des Saisons cinématographiques. Il s’agit de palier l’absence d’information des sites internet tel l’imdb. Plus de 60 ans de films provenant d’Asie (Chine, Hong Kong, Taïwan, Japon, Corée), mais combien de films en réalité. Juste après guerre, il n’y a peu. L’essentiel des films sortis sur les écrans français à cette époque est constitué de films français mais surtout de films américains interdits de projection pendant la guerre : Casablanca, Citizen Kane, Rebecca à titre d’exemple furent projetés au public français après la Libération. Bien que les cinémas japonais et hongkongais soient florissants, il faudra encore beaucoup de temps pour les découvrir et voir les auteurs aujourd’hui tant admirés dans les salles de cinéma. Pour ces années d’immédiat après guerre, j’ai consulté deux ouvrages de référence : la Saison cinématographique de La Revue du cinéma et surtout l’Index de la Cinématographie française, publication corporatiste à l’usage des exploitants de salle qui a l’avantage de proposer des commentaires sur les films qui sentent bon une France peu éprise d’exotisme et qui voit ces rares films chinois avec beaucoup de condescendance et quelques relents racistes. Voici donc les trois films sortis en 1950 et 1951. A suivre…
Aucun film asiatique n’est sorti dans les salles françaises en 1945, 1946, 1947, 1948 et 1949.
1950
La Ville interdite (Sorrows of Forbidden City, 清宫秘史, Hong Kong, 1948)
Sortie en France : 26 avril 1950
Un film de Chu Shih-ling avec Shu Shih, Chou Chuan, Tang Go-ching, Lin Ching, Chen Chi, Hung Po. Scénario : Yao Hsin-nung. Production : Lee Tsu-yung -Yung Hwa Motion Picture industries Ltd, Hong-Kong. Musique et chants de la Chine contemporaine. Distribution française : Studio Courcelles.
Résumé : Le dernier empereur de Chine à la fin du XIXè est marié de force par l’impératrice mère Tsou-Hi, avec sa cousine. Mais il aime Perle, sa première concubine. Durant son règne, la Chine entre en contact avec la civilisation occidentale et l'empereur veut opérer des réformes pour moderniser son pays. Mais il se heurte à sa mère et aux mandarins mandchous. Il est bientôt obligé de fuir devant le débarquement des troupes occidentales et Perle est obligés de se suicider.
Commentaire : Ce film, le premier de classe internationale qui nous soit parvenu de Chine, est remarquable par la beauté des décors, le talent des interprètes, la richesse des costumes et l'étrangeté de la musique. Il mobilisera certainement l’attention des amateurs d’exotisme. Ce film, réalisé à Hongkong, avec toutes les ressources de la technique occidentale, retrace les fastes de l'ancienne cour impériale de Pékin. Les reconstitutions nous valent des décors d'une richesse exceptionnelle. Par ailleurs, la somptuosité des costumes, la qualité de la photographie, contribuent à créer une atmosphère d'un exotisme étrange. L'ensemble des acteurs de ce film représente les meilleurs acteurs de ta Chine, Chou-Chuan, d'une réelle beauté, même pour les occidentaux, est Perle, la première concubine. Tang-Go-ching est une impératrice dans les meilleures traditions chinoises.
Jacques Lamasse (Index 1951)
Le Mari enfant (titre original inconnu, Hong Kong, 1949)
Sortie en France : 21 novembre 1950.
Un film de Loh Yuen Liang avec Pai Yang, Lu En, Ngiu Peng, Tao Chan (Zhao Dan), Tai Yun. Scénario : Van Yeo. Production : Yung Hwa. Photo : Yu Sing San. Décors : Tsieng Wei. Musique : Tsang Tsen Yan. Distribution française : Astoria Films. 90 minutes. Noir et blanc.
Résumé : En obéissance à des coutumes ancestrales, et pour des raisons d'ordre financier, un garçon de douze ans est marié à une jeune fille plus âgée que lui. Mise, selon la tradition, au service de sa belle-mère, l'épousée trouve I'amour auprès d'un homme de son âge. Surprenant cette liaison, le mari enfant poursuit les deux amants et fait une chute mortelle du haut d'une falaise. La jeune veuve tente alors d'empoisonner sa belle-mère, malade, avant d'être I'objet de la vindicte villageoise et de périr dans les flammes avec son amant.
Commentaire : Ce film de propagande moderniste, destiné à la clientèle chinoise, est une attaque contre les conséquences sociales de la morale confucéenne. Tourné à Hong Kong et destiné à plaire aux nouvelles générations qui souffrent de la « dictature » des ancêtres. il ne semble pas affecté par les événements politiques actuels. Pour un public curieux et pour les cinéphiles. Tourné sur un rythme lent, typiquement asiatique, ce film reconstitue exactement la vie d'une riche famille paysanne chinoise. Les acteurs miment leurs rôles selon la tradition du théâtre chinois, c'est-à-dire, aux yeux des Occidentaux, en forçant une mimique très étudiée.
Non signé (Index 1952)
1951
Le Bandit samouraï (戦国群盗伝, Japon, 1937)
Sortie en France : 24 avril 1951.
Un film de Eisuke Takizawa avec C. Bando, C. Kawarasaki, K. Kawarasaki, S. Chiba, K. Tachibana, N. Nakaruma. Scénario : S. Yamanaka, d'après le roman de J. Miyoshil. Production : Toho/Groupe dramatique Zen Shin Za. Photo : Hiromitsu Karasawa. Décors: Takeo Kita. Musique: Kosea Yamada. Son: S. Yasue. 95 minutes. Noir et blanc. Distribution française : Astoria Films.
Résumé : En des temps anciens, le fils d'un gouverneur de province est chargé de transporter un trésor. Attaqué et blessé par des brigands, il est accusé de s'être enfui avec sa précieuse charge. C'est l'idée que tente d'accréditer son frère. Poursuivi, ne pouvant rentrer chez lui où il risque la mort, il devient bandit de grands chemins puis se décide à forcer le palais de son père, faisant éclater la vérité. Mais la princesse qui l'aimait, le croyant mort, s'est empoisonnée. Elle expire dans ses bras.
Commentaire : L'occasion de voir des films Japonais est assez rare à Paris pour qu'on, souligne le fait. C’est avant tout un succès de curiosité que l'on peut attendre de cette production, fort intéressante, très animée. L’œuvre est bonne, mais sa technique est assez sommaire. Le sujet et la mise en scène d'une grande envergure constituent une œuvre intéressante. La technique japonaise, en 1941, était malheureusement très en retard sur la nôtre. L'image manque de netteté et la cadence accélérée du mouvement prouve que les appareils de prise de vues étaient de fabrication ancienne. Un groupement d'artistes japonais de grande classe a interprété ce film. Les acteurs font preuve de dynamisme, de puissance et d'émotion.
Gilberte Turquan (Index 1952)
Sources : La Saison cinématographique 1950-1951 de La Revue du Cinéma,
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