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En 2h19, de la poignée de mains entre Chiang Kai-shek et Mao Tsé-toung à la fin de la deuxième guerre mondiale jusqu’à la proclamation de la République Populaire de Chine sur la place Tien An Men, le 1er octobre 1949, The Founding of a Republic décrit comment s’est fabriquée la Chine qui vient de fêter ses 60 ans et qui a offert, pour ce jubilé, cet énorme gâteau d’anniversaire aux spectateurs chinois qui se sont rués dans les salles pour voir cette hagiographie de Mao.
Reprendre tout le récit du film consisterait à faire un livre d’histoire. The Founding of a Republic montre l’affrontement entre Mao, leader du Parti Communiste Chinois, et Chiang Kai-shek, patron du KMT (Kuo Min Tang, le parti nationaliste qui fonda Taïwan). Le KMT a le soutien des Etats-Unis. Chiang décide d’exclure le PCC de l’assemblée constituante et se fait élire par ses seules troupes Président de la République. Mao part dans les montagnes avec ses troupes et la guerre civile, interrompue pendant la seconde guerre mondiale, reprend. Petit à petit Chiang perd le soutien américain tandis que les communistes conquièrent les villes et les campagnes. Voilà très grossièrement le pitch.
Pour comprendre à quoi ressemble le film, il faut s’imaginer une soirée Thema sur Arte qui aurait comme sujet l’accession de Mao au pouvoir. C’est un des films les plus académiques vus récemment. Rien ne manque aux vestons et aux uniformes qui sont tous très bien repassés. La lumière est la même pour toutes les scènes, sauf celles des batailles entre soldats, très rares (à peine cinq minutes dans tout le film) et filmées en noir et blanc. Une musique lénifiante est constamment en contrepoint des images ripolinées. Tout le récit est construit autour de discussions entre les protagonistes, la caméra tourne régulièrement autour d’eux pour masquer la pauvreté de la mise en scène. A chaque arrivée d’une personnalité, son nom et sa fonction sont indiquées, ce qui fait preuve d’un grand manque de confiance dans la mise en scène. On est très là des stratégies mises en œuvre dans les Red Cliff de John Woo et de leurs effets à l'écran.
Ce qui étonne le plus est la place de Chiang Kai-shek. Il est très présent et bien traité. Il n’est pas montré comme un traître ou comme une ordure. Mais derrière le vernis, on comprend les différences entre Chiang et Mao. Mao, dans son exil montagnard, est montré comme un homme du peuple vivant très simplement au milieu des paysans. Il leur parle avec naturel et tous sont heureux de le servir. Il apprend à ses petites filles les choses simples de la vie. Avec les autres leaders du PCC, il se montre fraternel, démocrate, à leur écoute. Jamais il ne prend une décision seul, jamais les autres n’ont cherché à prendre sa place de leader naturel. Non, jamais ! Ses camarades du PCC le trouvent si sympa que même Zhou En-lai lui sert constamment le thé, comme si le seul modéré du groupe, et le moins pourri, n’était bon qu’à ça. Mao fait preuve d’un grand charisme et sa spontanéité fait merveille auprès de ceux qu’ils rencontrent. Enfin, il se montre un fin stratège militaire.
Chiang Kai-shek c’est l’inverse. Il est montré engoncé dans son uniforme de général. Il apparait extrêmement strict avec le protocole, comme dans son arrivée au palais présidentiel dans sa grosse voiture. Chiang ne rencontre jamais à aucun moment du film la moindre personne du peuple. Il est toujours entouré de militaires qui cherchent chacun à s’accaparer le pouvoir. Le film dit d’ailleurs en substance que cette lutte de pouvoir est l’une des causes de son échec à rester président de la Chine. Pire encore, il semble faire preuve d’un népotisme éhonté. Son fils est son second, il va négocier des trahisons avec les ennemis, sa femme part à Washington demander un soutien au président des Etats-Unis. Mais, le plus gros défaut de Chiang Kai-shek semble être sa rancune et sa violence. Il n’hésite à faire tirer les troupes sur le peuple quand Mao pardonne à ses ennemis pour faire l’union nationale. On le voit le traitement est celui de la propagande.
On peut lire dans le générique qui suit les noms de quelques grandes stars du cinéma chinois et de Hong Kong. Tromperie sur la marchandise. Nos acteurs et actrices ne font que de la figuration dans The Founding of a Republic. Jet Li est un général qui refuse de faire la guerre civile, comme le film est centré sur la guerre civile, on ne le verra pas à l’écran. Jackie Chan est un journaliste qui interroge Li Jishen, le leader de la Ligue Démocratique de Chine, un opposant à Mao et Chiang en exil à Hong Kong. Andy Lau jour un conseiller de Chiang. Donnie Yen, celui qui a le plus dialogue, est l’écrivain Tian qui conseille à Mao l’actuel drapeau chinois. Tony Leung Ka-fai n’a même pas de texte et fait un gag. Zhao Wei et Zhang Ziyi ne sont visibles que quelques secondes. Enfin, contrairement à ce que les génériques dans les bases de données laissent entendre, Stephen Chow n’apparaît pas dans le film.
The Founding of a Republic (建國大業, Chine, 2009) Un film de Han Sanping et Huang Jianxin avec Tang Guoqiang, Zhang Guoli, Xu Qing, Liu Jin, Chen Kun, Wang Wufu, Wang Xueqi, Liu Sha, Wang Jian, Wang Bing, Vivian Wu, Xiu Zongdi, Liu Yiwei, Jet Li, Hu Jun, Sun Xing, Ao Yang, Bi Yanjun, Cao Kefan, Jackie Chan, Chen Baoguo, Chen Daoming, Chen Hao, Chen Hong, Chen Jianbin, Chen Kaige, Chen Shu, Che Xiaotong, Che Yongli, Deng Chao, Ding Zhicheng, Dong Xuan, Fan Wei, Feng Gong, Feng Xiaogang, Feng Yuanzheng, Ge Cunzhuang, Ge You, Gong Beibi, Guo Degang, Guo Xiaodong, Gu Wei, He Lin, Hou Yong, Huang Shengyi, Huang Wei, Huang Xiaoming, Jiang Wen, Jin Xin, Leon Lai, Andy Lau, Tony Leung Ka-fai, Li Bin, Lin Dong Fu, Teddy Lin, Li Qiang, Liu Hua, Liu Ye, Li Youbin, Ma Yue, Miao Pu, Ning Jing, Shen Ao-jun, Echo Shen, Shi Xin, Sun Honglei, Sun Jitang, Tao Zeru, Tong Dawei, Wang Baoqiang, Wang Fuli, Wang Jun, Wang Xuebing, Wang Yajie, John Woo, Wu Gang, Xia Gang, Xie Gang, Xu Fan, Xu Huanshan, Yang Ruoxi, Yang Xiaodan, Ye Jin, Donnie Yen, Ye Xiaokeng, Ying Da, You Liping, You Yong, Zhang Hanyu, Zhang Jianya, Zhang Qiufang, Zhang Ziyi, Zhao Baole, Zhao Ningyu, Vicki Zhao Wei, Zhao Yong, Zhong Xinghuo, Zong Liqun.
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