mercredi 18 août 2010

The Expendables



Si on m’avait dit il y a dix ou quinze ans de cela, qu’un jour j’aimerais un film de Stallone, je ne l’aurais pas cru. Expendables est un plaisir coupable de spectateur, un film que l’on va voir pour ses acteurs qui représentent une certaine idée du cinéma d’action américain. Il n’est pas étonnant que Van Damme sans doute trop sérieux pour pouvoir se moquer de lui-même, et il a de toute façon été suffisamment servi par Tsui Hark. Stallone invite quelques acteurs à faire tout péter dans le film, il ne restera rien du décor au bout des 100 minutes d’Expendables.

Un scénario ? Oui, pourquoi pas. Stallone et les autres ont une mission. Ils doivent délivrer du mal une petite île imaginaire. Ça suffit largement pour remplir l’écran. Ce qui amuse est l’apparition de tout ce beau monde. Mickey Rourke plus lymphatique que jamais qui arrive sur sa Harley avec un pouffe à gros seins à l’arrière. Il chausse ses lunettes et finit le tatouage de Stallone, puis il fume une bonne pipe. Et on devise joyeusement sur la vie, l’amour, les vaches. Schwarzenegger et Stallone partageront une scène, histoire de s’envoyer quelques vannes bien senties sous l’œil goguenard de Bruce Willis. Cette rencontre au sein d’un même plan est plus importante que la rencontre Robert De Niro Al Pacino, qu’on se le dise.

Les méchants ont les yeux bleus. Voilà la théorie de Sylvester Stallone. Dolph Lundgren est aussi ravagé physiquement que Rourke ou Stallone. Mais le cinéaste filme ses yeux comme des paysages, à la Sergio Leone dirais-je pour parler simplement. Et tout le monde a droit à son gros plan paysage. Lundgren sera le traitre du film. Son indépendance poussera Stallone à l’exclure de l’équipe et il ira voir l’ennemi Eric Roberts, l’autre gars aux yeux bleus, qui veut de cette petite île un champ de coca. Roberts va tenir en hottage une belle fille. Il n’y a pas beaucoup de présence féminine dans le film, mais elles sont mignonnes toutes les deux. Et dignes face à la brutalité.

Marcher lentement et parler beaucoup, tel est le programme des vieux. Les jeunes, et Jason Statham en tête, vont plus vite. Ils ne parlent pas beaucoup et balancent leur coup de poing en guise de discours. Statham vient de se faire larguer, justement parce qu’il ne parle pas, et son ex a un nouveau mec qui la bat. Statham lui défonce la tête en moins de deux, à lui et à ses potes joueurs de basket. Le cas Statham est cinématographiquement intéressant. Il représente aujourd’hui le cinéma d’action. Le pire (Transporteur) et le meilleur (Hypertension). Il dégage un sentiment de sympathie de plus en plus fort et Sylvester Stallone, en faisant de lui le personnage principal, l’adoube et lui transmet le relai d’actioner en chef.

Le cas de Jet Li est différent. L’acteur a plus de vingt ans de cinéma d’action derrière lui. Sa carrière américaine est un échec. Mal commencée avec The Master de Tsui Hark, piteusement continuée avec le rôle pas crédible pour un sou de L’Arme fatale 4 (qui pouvait sérieusement penser que Mel Gibson est plus fort que lui), horriblement poursuivie avec les Bessoneries en veux-tu en voilà pour finalement arriver à ce rôle de Ying Yang de bonne facture et plutôt amusant. Jet Li n’est pas de toutes les scènes mais il marque de sa présence quand Stallone lui parle de sa petite taille et que Jet Li évoque le fait qu’il fasse plus de travail que quiconque à cause de sa petite taille. Jet Li aussi est fatigué et Corey Yuen lui chorégraphie son combat en ami que Stallone hache au montage, mais il a l’air de bien s’amuser.

On peut regretter beaucoup d’absence (scénario, psychologie), on peut déplorer des effets spéciaux bon marché (c’est Nu Images qui produit), des absents (et pourquoi Vin Diesel n’est pas là non plus ?), on sait que Stallone n’entend pas faire le film d’action définitif mais revenir aux bonnes vieilles recettes à la Joel Silver. En novembre, Robert Rodriguez doit sortir son Machete, enième proposition du cinéma postmoderne, avec quelques autres tocards du cinéma d’action : Steven Segal, Don Johnson, Jeff Fahey entre autres. On attend le crossover : Machete Vs. Expendables.

Expendables Unité d’élite (The Expendables, Etats-Unis, 2010) Un film de Sylvester Stallone avec Jason Statham, Jet Li, Sylvester Stallone, Dolph Lundgren, Eric Roberts, Randy Couture, Steve Austin, David Zayas, Giselle Itié, Charisma Carpenter, Gary Daniels, Terry Crews, Mickey Rourke, Bruce Willis, Arnold Schwarzenegger.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bien dit ! Je vais le revoir en VO quand même.