Après
l’énigmatique Eros + massacre,
Yoshishige Yoshida poursuit son exploration du Japon politique avec Purgatoire eroïca, titre qui répond
comme un miroir au film précédent : Eros / eroïca. On retrouve
immédiatement cette image surexposée, très blanche, des personnages qui passent
dans le cadre dans des plans d’ensemble extrêmement larges, des regards caméra
troublants qui, encore une fois, évoquent le cinéma stylisé d’Ingmar Bergman de
la même époque et celui de Jean-Luc Godard. Le parti communiste japonais est au
centre de cette exploration politique. On le sait maintenant, notamment grâce
aux films de Koji Wakamatsu, que le PC était puissamment stalinien, malade de
son propre pouvoir.
Dans
Purgatoire eroïca, il y est
vaguement question d’un ingénieur qui travaille à l’élaboration d’un laser,
considéré comme une arme technologique très avancée, qui, comme la bombe
atomique, peut être très destructrice. On y rencontre un jeune femme qui se
réfugie chez cet ingénieur, accueillie par son épouse (l’actrice Mariko Okada)
après qu’elle l’a découvertes étendue comme morte. Puis, le soi-disant père de
cette jeune femme vient sonner à l’appartement du couple, rentre et annonce
qu’il vient reprendre sa fille qui refuse de s’en aller. Yoshida filme comme
une farce les rapports entre les personnages, enfin, il ne s’agit pas vraiment
de personnages mais plutôt de figures strictement dans l’action et dénuées de
psychologie.
Toute
la première heure se déroule dans des lieux fermés, appartement, hangar,
couloir, escalier. Il y est surtout question de trahison, de procès politique
et de la visite d’un ambassadeur qui devra être kidnappé. La deuxième heure est
en extérieur. La temporalité est mise à mal. Les personnages portent des
perruques blanches, indiquent être dans le futur (en 1980) ou dans le passé (en
1952), retirant alors leur perruque. Les interprètes intervertissent leur rôle.
Des scènes vues précédemment sont rejouées avec des variations comme pour
illustrer que l’histoire se répète mais sur deux modes différents, le tragique
puis le comique. Il faut bien avouer que tout cela est assez confus, souvent abscons
et complexe à souhait. Il ne reste aujourd’hui que de superbes plans composés
avec grâce et esthétisme. Le message
politique apparait trop métaphorique et amphigourique comme chez la plupart des
cinéastes politisés de cette époque : Glauber Rocha, Bernardo Bertolucci
ou les Straub.
Purgatoire
eroïca (煉獄エロイカ,
Japon, 1970) Un film de Yoshishige Yoshida avec Mariko Okada, Kaizo Kamoda,
Naho Kimura, Yoshiaki Makita, Kaneko Iwasaki, Toru Takeuchi, Kazumi Tsutsui.
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