Le
canevas de Shogun and little kitchen
repose sur le thème classique de l’affrontement entre les pauvres et les
riches. Bo (Ng Man-tat) est un cuisinier bien gentil : quand la voisine
shanghaienne jette son seau d’eau par la fenêtre et qu’il reçoit tout sur la
tête, il ne dit rien. Il est généreux : il lui arrive d’offrir souvent le
repas aux gens alentours. Mais il est aussi bien naïf : les gens profitent
de la situation. Bo est le centre de cette petite communauté de pauvres
hongkongais, habitant tous le même immeuble donnant sur une cour commune, comme
dans le classique The House of 72
tenants. Seulement voilà, on veut les déloger pour construire un immeuble
neuf.
Monsieur
Lin (Jimmy Wang Yu) est un investisseur immobilier et l’immeuble de Bo
l’empêche d’accomplir son œuvre. Il demande à son plus fidèle employé Tong
(Leung Kar-yan) de faire en sorte que l’affaire marche. Pendant ce temps, le
fils de Lin, Feng (Leon Lai) désapprouve cette fuite en avant vers toujours
plus d’argent. Il part furieux du domicile familial et se plante en moto juste
devant la résidence. Bo, comme d’habitude très serviable, le soigne et va
l’accueillir comme son fils. Il va en faire un de ses employés – bénévoles –
tout en ignorant qui est le père de Feng. Ce dernier va s’installer dans cet
immeuble et vivre une vie plus simple auprès de tous ces pauvres. Bien entendu,
le film navigue dans une certaine démagogie en indiquant que la vraie vie est
plutôt ici que dans une certaine opulence, mais l’humour parvient à faire
passer la pilule. Quand les habitants découvriront qui est Feng, ils penseront
qu’il est un espion de son père.
Feng
va se lier d’amitié avec Chi (Yuen Biao), l’oncle de Bo qui revient ici après
des années passées ailleurs. Entre temps, il a acquis une excellente
connaissance en kung-fu. Le film place les capacités de Chi pour cuisiner
(plusieurs années avant Le Festin
chinois et The God
of cookery) comme morceaux de bravoure. Les légumes et les morceaux de
viande remplacent les sabres ; tout virevolte comme dans un combat d’art
martial et Yuen Biao dans ce personnage de cuisinier agile et jongleur est
assez convaincant. Le summum comique est constitué d’une scène de bataille
culinaire entre Bo et Chi : chacun d’eux fait un canard immangeable. Le
restaurant se met alors à attirer de nombreux clients, tout va bien jusqu’à ce
que le monde du spectacle propose à Chi de monter un spectacle de cuisine de
kung-fu. On s’en doute, sa nouvelle carrière met à mal l’avenir du restaurant
de Bo, désormais privé de son prodige et donc de la clientèle attirée par cette
publicité, et les deux cousins manquent de se fâcher.
Le
film est souvent cousu de fil rouge. Ainsi, dans un mouvement scénaristique
habituel, les personnages s’apprécient d’abord, doutent ensuite des autres, se
disputent pour mieux ensuite se retrouver dans une réconciliation unanime. Le
genre de la comédie veut cela. Dans toute cette histoire, il ne faut bien sûr
pas oublier la romance qui se lie entre Feng et Maggie (Maggie Siu), la fille
de Bo. Comme son amoureux, elle est dans le mensonge en faisant croire à son
papa qu’elle est étudiante en design alors qu’elle est peintre en bâtiment. Le
père va lui pardonner cette facétie comme il pardonnera à Feng d’avoir caché
ses origines. Mais il était du coup logique que ces deux cachotiers se
retrouvent à s’aimer et finissent le film dans un grand élan amoureux et
familial en forme de happy end dégoulinant de bons sentiments. Shogun and little kitchen est l’union
des deux classes sociales de Hong Kong : les pauvres et les riches forment
une seule et même famille.
Shogun and little kitchen (伙頭福星, Hong Kong, 1992) Un film de Ronny Yu
avec Yuen Biao, Leon Lai, Ng Man-tat, Maggie Siu, Monica Chan, Jimmy Wang Yu,
Leung Kar-yan, Lui Fong, Josephine Koo, Lam Lap-san, Hau Woon-ling, Fong Yue,
Tang Cheung, Leung Gam-san, Jim James, Hui Si-man.
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