Il
ne sort pas toutes les semaines un film indonésien dans les salles françaises.
The Raid ne parlera pas beaucoup de la vie de la population locale mais le but
de The Raid, titre implacable et
sec, est ailleurs. Le film de Gareth Huw Evans, réalisateur britannique
installé en Indonésie, cherche à retrouver la force du cinéma d’action brutal
et de combat. Hong Kong s’installe depuis quelques années dans le confort des
coproductions avec la Chine de Pékin et ne produit, en termes de films d’action
et d’arts martiaux, plus que de films en costumes d’inspiration historique. En
Thaïlande, on a déjà un peu oublié Tony Jaa qui avait tant ébloui avec Ong Bak en 2003. Ça commençait à dater.
Le
scénario de The Raid est d’une
simplicité éclatante. Un commando de policiers surarmés et surentrainés doit
affronter un gang de la mafia de la drogue également surarmés et surentrainés.
Parmi les policiers, le film suit le parcours de Rama (Iko Uwais, également
l’un des chorégraphes des combats). On le découvre le matin du raid faire
gentiment sa prière, faire quelques mouvements de boxe et prendre soin de son
épouse enceinte – ce sera la seule très courte apparition d’une femme dans tout
le film. Logiquement, elle lui conseille la prudence. Il en aura, il part pour
l’enfer dans cet immeuble qu’illustre l’affiche : l’homme à l’assaut du
chaos. Il ne part pas seul, ils seront 18.
Les
méchants ne comptent pas se laisser faire. On s’en doute bien, c’est le but du
jeu. Tama (Ray Sahetapy) est un vendeur de drogue. Autant dire un homme qui
défie la loi et qui surtout n’a peur de rien et de personne. Il a corrompu la
police pour pouvoir continuer son trafic (pour rappel, la consommation comme le
trafic de drogues est condamné par la peine capitale en Indonésie) et s’est
installé dans cet immeuble qu’il contrôle entièrement. Il y fait loger ses
trafiquants qui sont à sa botte. Il peut compter sur eux pour aller couper en
morceaux à la machette les soldats ou pour les flinguer à la mitraillette
tandis qu’ils montent les escaliers jusqu’au bureau de Tama, au quinzième
étage, d’où il les surveille à la caméra de surveillance.
Sur
un schéma d’unité de lieu, de temps et d’action, The Raid se contente d’alterner les scènes de combats avec des
moments de calme, histoire que le spectateur souffle un peu. C’est précisément
dans ces scènes de dialogues que le récit avance. Non seulement dans les
stratégies des flics pour arriver à Tama, en ce sens, le film joue sur l’idée
du jeu vidéo où le héros (Rama en l’occurrence) recule parfois pour mieux avancer.
La bonne idée est de faire passer les personnages par le plancher, par la
fenêtre, comme si aucun obstacle ne les empêchait de se mouvoir. Chaque fois,
il faut trouver une cachette ainsi Rama et un collègue se dissimulent derrière
un mur de planches dans une scène pleine de suspense. Les dialogues permettent
aussi de connaitre un peu mieux quelques personnages et de fournir un gros
rebondissement.
Et
puis, il y a le reste. C'est-à-dire l’action, les tatanes, les bastons, les
coups de coude un peu partout sur les corps, les coups de machette qui
tranchent les oreilles ou les joues, les balles de mitraillettes qui rentrent
dans la chair. Iko Uwais et Gareth Huw Evans ont réglé les combats en filmant
en plan large et dans des longs plans, avec peu de montage ce qui permet
d’admirer les mouvements des coups des acteurs et en accentue l’impact. Une
sorte d’effet du réel qui permet d’oublier les écueils inhérents au genre (les
méchants n’attaquent jamais en même temps Rama et attendent leur tour). L’enjeu
du film est de donner des scènes d’action et des combats qui soit tous
différents : divers adversaires en grand nombre ou en duo, lieu et armes
variés, plusieurs techniques de combats. Et au milieu de tout cela, The Raid offre une belle scène poétique
avec l’obscurité dans l’immeuble, un fusil qui éclaire par mégarde les soldats
et les mercenaires qui se mettent à les arroser de balles. On trouve chez Gareth
Huw Evans un sens de la mise en scène qui fait plaisir à voir.
The
Raid (Serbuan maut, Indonésie, 2011) Un film de Gareth Huw Evans avec Iko
Uwais, Joe Taslim, Donny Alamsyah,Yayan Ruhian, Pierre Gruno, Ray Sahetapy,
Tegar Satrya, Iang Darmawan, Eka 'Piranha' Rahmadia, Verdi Solaiman.
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