A
peine sorti de prison, le trentenaire Xiao Qiang tue de deux coups de couteau
un chauffeur de taxi moto en pleine montagne. Lao Tie (Chen Jianbin),
le frère de la victime est informé par le policier de son village de la mort de
son frère. Les indices sont maigres mais on retrouve la trace de Xiao Qiang.
Lao Tie va voir la vieille mère du meurtrier qu’elle traite de lâche pour avoir
disparu. Rongé par la vengeance, il va demander conseil à son frère charlatan
qui lui conseille de suivre son destin. Il quitte, à moto, son village de
montagne, sa femme et son petit troupeau de chèvres ; direction une grande
ville portuaire où on dit que Xiao se trouve.
Le périple de Lao Tie le mène chez un de
ses anciens amis, héroïnomane, qui l’arnaquera avec un complice déguisé en
flic. Puis, il retrouve une femme qui s’avère être une de ses anciennes femmes
et avec laquelle il a eu un fils. L’homme reste évasif sur ses intentions,
taciturne, il se contente de parcourir la ville à la recherche d’indices pour
trouver Xiao Qiang. Ce qui frappe plus que cette quête de vengeance est
l’extrême pauvreté des quartiers visités. Les maisons sont faites de bric et de
broc, les murs sont en bois, des journaux ou des affiches publicitaires servent
de tapisserie, la promiscuité est constante, les enfants mangent dans les
escaliers, un homme bat sa femme. People
mountain people sea montre un environnement de prolétaires qui vivent dans
la violence du quotidien.
Lao
Tie décide de se faire vengeance lui-même parce qu’il ne croit plus en la justice
de son pays. Une scène en début de film le montre contraint d’accepter une
forte compensation plutôt que la prison. Chaque mois, le plaignant vient
réclamer, avec quelques insultes, son dû. Là, il prend le cochon gras qui
devait servir à nourrir sa famille. Loin d’accuser frontalement la justice
chinoise, le cinéaste procède par petites touches, donnant très peu
d’informations sur les personnes qu’il rencontre et les lieux qu’il traverse.
L’absence de dialogues entre Lao Tie et les autres placent ses actions dans une
sorte d’énigme. Plutôt que des dialogues, ce sont des monologues que les autres
personnages adressent à Lao Tie, souvent des reproches.
La
dernière séquence de People mountain
people sea est d’une beauté aussi sidérante que sa violence est crue. Après
avoir échoué à retrouver Xiao Qiang dans la ville portuaire, Lao Tie apprend
que le meurtrier se trouverait dans une mine illégale au nord de sa province.
La description de ce lieu tenu comme un camp de prisonniers, avec gardes armés
et un dortoir commun fermé à clé la nuit, rappelle Le Fossé de Wang Bing, mais avec plus de précision et de désespoir
encore. Toute cette séquence se fait sans dialogue, sans qu’on n’en perde aucun
enjeu. Mais, surtout, on tremble devant l’horreur qu’ils vivent tout en
s’interrogeant sur la réussite du dessein de Lao Tie. Si le film met un peu de
temps à démarrer, il ne cesse de maintenir une tension d’une redoutable
efficacité.
People
mountain people sea (人山人海, Chine – Hong Kong, 2011) Un film de Cai Shangjun avec Bao
Zhenjiang, Chen Jianbin, Tao Hong, Wu Xiubo.
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