« Ne fais pas de paris, ne te bats pas »,
telle est la recommandation que reçoit Chow Siu-lung (Stephen Chow) de son père
Chow Fei-hung (Yuen Wah) à son départ de la campagne chinoise pour Hong Kong. Ce
départ est consécutif du retour d’une vieille connaissance du père, son ancien
camarade de kung-fu, l’oncle Yun (Leung Kar-yan), venu se réfugier en Chine
dans le but de se protéger d’un parrain qui réclame le remboursement de sa
dette. Mais aussi pour emprunter de l’argent à son Chow Fei-hung. Sans bien entendu
avouer la raison de cet emprunt, car l’oncle Yun joue les victimes et, par
loyauté, Hung ne peut qu’aider son ami.
On aura remarqué que les personnages de Stephen
Chow et Yuen Wah portent respectivement les prénoms de Bruce Lee et du héros de
la saga Il était une fois en Chine (le
film de Tsui Hark n’était pas encore sorti). Legend of the Dragon rend hommage au héros de La Fureur de vaincre (il faut battre les étrangers) et au médecin
chinois (on entend la musique du générique) mais aussi à la légende du Roi singe dans la séquence d’ouverture
où Lung et Mo (Teresa Mo), sa condisciple doivent exécuter quelques tours d’art
martial pour la télé. Lung fait le mariole en ne portant jamais les coups, en
se plaçant avec son sourire niais devant la caméra du reporter (son film où il
sourit le plus bêtement et tire le plus la langue – ses gags du début de sa
carrière). Mo lui assène un coup de paume qui détruit le décor qui sert à la
fête du dragon du village.
Hung en a plus qu’assez des facéties de son fils et
accepte de bon cœur de la voir partir à Hong Kong. Mo est plus triste car elle
est amoureuse de lui. Le personnage de Teresa Mo, le seul féminin du film, est
un peu ingrat, cantonné à l’amoureuse un peu fofolle qui brusque le gentil Lung
qui n’a rien compris à ses sentiments. Cette histoire d’amour est une pure
convention et n’a aucune originalité. Le comique de Mo vient plutôt de cette
brutalité dans les coups qu’elle donne alors que Lung incarne la naïveté avec
ses cheveux bien lisses et sa raie sur le côté. Une belle tête de crétin. Il
part avec son plus beau costume col Mao et son joli t-shirt local et il ne
comprend pas que les hongkongais se moquent de lui. C’est un grand inadapté de
la vie, couvé depuis toujours par son père dans le village.
Direction Hong Kong et la grande ville où commence
la découverte d’un monde que Lung ne connaissait pas. L’oncle Yun l’amène dans
une discothèque. La patronne lui demande quelle est son genre de femme il
désire. Il répond qu’il veut une femme pour son foyer. Lung a des comportements
d’enfant. Ainsi, quelques que soient le lieu ou la situation, il s’endort à
minuit tapante et rien ne peut plus le déranger. Le comique est ici celui du
décalage entre la corruption de la grande ville et la simplicité de Lung. Mais Yun
a décelé chez lui un talent unique : il est un champion au billard. Il va
exploiter le jeune homme pour rembourser sa dette. A lui l’argent des primes,
Lung ne recevra que des bonbons et des coupes, ce qui le satisfait amplement
d’autant qu’il n’est pas au courant des paris, compte tenu de l’interdiction de
son père.
Tout roule pour le duo jusqu’au retour du parrain
(Jimmy Lung) et de son bras droit (Sing Fui-on dans son rôle habituel de grosse
brute) qui va pimenter cette baraka au billard en faisant jouer Lung contre un
pro du billard. Puis, on apprend que Yun a hypothéqué le terrain de son ami
Hung, ce qui implique son arrivée avec Mo à Hong Kong. Etonnement, le film ne
parodie pas God of gamblers ce qui
est plutôt une bonne nouvelle. La partie polar avec l’affrontement des triades
est développée sur un mode comique, dû, sans aucun doute, à l’apport de Lee
Lik-chi crédité de réalisateur exécutif. Le parrain et ses sbires se ramassent
quelques grosses mandales par Lung et sa famille (il peut désormais se battre).
Stephen Chow est encore dans son personnage trublion de naïf qui se défend sans
en avoir conscience. Il est souvent très drôle.
Legend of the Dragon (龍的傳人, Hong Kong, 1990) Un film de Danny Lee
et Lee Lik-chi avec Stephen Chow, Leung Kar-yan, Teresa Mo, Yuen Wah, Lee
Hoi-sang, Jimmy Lung, Shing Fui-on,
Jimmy White, Felix Lok, Ricky Yi
, Corey Yuen, Amy Yip.
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