Dans
sa volonté d’inviter des guest stars,
c’est assez logiquement que Shintaro Katsu invite Jimmy Wang Yu, créateur du
personnage du sabreur manchot dans Un
seul bras les tua tous et dans Le
Bras de la vengeance. L’acteur de Hong Kong avait quitté la Shaw
Brothers (c’est Ti Lung qui est le sabreur manchot dans La
Rage du tigre) et après être devenu son propre producteur, être parti
faire quelques films à Taïwan, tente sa chance au Japon. Il était logique que
deux invalides, l’un aveugle et l’autre manchot, se rencontrent.
Kang
Wang (Jimmy Wang Yu) est au Japon pour retrouver l’un de ses anciens amis, le
bonze Kazuken (Kôji Nanbara,). Ils se sont
connus en Chine et ont pratiqué les arts martiaux ensemble. Sur le chemin vers
le temple, le sabreur manchot rencontre deux de ses compatriotes, forains qui
font les marchés avec leur jeune fils Xiao-rang. Ils seront sauvagement tués
par des samouraïs qui passaient par là. Seul le gamin parvient à s’échapper, il
sera recueilli par Zatoichi (Shintaro Katsu) qui en profite pour aider Wang,
salement amoché.
Le trio a
du mal à se comprendre. Forcément, Wang ne parle que mandarin et Zatoichi que
japonais. L’enfant parvient à faire le traducteur entre les deux adultes. Ils
vont demander un peu de secours chez des paysans. Oyoné (Michie Terada), leur
fille, leur sert à boire et à manger, se prend de sympathie pour Xiao-rang.
Mais, les samouraïs qui avaient massacré les témoins viennent chercher le
Chinois qu’ils veulent accuser à leur place de leurs meurtres. Dans leur folie,
ils tuent les parents d’Oyoné pendant que Zatoichi est parti acheter du saké.
La rumeur
de la trahison court. Oyoné est persuadée que le masseur aveugle a vendu Wang
contre quelques pièces de monnaie. Et Oyoné confesse ses doutes au sabreur
manchot qui va vouloir se venger. Zatoichi
contre le sabreur aveugle illustre alors dans sa deuxième moitié tout son
titre. Les deux hommes avaient sympathisé, ils sont désormais ennemis. Le
problème du film vient de Jimmy Wang Yu qui joue au premier degré ses scènes,
regard sérieux, yeux plein de furie alors que Shintaro Katsu est dans l’ironie.
Quant à
Kimiyoshi Yasuda, qui signe son cinquième Zatoichi, il tente, vainement, de
reproduire les effets de la Shaw Brothers dans les divers combats entre Jimmy
Wang Yu et les samouraïs ou Zatoichi : zooms ultra rapides qui reculent du
regard intense de l’acteur en gros plan cinémascope jusqu’aux adversaires
situés à des dizaines de mètres de lui, sauts montés à l’envers où Jimmy Wang
Yu va du sol au sommet d’un arbre. Le film en cherchant à se convertir au film
de sabres chinois perd en efficacité.
Ce
qui intéresse le plus dans Zatoichi
contre le sabreur manchot, ce sont ses personnages secondaires. D’abord un
deuxième aveugle qui, ironiquement, dirige une maison de jeux. Pas de dés cette
fois qu’il ne pourrait pas lire mais une pièce où l’on parie sur pile ou face.
Le film inverse également les valeurs avec deux autres personnages. Le bonze
Kazuken trahira son ami en dépit de la morale qu’il ne cesse de déployer.
Inversement, la geisha Osen (Watako
Hamaki) qui va séduire Zatoichi sera d’une morale indéfectible. Bref, un
épisode en demi-teinte et pas toujours convaincant.
La
Légende de Zatoichi 22 : Zatoichi contre le sabreur manchot (新座頭市 ・ 破れ! 唐人剣, Japon, 1971) Un film de Kimiyoshi
Yasuda avec Shintarô Katsu, Jimmy Wang Yu, Watako Hamaki, Michie Terada, Kôji
Nanbara, Tôru Abe, Katsutoshi Akiyama, Chang Yi, Yûji Hamada, Tsutomu
Hashimoto, Shirô Itô.
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