Présenté
en séance spéciale au Festival de Cannes 2012, Mekong Hotel vient de sortir en dvd. Film court (56 minutes), il a
été tourné, comme son titre l’indique bien, au bord du fleuve Mékong et plus
précisément dans un hôtel de la ville de Nong Khai. Le Laos est juste de
l’autre côté du fleuve, les personnages évoquent d’ailleurs, en passant, les
réfugiés laotiens venus en Thaïlande et que la police a ensuite expulsé.
Apichatpong
Weerasthakul est à l’image, il discute avec un guitariste de ses amis qui cherche
à retrouver l’air qu’il a composé. Cette petite musique va accompagner tout le
film, avec de courtes pauses. Ce ne sont que deux ou trois notes mais ça dure
quand même une heure. Puis, dans une chambre, un jeune homme change de t-shirt
et rejoint sur la terrasse une jeune femme qui, comme sa mère, est une employée
de l’hôtel.
On
ne peut pas parler de personnages, les interprètes du film se contentent de
dire leurs dialogues sur eux-mêmes (dans une idée de faire un documentaire sur
le lieu et ses habitants, les retrouvailles entre le cinéaste et un de ses
vieux amis, les deux femmes qui font les chambres) ou sur un fantôme
« pob » qui hante les lieux depuis des temps ancestraux, prolongeant
ainsi la part fantastique présente dans toute l’œuvre d’Apichatpong.
On
découvre ainsi, en plan fixe, les deux femmes mangeant des viscères pendant de
longues minutes, puis le jeune homme parlant avec la voix de la mère mangeant
lui aussi de la chair humaine. Le film espère incarner la légende du
« pob » avec cette vieille idée de la suggestion qui consiste à
énoncer ce que l’on n’est pas capable de mettre en scène. Le film échoue à la
fois à créer le moindre effroi et un semblant de poésie.
Enfin,
toujours en plan fixe et d’une durée extrême (ce que l’on appelle communément
un plan séquence), Apichatpong Weerasethakul enregistre le fleuve Mékong. D’une
fenêtre, d’une terrasse, en contre plongée la plupart du temps. Le fleuve est
calme, comme le film, il ne se passe pas grand-chose et on a de plus en plus
l’impression que le cinéaste attend qu’il se passe soudain quelque choses sur
l’eau, comme dans le plan final de six minutes. Mais le Mékong reste muet aux
incantations du cinéaste.
Mekong
Hotel (แม่โขงโฮเต็ล, Thaïlande – France – Grande-Bretagne, 2012) Un
film d’Apichatpong Weerasethakul avec Jenjira Pongpas, Maiyatan Techaparn,
Sakda Kaewbuadee, Apichatpong Weerasethakul, Chai Bhatana, Chatchai Suban.
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