2442.
C’est le numéro de l’appartement, situé au 24ème étage d’un immeuble d’un
quartier populaire, dans lequel se rend Chin Shiu-ho (Chin Siu-ho, qui garde
son propre nom) pour se suicider après un traumatisme familial. Le jovial
gardien de l’immeuble, frère Yin (Lo Hoi-pang), fier de son uniforme lui enlève
le cadenas de la grille, lui ouvre la porte et allume de l’encens. Il s’est à
peine installé depuis cinq minutes que Chin installe une corde pour se pendre,
repensant aux dernières images de sa femme et de son fils décédés.
C’est
sans compter sur Yau (Anthony Chan) qui surgit dans l’appartement armé d’un
couteau et tranche la corde. Yau habite à côté et a une tenue pas
possible : des tongs aux pieds, un caleçon et un vieux marcel étiré sous
une robe de chambre. Anthony Chan, qu’on n’avait pas vu dans un film depuis
vingt ans, porte toujours ses lunettes rondes mais cette fois, son air n’est
plus celui d’un ahuri. Yau est le sauveur de Chin. Non pas que l’empêcher de se
pendre le sauve mais il lui permet de ne pas se faire posséder par deux sœurs
jumelles devenues des fantômes démoniaques.
Car Rigor Mortis est d’abord et avant tout
un film de fantômes chinois et, on le verra plus tard, de vampire dans une
lecture post-moderne et pleine d’effets spéciaux des Mr.
Vampire. D’ailleurs les acteurs Chin Siu-ho, Anthony Chan, Richard Ng
et Chung Faat étaient dans l’un ou l’autre des Mr. Vampire et Lo Hoi-pang était, dans les années 1980, un habitué
des comédies de fantômes. Ce qui étonne aussi est que Juno Mak, qui signe ici
son premier film, veuille travailler avec des acteurs de jadis, des vieux de la
vieille (et souvent connus pour leur cabotinage) pour ressusciter le genre.
Alors que
se passe-t-il dans ce film de fantômes ? Pendant de nombreuses minutes,
rien n’est expliqué mais des images hallucinées ouvrent le film. Trois corps
gisent dans un amas de cendres et des particules enflammées volètent au milieu
d’un immeuble gris. Les images sont léchées et les dialogues sont rares. Cette
scène d’ouverture reste mystérieuse jusqu’au finale où tout sera finalement
expliqué. Mais on comprend assez vite que pas grand-chose ne tourne rond dans
ce 24ème étage dont on ne sortira jamais.
Des
fantômes donc, deux jumelles entourées de fils de sang qui agressent Chin, le
personnage qui découvre tout cet univers surnaturel en même temps que le
spectateur. Elles veulent son corps comme son âme. Elles sont particulièrement
violentes et puissantes. Yau, avec l’aide de Gau (Chung Faat), un moine taoïste
va pratiquer les rituels pour se débarrasser de ces deux créatures démoniaques.
Les deux jumelles ont la capacité de défier les lois de la gravitation, elles
rampent au plafond et sur les murs, volent et disparaissent à l’envi. Les
victimes des fantômes sont alors entourées d’une légère fumée noire et
deviennent aussi fortes que les démons.
Tout
aussi mystérieux, cette femme au regard désespéré (Kara Hui) et son jeune
garçon aux cheveux blonds qui rentre sans rien demander dans l’appartement de
Chin puis dans celui de Madame Mui (Pau Hei-ching) et son époux Tung (Richard
Ng). Ce dernier meurt dans une chute d’escalier. Mui et Gau vont chercher à le
ressusciter suscitant les tentations de deux jumelles de s’emparer de son
corps. Rigor Mortis, comme souvent
les films horrifiques cantonais, ne fait pas vraiment peur mais il intrigue
dans sa volonté de renouveler le genre tout en lui rendant hommage, dans sa
capacité à maintenir durablement un suspense et dans sa propension à offrir de
belles images fantomatiques.
Rigor
mortis (殭屍, Hong Kong, 2013) Un film de Juno Mak avec Chin Siu-ho, Anthony
Chan, Kara Hui, Pau Hei-ching, Lo Hoi-pang, Richard Ng, Chung Faat, Billy Lau.
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