Pour
terminer ce mois consacré à Ringo Lam, quoi de mieux que de regarder Replicant. Comme John Woo et Tsui Hark,
le cinéaste s’est lui aussi coltiné Jean-Claude Van Damme. Comme dans Risque maximum en 1996, leur première
collaboration commune, l’idole belge joue deux rôles, ce qui est bien normal
compte tenu de l’étendue de la palette de son talent. Il est « la
torche », un serial killer qui tue puis brûle ses victimes et « le
replicant », le clone du premier créé par des scientifiques des forces de
sécurités américaines.
Les
deux personnages s’opposent en tout. La torche a les cheveux longs, porte des
lunettes fumées et prend un plaisir sadique à torturer ses victimes. C’est un
psychopathe que Jean-Claude Van Damme joue en forçant un regard intense. Le replicant
est tout le contraire. Né dans une sorte de placenta géant (il en sort imbibé
d’un liquide rougeâtre), il arrive adulte, les cheveux courts et avec la
mentalité d’un enfant à qui il faut tout apprendre (hilarante, bien
qu’involontaire, scène d’apprentissage des gestes quotidiens). Dans ce rôle, il
arbore son regard bovin.
C’est
le détective Jake Riley (Michael Rooker, acteur à la voix rauque et au jeu très
limité) qui aura la charge d’éduquer le replicant, de jauger sa force (il est
très fort comme son modèle) et de vérifier si la torche n’entre pas dans son
cerveau pour lui donner des idées meurtrières. Jake, adepte de la légitime
défense, ne fait pas confiance à la science ni au replicant. Il le menotte tout
le temps et, dans une scène qu’on qualifiera de pure torture, le frappe parce
qu’il croit qu’il a fait du mal à un enfant (en fait, c’était le chien du
môme).
La
torche, de son nom Edward Garrotte, tue ses victimes, que des femmes, parce
qu’il les accuse d’être des mauvaises mères. Faut dire que le pauvre (on le
découvre dans un flash-back qui apparait au cerveau connecté du replicant) a eu
une enfance difficile et une mère castratrice. Le replicant a des intuitions de
ce que va faire Edward mais a du mal à les exprimer. Qui plus est, Jake, dans
sa rage d’arrêter le serial killer, refuse d’écouter le clone, le brime.
Il
devra bien se rendre compte qu’il faut mieux l’écouter qu’agir seul quand le
clone l’avertit qu’une bombe a été placée dans l’appartement de la torche. Jake
est justement en train de visiter cet appartement avec des collègues flics qui
ignorent tout de la création d’un double du meurtrier. Tout va se compliquer
quand Edward va tomber nez à nez avec son clone, ce qui offre une belle scène
de baston où Jean-Claude Van Damme se bat contre Jean-Claude Van Damme. Enfin,
un adversaire à sa mesure. Et surtout, ce film lui permet de jouer à la
fois le gentil et le méchant.
Le
film s’avère parfois amusant, volontairement cette fois, quand le replicant
s’échappe du joug de Jake et qu’il découvre la vie. Une prostituée l’aborde
dans la rue, il monte avec elle et ne comprend pas ce qu’il doit faire. Il a
alors une éjaculation précoce qui le ramène à son état d’adolescent. Sinon, Replicant est surtout un polar assez
banal où Jean-Claude Van Damme s’amuse à effectuer toutes ses figures de style
habituelles : son grand écart, ses pirouettes et ses fameux coups de pieds
qu’il assène jambe à 45° de son corps.
Replicant
(Etats-Unis, 2001) Un film de Ringo Lam avec Jean-Claude Van Damme, Michael Rooker,
Catherine Dent, Brandon James Olson, Pam Hyatt, Ian Robison, Allan Gray, Jayme
Knox.
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