jeudi 27 février 2014

Replicant


Pour terminer ce mois consacré à Ringo Lam, quoi de mieux que de regarder Replicant. Comme John Woo et Tsui Hark, le cinéaste s’est lui aussi coltiné Jean-Claude Van Damme. Comme dans Risque maximum en 1996, leur première collaboration commune, l’idole belge joue deux rôles, ce qui est bien normal compte tenu de l’étendue de la palette de son talent. Il est « la torche », un serial killer qui tue puis brûle ses victimes et « le replicant », le clone du premier créé par des scientifiques des forces de sécurités américaines.

Les deux personnages s’opposent en tout. La torche a les cheveux longs, porte des lunettes fumées et prend un plaisir sadique à torturer ses victimes. C’est un psychopathe que Jean-Claude Van Damme joue en forçant un regard intense. Le replicant est tout le contraire. Né dans une sorte de placenta géant (il en sort imbibé d’un liquide rougeâtre), il arrive adulte, les cheveux courts et avec la mentalité d’un enfant à qui il faut tout apprendre (hilarante, bien qu’involontaire, scène d’apprentissage des gestes quotidiens). Dans ce rôle, il arbore son regard bovin.

C’est le détective Jake Riley (Michael Rooker, acteur à la voix rauque et au jeu très limité) qui aura la charge d’éduquer le replicant, de jauger sa force (il est très fort comme son modèle) et de vérifier si la torche n’entre pas dans son cerveau pour lui donner des idées meurtrières. Jake, adepte de la légitime défense, ne fait pas confiance à la science ni au replicant. Il le menotte tout le temps et, dans une scène qu’on qualifiera de pure torture, le frappe parce qu’il croit qu’il a fait du mal à un enfant (en fait, c’était le chien du môme).

La torche, de son nom Edward Garrotte, tue ses victimes, que des femmes, parce qu’il les accuse d’être des mauvaises mères. Faut dire que le pauvre (on le découvre dans un flash-back qui apparait au cerveau connecté du replicant) a eu une enfance difficile et une mère castratrice. Le replicant a des intuitions de ce que va faire Edward mais a du mal à les exprimer. Qui plus est, Jake, dans sa rage d’arrêter le serial killer, refuse d’écouter le clone, le brime.

Il devra bien se rendre compte qu’il faut mieux l’écouter qu’agir seul quand le clone l’avertit qu’une bombe a été placée dans l’appartement de la torche. Jake est justement en train de visiter cet appartement avec des collègues flics qui ignorent tout de la création d’un double du meurtrier. Tout va se compliquer quand Edward va tomber nez à nez avec son clone, ce qui offre une belle scène de baston où Jean-Claude Van Damme se bat contre Jean-Claude Van Damme. Enfin, un adversaire à sa mesure. Et surtout, ce film lui permet de jouer à la fois  le gentil et le méchant.

Le film s’avère parfois amusant, volontairement cette fois, quand le replicant s’échappe du joug de Jake et qu’il découvre la vie. Une prostituée l’aborde dans la rue, il monte avec elle et ne comprend pas ce qu’il doit faire. Il a alors une éjaculation précoce qui le ramène à son état d’adolescent. Sinon, Replicant est surtout un polar assez banal où Jean-Claude Van Damme s’amuse à effectuer toutes ses figures de style habituelles : son grand écart, ses pirouettes et ses fameux coups de pieds qu’il assène jambe à 45° de son corps.

Replicant (Etats-Unis, 2001) Un film de Ringo Lam avec Jean-Claude Van Damme, Michael Rooker, Catherine Dent, Brandon James Olson, Pam Hyatt, Ian Robison, Allan Gray, Jayme Knox.

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