dimanche 19 décembre 2010

Girl$


L’univers de la prostitution évolue. Girl$ décrit le parcours de quatre jeunes femmes de Hong Kong qui utilisent l’Internet pour se vendre. C’est un moyen simple avec MSN, iPhone ou sur des sites pour se faire connaitre et encourager des clients à venir. Les quatre personnages féminins ne sont pas des prostituées à proprement parler, elles ont leurs propres raisons pour aller chercher des rendez-vous tarifés, pour parler avec euphémisme de leurs cas.

Icy (Michelle) vit avec son petit ami Chun (Kenneth Tsang) qui passe son temps à jouer aux jeux vidéo. Un soir, l’ordinateur tombe en panne. Lin décide de lui en payer un neuf. Lui, n’est au courant de rien. Gucci (Venus Wong) a 16 ans et veut monnayer sa virginité pour se payer un sac à la mode. Lin (Una Lin), qui débarque de Taïwan, a besoin d’argent et va tomber amoureuse d’un de ses clients réguliers. Ronnie (Bonnie Xian) est une jeune femme riche qui trouve excitant de se vendre même si elle n’accepte jamais d’argent des clients.

Elles vont se rencontrer sur des forums et vont tenter de devenir amies. Elles vont se conseiller pour éviter les pervers, les hommes dangereux et le Sida. D’autant qu’un serial killer traîne dans les rues. Elles vont se montrer solidaires quand l’une d’elles est filmée à son insu et retrouver l’homme qui a commis cet acte pour se protéger lui-même. Elles vont aussi se jalouser parfois, les filles ne comprennent pas pourquoi Ronnie se prostitue. Elles vont souvent se disputer. Le scénario les fait cependant se rencontrer avec un peu trop de facilité et il est difficile de comprendre pourquoi Ronnie, la petite fille riche, ne donne pas de l’argent à Gucci au lieu de le dépenser pour ses clients.

Le film est classé Catégorie III pour ses quelques scènes de nudité. Mais pratiquement tout consiste en des dialogues entre les personnages. La caméra est souvent à l’épaule pour donner un sentiment de vitalité. La mise en scène de Kenneth Bi est alerte mais il ne semble rien dire de bien neuf sur cette génération de la communication immédiate, sur la violation de la vie privée et sur la jeunesse qui connait tout du sexe sans jamais l’avoir pratiquer. On pense parfois à certains films de Pang Ho-cheung sur la sexualité, mais Kenneth Bi ne parvient pas à être aussi profond.

Girl$ (囡囡, Hong Kong, 2010) Un film de Kenneth Bi avec Michelle, Bonnie Xian, Una Lin, Venus Wong, Deep Ng, Derek Tsang, Karson Lok, Eric Tse.

jeudi 16 décembre 2010

Le Parrain de Hong Kong


Le lancement du Grand bond en avant a mis sur le chemin de l’exil des milliers de Chinois. Beaucoup ont tenté d’aller à Hong Kong et parmi eux Ho (Ray Lui). Le Parrain de Hong Kong est l’histoire de cet homme, son ascension, sa décadence et sa chute sur une période de trente ans. De son arrivée à Hong Kong à la prison où on le découvre en ouverture du film. Ce film, l’un des plus longs films de Hong Kong jamais réalisés (deux heures et quart), est un récit épique et romanesque de grande tenue.

C’est donc au début des années 1960 que Ho arrive à Hong Kong. Avec son ami Ming (Lawrence Ng), il passe de petits boulots en petits boulots. Payés une misère, humiliés par leurs patrons, ils décident de changer de voix. Leur premier acte est d’aller voler les meubles et les bijoux de l’appartement du patron du restau qui remet les victuailles non consommés par les clients dans les assiettes des nouveaux clients. Ho et Ming seront aidés par deux frères Grand Hak (Chan Wing-chung) et Petit Hak (Frankie Chan), deux gars costauds dont les muscles serviront de gardes du corps régulièrement et par Man (Waise Lee), fidèle mais pas téméraire.

Ho a de l’ambition. Il ne veut pas se consacrer aux cambriolages minables. Il va rencontrer Bo le Gras (Kent Cheng), l’un des chefs de clan de Hong Kong. La colonie est alors dirigée par quatre chefs qui se partagent les activités criminelles. Bo suggère à Ho et sa bande de se débarrasser de Ping le Denté (Ng Man-tat). Ho va vendre de la drogue dans le quartier de Ping, pour le provoquer. Bo avait imaginé un plan pour supprimer Ping et ses hommes. Tout se termine à grands coups de hache où le chef et une bonne partie de sa bande meurent. A quatre, ils ont décimé plusieurs dizaines d’hommes. Ho a désormais gagné ses galons de chef, mais il en veut évidemment beaucoup plus.

Bien entendu, quand un mafieux augmente son pouvoir, non seulement c’est au détriment d’un autre parrain, mais en plus il en espère toujours plus. Cela inquiète les autres chefs de clan et en premier lieu Bo le Gras. D’abord parce que Bo sent son couple (illégitime) en danger. Sa maîtresse May (Amy Yip), dont les seins sont de belle tenue, est devenue la petite amie de Ming, obsédé sexuel dont l’insatiabilité charnelle commence à créer des tensions entre Bo et Ho, qui se moque de cette liaison deouble. Bo cherche à se venger en doublant Ho. Il suggère d’aller voler l’héroïne pure que le boss Kong fait venir de Thaïlande. Ho et ses sbires se déguisent en marins chinois dans une scène flamboyante de violence mêlée de doute.

Au fil des décennies, Ho change. Il oublie vite sa chemise d’ouvrier pour passer au costume prêt-à-porter puis au manteau de fourrure de maquereau. Il passe du taudis à la grande maison à la décoration clinquante. Son succès fait des jaloux et il doit arroser les flics encore plus que ses concurrents. Comme ses ennemis, le chef de la police Liu le Tigre (Kenneth Tsang) joue sur tous les tableaux et sa protection sera donnée au plus offrant. L’argent coule à flot. Le Parrain de Hong Kong ne se contente pas de dénoncer tous les pourris de cette époque, il dissèque en profondeur le processus de la corruption, ses drames et la folie qu’elle engrange.

Et les femmes dans tout cela ? J’ai déjà évoqué le cas de May et Min. Ho rencontrera Yin (Cecilia Yip), veuve avec deux enfants. Yin est la sœur d’un homme que Ho a battu mais épargné. Il souhaite aider la sœur et ils vont tomber amoureux. Comme lui, elle deviendra l’une des têtes de la mafia. D’extraction modeste, elle conseillera Ho jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus retenir sa folie de domination. Quand il sera trop tard pour quitter la scène, il continuera de jouer son rôle de parrain de Hong Kong. Le film est un portrait d’un pays morcelé au travers des personnages qui ne parviennent pas à coller les morceaux de leur vie. La vulgarité des personnages est pourtant poignante en tant qu’elle invoque un destin inexorable que plus personne ne peut contrecarrer. Une histoire triste et belle à la fois. L'histoire d'un monstre, qui a réellement existé, que Ray Lui avec sa corpulence incarne à merveille.

Le Parrain de Hong Kong (To be number one, 跛豪, Hong Kong, 1991) Un film de Poon Man-kit avec Ray Lui, Kent Cheng, Cecilia Yip, Amy Yip, Waise Lee, Lawrence Ng, Chan Wing-chung, Frankie Chan, Elvis Tsui, Tommy Wong, Kenneth Tsang, Lo Lieh, Ng Man-tat, Lau Shun, Lau Kong.

mardi 14 décembre 2010

The Stool pigeon



Dans un rue isolée et étroite, deux camions s’engouffrent suivis d’une voiture. La planque pour prendre en flagrant délit des trafiquants de drogue commence. L’Inspecteur Don Lee (Nick Cheung) attend dans la voiture avec calme. Dans son costume chic et avec ses lunettes carrées, il surveille le déroulement des opérations. Un flic infiltré (le stool pigeon du titre anglais) filme toute la scène mais le chef des trafiquants comprend qu’il est surveillé. Le flic infiltré (Liu Kai-chi) se cache et son nom est prononcé par un flic assaillant brisant en mille morceaux sa couverture. Malgré l’air rassurant de Lee, l’informateur manque d’être massacré sous les coups d’une hache. Il ne meurt pas mais en restera traumatisé et vit caché sous un pont, déguisé comme un clochard.
Un an plus, après une petite dépression, Lee revient aux affaires et se cherche un nouveau pigeon qui pourra espionner à son compte. Il choisit Ho Sai-fui (Nicholas Tse) qui se fait appelé Ghost Jr à qui il reste deux jours de prison à faire. C’est le fils de son père ce qui implique de Ho a une dette de jeu de son paternel à régler à un chef de clan. Ce dernier a d’ailleurs mis la sœur de Ho au tapin pour commencer à rembourser l’emprunt fait quelques années auparavant. Ho Sai-fui refuse d’abord l’offre de Lee mais il se fait salement amocher quand il défend se sœur et se voit contraint d’accepter la proposition contre un million de dollars HK.
Ho doit se faire connaitre et pour ça va rencontrer deux malfrats qui bossent ensemble Tai Ping (Keung Ho-man) et Barbarian (Lu Yi). Il parvient à se faire accepter en gagnant une course de voiture et va devenir le pilote pour un casse de bijouterie. Mais le cambriolage ne se déroule pas comme prévu, un flic est abattu. La hiérarchie de l’inspecteur Lee est désabusée et remet en cause les méthodes du flic. Il est vu comme un homme sans cœur qui n’hésite pas à sacrifier quiconque (dont ses informateurs) pour atteindre le résultat escompté. Le duo de Beast stalker Nicholas Tse Nick Cheung est reconstitué dans The Stool pigeon mais c’est un duo aux rôles inversés.
Comme pour Beast stalker, Dante Lam donne le meilleur de lui-même dans ses scènes d’action, notamment dans une poursuite à pied, au pas de charge, dans les rues d’un quartier populaire. Les policiers en civil suivent Barbarian dans le dédale des rues bondées et des longs passages qui courent d’un immeuble à l’autre. Les flics ne doivent pas se faire repérer et le cinéaste fait preuve de virtuosité pour mettre en scène ces moments presque intimistes. Tout comme est réussie la séquence de l’attaque de la bijouterie où la sauvagerie des cambrioleurs est poussée à son paroxysme laissant Ho décontenancé. En regardant son visage, on a l’impression qu’il se demande si Lee ne souhaite pas cette violence pour pouvoir répondre de la même manière quand il trouvera les malfrats.
En fin de compte, le personnage de Ho apparait bien plus sympathique et positive que l’inspecteur Lee dont le comportement tordu met mal à l’aise tous ses interlocuteurs dans sa pratique du chantage. Dante Lam offre quelques belles scènes à Nicholas Tse dès qu’il rencontre Dee (Kwai Lunmei) et pour laquelle il devient son chauffeur. Elle lui achète un costume, va faire les magasins, prend une photo devant le père Noël, va boire des bières dans un restaurant. Pour la première fois, Ho a l’impression de vivre complètement et il envisage une aventure amoureuse avec elle. Ces moments de tendresse contrastent avec l’inhumanité des autres personnages. Leur histoire ne pourra pas s’épanouir comme on l’espérait.
The Stool pigeon (, Hong Kong, 2010) Un film de Dante Lam avec Nick Cheung, Nicholas Tse, Liu Kai-chi, Kwai Lunmei, Miao Pu, Lu Yi, Sherman Chung, Keung Ho-man

Filmographie : Dante Lam



Dante Lam 林超賢

Option zero (G4特工, 1997) Un film de Dante Lam. Sortie à Hong Kong : 27 novembre 1997.
Beast cops (野獸刑警, 1998) Un film de Dante Lam et Gordon Chan. Sortie à Hong Kong : 9 avril 1998.
When I look upon the stars (天旋地戀, 1999) Un film de Dante Lam. Sortie à Hong Kong : 9 janvier 1999.
Jiang Hu: The Triad zone (江湖告急, 2000) Un film de Dante Lam. Sortie à Hong Kong : 21 septembre 2000.
Hit team (走投有路, 2001) Un film de Dante Lam. Sortie à Hong Kong : 22 février 2001.
Runaway (重裝警察, 2001) Un film de Dante Lam. Sortie à Hong Kong : 17 mai 2001.
Tiramisu (戀愛行星, 2002) Un film de Dante Lam. Sortie à Hong Kong : 28 mars 2002.
The Twins effect (千機變, 2003) Un film de Dante Lam et Donnie Yen. Sortie à Hong Kong : 24 juin 2003.
Naked ambition (豪情, 2003) Un film de Dante Lam et Chan Hing-kai. Sortie à Hong Kong : 30 octobre 2003.
Love on the rocks (戀情告急, 2004) Un film de Dante Lam et Chan Hing-kai. Sortie à Hong Kong : 8 avril 2004.
Heat team (重案黐孖 Gun, 2004) Un film de Dante Lam. Sortie à Hong Kong : 24 juin 2004.
Undercover hidden dragon (至尊無賴, 2006) Un film de Dante Lam et Gordon Chan. Sortie à Hong Kong : 6 avril 2006.
Storm Rider - Clash of Evils (風雲決, 2008) Un film de Dante Lam. Sortie à Hong Kong : 19 juillet 2008.
Beast stalker (証人, 2008) Un film de Dante Lam. Sortie à Hong Kong : 20 novembre 2008.
The Sniper (神鎗手, 2009) Un film de Dante Lam. Sortie à Hong Kong : 23 mars 2009.
Fire of conscience (火龍, 2010) Un film de Dante Lam. Sortie à Hong Kong : 1er avril 2010.
The Stool pigeon (線人, 2010) Un film de Dante Lam. Sortie à Hong Kong : 26 août 2010.
The Viral factor (逆戰, 2012) Sortie à Hong Kong : 21 janvier 2012.
Unbeatable (激戰, 2013) Sortie à Hong Kong : 15 août 2013.
That demon within (魔警2014) Sortie à Hong Kong : 17 avril 2014.

jeudi 9 décembre 2010

Rouge


Hong Kong, 1934, Fleur (Anita Mui) une courtisane très réputée est admirée de tous les hommes qui paient des sommes folles pour ne toucher qu’un bout de sa peau. Fleur fascine un de ses clients, Chan Chen-pang (Leslie Cheung) qui vient tous les jours pour passer un long moment en sa compagnie. Elle constate bien qu’il veut la séduire, résiste d’abord, puis tombe amoureuse de lui. Ils veulent se marier mais leur conditions sociales sont très opposées, Chan vient d’une famille très riche et ses parents voient d’un mauvais œil qu’il puisse épouser une prostituée.

Hong Kong, 1987. Yuen (Alex Man) travaille dans un journal. Il voit surgir Fleur dans les locaux de son travail, elle porte une de ses belles robes fleuries. Elle veut passer une petite annonce pour retrouver Chan. Yuen a beau fermer la porte du bureau, elle passe quand même. Puis dehors, elle le retrouve. Il comprend qu’elle est un fantôme et décide de l’inviter chez lui. Cela ne ravit pas Chu (Emily Chu), sa petite amie qui croit d’abord qu’il a ramené sa maîtresse. Ils doivent se rendre compte que Fleur est bel et bien un fantôme qui cherche à retrouver son amant.

Fleur constate que tout a changé, que les lieux qu’elle connaissait n’existe plus. La maison de plaisir où elle travaillait est devenue une crèche pour bambins. Tout a changé sauf elle qui croit encore en son amour éternel par delà la mort. Fleur et Chan se sont donné la mort quand les parents du jeune homme se sont mis en travers de leur liaison. Ils se sont suicidés pour se retrouver dans un monde où rien ne pourra les arrêter. Yuen et Chu vont aider Fleur dans sa quête.

Le passage entre les deux époques permet de faire le point sur le romantisme tel que l’envisage Stanley Kwan. Celui de Fleur est exacerbé, il va par delà la vie et ne souffre d’aucun compromis. Fleur se demande pourquoi Chan ne vient pas au rendez-vous. Elle se désespère de sa situation. Elle se rendra compte de ce qui est réellement arrivé en 1934. La vie de couple en 1987 est plus libre. Fleur s’étonne que Yuen et Chu ne soient pas mariés alors qu’ils se fréquentent depuis quatre ans. D’autant que l’amour terrestre de Fleur et Chan n’a duré que quelques jours. Mais c’était une autre époque.

Rouge est aussi marqué par son époque, par son duo de stars, Leslie Cheung et Anita Mui, très amis dans la vie, duo aujourd’hui disparu. Le film est un peu démodé bien qu’extrêmement bien conçu. La partie enquête sur Chan est un peu poussive, sa résolution ne vise qu’à démontrer que le passé était supérieur au présent. Le film tient à l’interprétation magistrale d’Anita Mui qui joue tout en douceur son rôle où la violence des sentiments contraste avec son calme. Rouge est un mélodrame flamboyant qui gagna toute une flopée de récompenses aux 8ème Hong Kong Film Awards.

Rouge (胭脂扣, Hong Kong, 1987) Un film de Stanley Kwan avec Anita Mui, Leslie Cheung, Alex Man, Emily Chu, Patrick Tse, Irene Wan, Lau Kar-wing, Kara Hui.

lundi 6 décembre 2010

Permanent residence


Ce qui est certain, c’est qu’avec les films de Scud, on sait exactement dans quel terrain on se trouve. Jusqu’au risque de lasser le spectateur tant ses trois longs métrages se ressemblent tout en se répondant. On voyait une affiche de Permanent residence dans Amphetamine, on parle du prochain tournage d’Amphetamine dans Permanent residence. Ce film, son deuxième a comme ambition de montrer la vie d’Ivan (Sean Li) de son enfance en Chine jusqu’à sa mort. Le tout en un peu moins de deux heures. Le film commence par un diaporama d’images fixes comme des étapes de sa vie que l’on retrouvera plus tard.

De l’enfance, on peut dire qu’Ivan vécut avec sa grand-mère pour qui il a un grand attachement. Puis, il part à Hong Kong à la fin des années 1980, devient jeune cadre dynamique, réussit dans la vie et s’achète un bel appartement dans lequel il adore vivre nu. A la treizième minute, le premier nu intégral arrive. Il faut dire qu’Ivan est fou de son corps et qu’il l’entretient en allant faire un peu de sport. Il rencontre en salle Windson (Hosman Hung), le fils du vent, avec qui il va sympathiser. Il rencontre sur un plateau télé Josh (Jackie Chow) qui va lui révéler sa propre homosexualité.

Josh devient son mentor, celui qui lui permet d’accéder au plaisir sexuel, mais il n’habite pas Hong Kong. Ivan va fréquenter de plus en plus souvent Windson. Ils vont se promener au bord de la mer et plongent nus dans l’eau et refaire le monde, de nuit, sur une balise en mer. Ils n’ont pas de pudeur à se déshabiller l’un devant l’autre. Cela donner quelques scènes de plage où un vieux couple les surprend à poil sur le sable. Ils s’entrainent sur la terrasse à la boxe torse nu. Ils dorment ensemble dans le même lit, prennent des souches ensemble, s’embrassent un peu. Ivan prend des photos dénudées de Windson et ce dernier n’a qu’une réaction en disant qu’Ivan peut le photographier mais qu’il ne doit pas balancer les clichés sur internet.

Windson accepte l’amour que lui porte Ivan mais refuse de coucher avec lui. Les années passent et leur lien se défait petit à petit. Windson veut se marier et cherche une épouse en Chine. Dans le même temps, la grand-mère d’Ivan commence à vieillir et à perdre la mémoire. Elle regrette que son petit fils ne se marie pas. Ivan va se lier avec les voisins de Windson, un couple de vieux. Puis, Ivan va se désespérer de ne plus voir Windson. Alors, évidemment Scud n’est pas Wong Kar-wai même s’il lorgne vers un In the mood for love gay où les robes de Maggie Cheung et les costumes de Tony Leung Chiu-wai sont remplacés par la nudité des acteurs. Permanent residence est un peu nunuche, comme les autres films de Scud, terriblement romantique et vaguement vain même si le film est sans aucun doute largement autobiographique.

Permanent residence (永久居留, Hong Kong, 2009) Un film de Scud avec Sean Li, Osman Hung, Jackie Chow, Lau Yu-hong.

vendredi 3 décembre 2010

Expect the unexpected


L’une des batailles favorites de l’exégèse autour de la Milkyway consiste à savoir si les trois films de Patrick Yau produits par la compagnie de Johnnie To et Wai Ka-fai ont bel et bien été réalisés par lui. Je ne compte pas m’aventurer sur ce terrain-là. Ce que je remarque est que ces trois films The Odd one dies, The Longest nite et Expect the unexpected sont trois bons films, maîtrisés et qui annonce les chefs d’œuvre à suive de la compagnie.

Un petit restau. En face, une bijouterie. Trois gangsters maladroits (dont Lam Suet) vont cambrioler la bijouterie. Ils sont à visage découverts et bien maladroits. Ils ne parviennent pas à briser les vitrines blindées qui enferment les bijoux. En face, Mandy (Yoyo Mung) observe tout cela. Dans son restaurent, trois clients observent rigolards la fine équipe qui échoue lamentablement. La police est alertée. On entend les sirènes. L’un des trois clients prend son portable, téléphone et le trio quitte le restau. Un de leur complice est dans un appartement en face. Dans leur fuite, les cabrioleurs sont partis se cacher dans cet immeuble.

Le trio de clients est en fait une bande de malfrats qui s’avère très violent. L’homme caché dans l’appartement n’hésite pas à tuer son otage et le trio de gangsters, pour récupérer le complice, abat une douzaine de policiers. Rien à voir avec l’amateurisme de la bande à Lam Suet. Le chef de la section de police criminelle « O » est Ken (Simon Yam). Il est chargé de cette enquête avec Sam (Lau Ching-wan). Tous deux se connaissent depuis l’enfance. Et ils sont aussi amis avec Mandy. Trois célibataires combien de possibilité.

Expect the unexpected joue sur les deux tableaux de l’enquête policière et de l’amitié à trois. Le film se fait très nerveux dès qu’il s’agit des gangsters. Ils violent les femmes qu’ils séquestrent et sont sans pitié envers ceux qui se trouvent en face d’eux. La mise en scène dans ces moments là (les gunfights notamment) est très précise et va droit au but. La désinvolture et la bonne humeur de Sam va à l’encontre du sérieux de Ken mais tous deux se complètent admirablement. Sam est pourtant un homme d’instinct qui parvient à se trouver toujours au bon endroit au bon moment. Ken ne parle pas beaucoup, ne sourit guère et est toujours concentré. Leur caractère respectif apporte un air frais dans cette violence qu’ils combattent.

L’amitié à trois est plus complexe. Sam semble vouloir que Ken se lie avec Mandy et les manigances qu’il prépare ne sont pas très fines. Il avance comme un balourd et cela ne marche pas. Et si c’était Macy (Ruby Wong) qui était amoureuse de Ken comme il le croit ? Dans ce cas-là, pourquoi irait-elle si souvent au chevet de Jimmy (Raymond Wong Ho-yin), flic blessé et qui plait à toutes les filles et à qui il leur rend bien ? Dans une production Johnnie To – Wai Ka-fai, rien n’est simple mais tout est lisible. Les rapports entre les gens sont complexes et la mise en scène est là pour les rendre compréhensibles. Tout sera à la fois tragique et comique dans ces morceaux de vie de quelques policiers ordinaires et si humains.

Expect the unexpected (非常突然, Hong Kong, 1998) Un film de Patrick Yau avec Simon Yam, Lau Ching-wan, Yoyo Mung, Ruby Wong, Hui Siu-hung, Raymond Wong Ho-yin, Bak Ka-sin, Sato Keiji, Joe Cheng, Lam Suet, Lester Chan, Yee Tin-hung, Ricky Lam, Cheung Wing-cheung, Yip Tat-kau, Chiu Chi-shing, Law Wing-cheong.

jeudi 2 décembre 2010

Sorties à Hong Kong (décembre 2010)

Revenge: a love story (復仇者之死)

Un film de Wong Ching-po avec Juno Mak, Sora Aoi, Lau Wing, Chin Siu-ho, Tony Ho. 91 minutes. Classé Catégorie III. Sortie : 2 décembre 2010.






mercredi 1 décembre 2010

City under siege


Parfois dès les deux premières minutes, on sent qu’un film est perdu, que tout va être mauvais et que, jamais, on ne rira devant un tel navet. City under siege n’est pas même un nanar comme peuvent l’être par moment certains Wong Jing (au moins au début du film). Benny Chan n’a jamais été pour moi un bon réalisateur (en dépit de ce que j’ai pu lire ici ou là sur certaines de ses œuvres et de ses nominations régulières au Hong Kong Film Awards), mais là, il touche le fond entrainant son casting dans des abysses rarement atteintes.

Tout commence dans un laboratoire japonais en Malaisie. Des expérimentations sont menées sur des prisonniers pour en faire des surhommes. Aujourd’hui, une troupe cirque est justement à côté de ce labo secret qui a été enseveli. Sunny (Aaron Kwok), jeune benêt est le souffre douleur de ses collègues. Chu (Collin Chou) est le plus méchant avec lui. Evidemment, la petite troupe va tomber sur ce labo et inhaler le gaz qui va les transformer en mutant. Comme Chu est très méchant, il sera un méchant mutant. Comme Sunny est bien gentil les effets augmenteront sa bonté.

Par un concours de circonstance aussi crédible que possible, Sunny se retrouve sur une plage de Hong Kong et est recueilli par Angel (Shu Qi) journaliste de son état qui vient d’être mise à la porte. Elle se rendra compte que Sunny est spécial. Et tandis que les méchants mutants font des braquages de banque, elle s’occupe de la carrière artistique de Sunny. Il devient la coqueluche des hongkongais. Le jeu d’Aaron Kwok devient particulièrement gênant quand il fait de son personnage un grand garçon naïf à la limite de l’imbécillité. Sans doute cela est créé pour compenser le caractère vicieux de Chu et ses sbires, mais d’un côté comme de l’autre, on tombe dans le ridicule.

Alors, ça se bastonne, ça se castagne, ça se fait mal mais très vite on s’en fout parce que les combats se ressemblent tous (CGI à gogo) et sans hiérarchie. Ennui de ce coté là. Ennui aussi dans la partie romantique du film. Chui qui devient de plus en plus monstrueux (genre bodybuilder extrême) tombe amoureux d’Angel qui elle commence à en pincer pour Sunny qui le lui rend bien. Pire que cela, pour aller vers le marché chinois, le film ajoute deux personnages de flics spécialistes des mutants (ils ont tout en Chine). Ce couple, qui attend de se marier, est pris dans les rets de ces affrontements. En fin de compte, City under siege ne raconte rien sur notre monde et sur les relations entre les gens.

City under siege (全城戒備, Hong Kong, 2010) Un film de Benny Chan avec Aaron Kwok, Wu Jing, Shu Qi, Collin Chou, James Ho, Zhang Jingchu, Tie Nan, Yuen Wah, Richie Ren, Ben Wong, Karen Cheung, Terence Yin.

Quatre comédies de John Woo en DVD

Après la sortie des deux premiers films de John Woo début novembre, HK Vidéo sort maintenant quatre de ses comédies. C’est un événement exceptionnel puisqu’elles étaient jusque là inédites en France et qu’elles montrent un John Woo totalement différent de ses polars qui ont fait sa réputation. La comédie cantonaise est l’un des fleurons du cinéma de Hong Kong, le moins respecté pourtant l’un des plus féconds. Dans ces quatre films, l’acteur Ricky Hui a le premier rôle. Avec sa bouille d’imbécile, ses cheveux longs en bataille et ses yeux de cocker, on sait très vite qu’il va lui arriver plein de pépins. C’est un des ressorts comiques des quatre films. Son comique fonctionne en duo : avec Richard Ng dans Money crazy, avec Johnny Koo dans From riches to rags, avec Josephine Siao dans Plain Jane to the rescue et Stanley Fung dans To hell with the devil. Souffre-douleur, maladroit, romantique éperdu, Ricky Hui est le plus inconnu des frères Hui et ce coffret permet de découvrir son burlesque typiquement cantonais.