samedi 26 mai 2007

The Master


Tsui Hark n'a pas réussi tous ses films. Le maître traîne quelques casseroles en tant que producteur et comme réalisateur on lui doit le navrant The Master alias Wong Fei-hung 92C'était la période de sa plus grande gloire. Tsui Hark et la Film Workshop dominaient le box-office de Hong Kong et produisaient les meilleurs films, de John Woo à Ching Siu-tung en passant par les propres films de Tsui Hark qui, en 1989, après trois ans d'absence, était retourné à la mise en scène avec Le Syndicat du crime 3. La même année Jet Li, devenu depuis quelques années une des stars des arts martiaux les plus prometteuses, veut amplifier sa carrière. Sa rencontre avec Tsui Hark était logique. Ensemble, ils mettent en œuvre ce qui constitue leur première collaboration : The Master. Jet Li rêve d'un destin à la Bruce Lee ou à la Jackie Chan. Bien que Tsui Hark soit très rétif, les deux hommes partent tourner leur film à Los Angeles.

Dès les premières scènes, on comprend que Tsui Hark va saloper son travail. Le film est contemporain et on le sent : admirons les vêtements ou les coiffures des acteurs. Tout marque l'empreinte de 1989 et, si on le remarque, c'est parce le scénario est inexistant et la réalisation poussive. Quant à la direction d'acteurs, on dirait que Tsui Hark s'est constamment assoupi et a laissé jouer les interprètes américains en roue libre. The Master commence par une dispute entre deux demoiselles qui s'entraînent à la gymnastique. La musique vaguement pompée à un " classique " de Georgio Moroder est composée avec un bon vieux bontempi de derrière les fagots. Elles jouent mal, très mal, on croit qu'on s'est trompé de film. On reste bouche bée devant un tel désastre : on a encore rien vu.

Arrive alors un grand blond méchant qui veut absolument le magasin d'un médecin chinois (interprété par Yuen Wah, un habitué des films de Sammo Hung et Jackie Chan et qu'on découvrit bien plus tard dans Crazy kung fu). Le méchant blond (ah ! sa coiffure) et sa bande détruisent le magasin qui s'appelle tout simplement Po Chi Lam. Une des gymnastes vient au secours du si fu. Ce vieux maître est l'Oncle Tak. Dans le même temps, Jet débarque clandestinement aux Etats-Unis et cherche à retrouver Tak. Jet se fait piquer son sac par trois latinos, qui finalement deviendront les disciples du jeune homme qui n'en demandait pas tant. S'ensuit un défi du méchant blond, Johnny, pour s'accaparer Po Chi Lam. The Master mêle action (arts martiaux traditionnels contre occidentaux), romance (Jet Li est célibataire et tombera amoureux de la fille) et humour (les trois latinos aux basques de Jet Li). Mais tout reste assez primaire.

Quand Tsui Hark est contrarié ou qu'il travaille pour une commande, il est d'une paresse incroyable. On a déjà dit que les acteurs jouaient mal et Jet Li n'est pas non plus un bon comédien. Ici, les scènes d'action ne sauvent pas le récit qui n'est qu'une variation de La Fureur du Dragon de Bruce Lee (celui qui se passe en Italie avec Chuck Norris). On aperçoit même parfois l'ombre de la caméra dans certains plans. Devant cette catastrophe artistique, que Tsui Hark a évidemment voulu, il a été décidé de ne pas sortir The Master. Tsui Hark et Jet Li ont cependant à nouveau travaillé ensemble pour Il était une fois en Chine (sorti en août 1991) puis sa suite (sortie en avril 1992) avec le succès phénoménal que l'on sait. The Master est sorti en mai 1992 en tentant de surfer sur la vague après en avoir changé le titre. Le film a fait un beau bide et demeure un des plus beaux échecs des deux hommes.

Jean Dorel
The Master (黃飛鴻'92之龍行天下, Hong Kong, 1989) Un film de Tsui Hark avec Jet Li, Yuen Wah

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