mercredi 16 mai 2007

Men suddenly in black


Quatre amis décident de prendre du bon temps pendant que leurs femmes sont parties. Ils ont quatorze heures pour accomplir leur forfait. Ces quatre hommes, ce sont les Men suddenly in black. Pang Ho-cheung, son réalisateur est grand ! C’est cette histoire que va nous raconter Pang. Histoire terrible et véridique, comme le souligne avec ironie le pré-générique, de quatre pauvres gars qui veulent tromper leurs femmes ou copines. Pourquoi ? Parce qu’elles sont tout le temps dans leurs jambes et que pour une fois, ils vont avoir une demie journée pour s’éclater : elles sont parties faire des emplettes en Thaïlande.

On donne des coups de téléphone aux femmes pour les rassurer. Oui, chérie, je suis bien au travail. Amuse-toi bien ! Les quatre filles partent ensemble en avion. Tout va bien. Les quatre hommes se retrouvent. Tin (Eric Tsang, génial comme toujours) a donné rendez vous à ses trois potes dans un parking. Pang Ho-cheung filme leur rencontre comme s'ils étaient des membres de triade. Et ils jouent le jeu. Chao (Chapman To) plie un genou et embrasse la main de Tin. Cheung (Jordan Chan) est aussi de la partie. Lui est médecin. Et enfin, Paul (Spirit Blue), jeune étudiant venu de Pékin et qui du coup parle mandarin.

Une fois les règles énoncées, n'utiliser que du liquide pour payer et ne pas téléphoner avec son portable pour ne pas laisser de traces, ils embarquent dans un taxi réquisitionné pour l'occasion. Bien entendu, rien ne va se dérouler comme prévu. Tous les quatre ont pris rendez-vous avec une de leur ancienne conquête. Tin va revoir JoJo, son amour d'il y a vingt ans. Un bien joli brin de fille. En tout cas, dans ses souvenirs. Car quand JoJo arrive devant lui, la sirène s'est transformée en baleine. Chao rencontre une fille qu'il a embrassée, bourré, un soir de karaoké il y a trois ans. Ils s'embrassent goulûment, et tout décontenancé, il manque de payer avec sa carte de crédit. Cheung, médecin donc a priori rationaliste, dîne avec une adepte de l'astrologie. Et pas de chance, dans le restaurant il rencontre ses beaux parents. Et le pauvre Paul, son rendez-vous lui a posé un lapin.

La première mission est un échec. Mais peu importe, ils iront dans un bordel. Pardon dans un cyber café... Cela rappelle des douloureux souvenirs à Tin. C'était en 1983, avec le Neuvième Oncle et d'autres amis. Ils étaient partis aussi se taper des filles. Mais les épouses sont arrivées et le Neuvième Oncle s'est sacrifié pour ses amis et a tout endossé. Depuis il vit reclus. Pang filme ce flash-back avec tout le kitsch dévolu aux criardes années 1980 (chemises colorées, boule à facettes). Le Neuvième Oncle, c'est Tony Leung Ka-fai et sa mégère de femme, l'immense Sandra Ng, décidément un beau couple de cinéma.

Encore une fois, tout capote au bordel, pardon au cyber café. Le patron avait l'air sûr de la confidentialité, mais la police est aux portes du lieu. L'inspecteur sur place est un ami de Tin. Il l'appelle sur son portable pour qu'ils s'enfuient. Les flics soupçonnent le lieu d'avoir des filles mineures. Les journalistes sont là aussi. Difficile pour Tin et les autres de s'échapper. Ils courent, ils fuient. L'affrontement avec les journalistes arrive. Ils sont en bas, ils commencent à prendre des photos. Chuen se saisit de lances à l'eau. C'est un combat flash des appareils photo contre jets d'eau. C'est filmé comme une scène de gunfight. C'est de la pure action. C'est surtout très drôle.

Qui a pu alerter les flics ? Chao est persuadé que c'est le jeune Paul. D'ailleurs, il parle mandarin et c'est un étranger. Et c'est là que le cinéma de Pang Ho-cheung ne se contente de filmer une comédie de l'adultère. La deuxième partie de Men suddenly in black nous emmène du côté des femmes. L'avion n'a pas encore décollé que l'une d'elles a de mauvais pressentiments. Elle est sûre qu'ils vont tenter un sale coup. L'intuition, elle l'a trouvé dans le programme télé : il passe le soir même Liaison fatale. Elle réussit à convaincre ses copines de filer les garçons. Elles trouvent des indices où ils pourraient se trouver et c'est parti pour la chasse à l'homme à travers Hong Kong, ses hôtels, ses bordels (pardon ses cyber cafés).

Men suddenly in black est d'abord et avant tout une comédie, et une sacrée bonne comédie. Pang Ho-cheung connaît son métier et son film est bien supérieur au premier (You shoot I shoot) déjà pas mal. Les mimiques et la voix stridente de Eric Tsang, comme le visage penché de Chapman To qui n'esquissera jamais un sourire, y sont pour beaucoup. Mais Pang Ho-cheung aborde, l'air de rien, un sujet qui était déjà en prémisse dans You shoot I shoot : la frustration sexuelle. La quête d'un plaisir sexuel que les protagonistes n'auront de cesse de chercher sans jamais l'atteindre. Tout cela, Pang Ho-cheung le développera dans ses films suivants. Le malheur des autres fait notre bonheur de spectateur.
Jean Dorel

Men suddenly in black (大丈夫, Hong Kong, 2003, 92 minutes) Un film de Pang Ho-cheung avec Eric Tsang, Jordan Chan, Chapman To, Teresa Mo, Candy Lo, Marsha Yuan, Tiffany Lee, Spirit Blue, Maria Cordero, Tony Leung Ka-fai, Sandra Ng, Teresa Mak, Stephanie Che, Nat Chan, Lam Suet, Jim Chim, Annabelle Lau, Chin Kar-lok, Ellen Chan, Carlo Ng, Timmy Hung, Eric Kot, Cheung Tat-ming, Ken Wong, Iris Wong, Jackie Lui, Sammo Hung, Alan Tam

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