jeudi 19 juillet 2007

Hanzo the Razor : L'Enfer des supplices




Hanzo 2 L'Enfer des supplices était sorti en France en décembre 1974 sous le titre Kung fu hara kiri. La France était alors en pleine période de cinéma d'exploitation dans les salles de quartier et cela n'a pas gêné le distributeur de mettre ce titre bien stupide. Ajoutons que le film était sorti uniquement en VF et, qu'à cette époque, un nombre très limité de films japonais sortaient en France. C'est donc une résurrection à laquelle on a droit.


Hanzo est un inspecteur de police incorruptible qui veut débarrasser Edo de ses crapules. Une jeune fille assassinée est retrouvée. Il s'agit probablement d'un avortement raté. Hanzo enquête et se retrouve dans un monastère aux mœurs troubles. Ce monastère réservé aux bonzesses est en fait un bordel pour les riches hommes du coin. Sous la couverture d'un cours de thé, la bonzesse supérieure livre des jeunes filles en pâture. Et les affaires rapportent. Hanzo va tenter de comprendre ce qui se passe et régler la situation.


Hanzo sauveur de la veuve et de l'orphelin, tu parles. Hanzo est un obsédé sexuel qui ne rate jamais une occasion de détrousser les jeunes filles. Pourvu d'un sexe énorme, il est obligé, pour calmer ses ardeurs, de jeter de l'eau glacée dessus, de frapper son pénis avec un gourdin au rythme d'un métronome (ce qui a pour effet de laisser sur la planche qui soutient son sexe un moule énorme) et finalement il l'enfonce dans un sac de riz. Son fundoshi (les sous vêtements traditionnels) est gonflé et laisse exprimer son appétit sexuel.


Hanzo n'hésite à utiliser son membre surdimensionné, et toujours en quête de trous, pour faire parler ses témoins. La bonzesse est torturée avec beaucoup d'application : elle doit supporter de lourdes pierres puis, cloisonnée dans un sace de pêcheur, subir les assauts du sexe de Hanzo. La scène est très lyrique. Il est vrai que Yasuzo Masumura nous avait habitué dans La Bête aveugle à des scènes assez difficiles. C'est toujours avec la même grâce qu'il filme les femmes au cœur du plaisir des hommes. Et aussi le plaisir des femmes, car la bonzesse jouira. L'Enfer des supplices n'est pas pour autant un apologie des ces traitements dégradants.


L'Enfer des supplices (en dépit de son titre finalement aussi bête qu'il y a trente ans) est souvent très drôle, car filmé au second degré. Les aides de camp de Hanzo sont deux traîne-savates qu'il a fait sortir de prison. Quand ils se plaignent (c'est-à-dire très souvent), il leur demande " qui vous fait bouffer ? qui vous a sorti de prison ? ", après leur avoir demandé de montrer leur tatouage de prisonnier. Onibi et Masushi, ont toujours un étonnement sur leur visage. Chaque fois, ils se rendent compte que Hanzo va trop loin, mais ils lui restent fidèles.


Dans la deuxième partie du film, Hanzo doit arrêter un voleur qui s'attaque au trésor du shogun. Ici, Masumura s'attaque tout simplement à l'idée de l'hara kiri (ou le seppuku.) Hanzo a échoué dans sa mission et doit se donner la mort. Mais, ce qu'il transperce de son sabre n'est qu'une pastèque dissimulée sous ses vêtements. Masumura démystifie des valeurs qu'il rejette.


L'Enfer des supplices est esthétiquement sublime. Souvent filmé de nuit, le film est du coup parfois un peu difficile à admirer, d'autant que les sous-titres apparaissent sur l'image. Kazuo Miyagawa en était le directeur de la photographie. On lui doit l'image de Rashomon, de Contes de la lune vague après la pluie, entre autres. Shintarô Katsu et Yasuzo Masumura se sont entourés pour la musique du compositeur Isao Tomita. Et cette musique est incroyable : le funk rencontre la musique progressive allemande de cette époque (Can, Tangerine Dream). C'est complètement délirant et très étonnant.


Hanzo the Razor : l’enfer des supplices (御用牙 かみそり半蔵地獄責め,Japon, 1973) Un film de Yasuzo Masumura avec Shintarô Katsu, Keiko Aikawa, Kazuko Ineno , Keizô Kani'e, Shin Kishida, Hosei Komatsu, Toshio Kurosawa, Daigo Kusano, Kô Nishimura, Kei Sato.

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