vendredi 27 juillet 2007

Time


C’est l’été et un distributeur a décidé de sortir l'avant dernier film de Kim Ki-duk, Time sorti confidentiellement en Corée le 24 août 2006. Souffle présenté en compétition à Cannes cette année devra attendre fin novembre pour avoir une éventuelle sortie en salles.


C’est rien de dire qu’aujourd’hui plus grand monde n’en a rien à fiche d’un film de Kim Ki-duk. Je ne vais pas renier mes passions pour certains de ses films (au hasard Adresse inconnue ou Locataires qui fut mon premier texte sur Nihon-fr), mais plus le temps avance, moins j’ai envie de voir ses films.


Déjà, L’Arc m’était apparu comme un best of de ce qu’il avait pu produire précédemment : la frustration sexuelle, la recherche des racines familiales, l’individualisme triomphant, mais c’en était trop. L’insulte la plus commune faite au cinéma de Kim était d’en faire un cinéma de festival.


L’accueil de L’Arc a été glacial et le plus film l’un des plus beaux flops de toute l’histoire du cinéma coréen. Kim en a pris un gros coup à l’ego et s’est fâché avec à peu près tout le monde.


Time a été fait en réaction à L’Arc. Le film s’ancre dans une réalité commune et en renonçant à la fable. Nous sommes dans la Corée d’aujourd’hui où un jeune couple est heureux. Seulement voilà, Seh-hee est un peu jalouse quand Ji-woo regarde d’autres filles. Elle n’a pas de raison à cela, mais elle est jalouse quand même. Elle fait une grosse crise en public et disparaît.


Ji-woo déprime et sympathise avec See-hee (subtile différence de prénom) qui s’avèrera être Seh-hee qui a subi une opération de chirurgie esthétique. A un moment, on se dit que Kim Ki-duk tente de faire un film à la Cronenberg, un film sur la disparition de l’identité où seule la beauté intérieure lierait les amoureux. On se rappelle Faux semblants et A history of violence. Mais il n’a pas grand-chose d’intéressant à dire sur cela


Kim en reste au BA ba du romanesque romantique. Il échoue aussi totalement à renouveler l’idée de l’amoureuse revenante directement issue de Vertigo. Le problème principal est que désormais tout passe par les dialogues qui sont d’une lourdeur assez fâcheuse. Finalement, on préfère quand ses acteurs restent silencieux.


Time n’est pas profondément nul, il est juste dénué de tout intérêt. La seule chose réellement intrigante est l’appartement de Ji-woo : il est rempli de bobines de films et de DVD et sur son ordinateur on peut voir des extraits de Locataires. Autocitation ? A moins que Kim, faute de moyen aie tourné chez lui.


Jean Dorel


Time (시간, Corée – Japon, 2006) Un film de Kim Ki-duk avec Ha Jung-woo, Park Ji-yeon, Jang Jun-yeong, Jung Gyu-woon, Kim Ji-heon, Kim Sung-min, Kiki Sugino.

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