mardi 9 décembre 2008

Fulltime killer


Fulltime killer était le premier film de Johnnie To que je voyais. Cela remonte à six ans tout juste. A l’époque on ne parlait que de Johnnie To, on oubliait Wai Ka-fai qui a écrit et réalisé le film, rien que ça. C’était un an et demi après la sortie de The Mission et toute la presse s’était mise, d’un élan brave et naïf, à célébrer Johnnie To comme le nouveau maître du polar. Avec naïveté, car personne n’avait vu à l’époque un seul de ses films (ou peu s’en faut). Conséquence directe de cette stupide politique des auteurs qui fait des ravages dans la critique française, les journalistes se sont mis à comparer sauvagement les deux films sans se douter qu’entre temps To, souvent avec Wai, avait réalisé près de dix films. Mais c’est toujours ainsi, on s’empare d’un cinéaste et on le rentabilise. Quant à moi, je boucle la boucle puisque j’ai écrit sur chacun des films tournés par Wai Ka-fai, seul ou avec Johnnie To, et que Fulltime killer est mon dernier texte sur le cinéaste.


Au centre du récit, il y a une bataille entre deux tueurs à gages. Tok (Andy Lau) veut recevoir la Médaille d’or des assassins. Tok est un extraverti, il en fait des tonnes quand il exécute ses contrats. Sa première mission dans le film est de tuer un parrain incarcéré dans une prison en Thaïlande. Après avoir tué tous les gardiens à la manière d’un héros de John Woo, il balance un gros tas de grenades dans la cellule comme s’il lançait des confettis. Ono ou O (Takashi Sorimachi) est au contraire plus calme, plus réservé et discret, incarnant tout le flegme japonais. Le film commence par sa mission dans une gare de Kuala Lumpur en Malaisie. Quelqu’un le reconnaît ce qui risque de compromettre son crime. Après avoir tué sa cible, il est obligé de tuer son ancien camarade de classe car il ne doit pas laisser de témoins. Pour être le tueur numéro un, Tok a décidé de se débarrasser de Ono.


Entre les deux tueurs, Chin (Kelly Lin) essaie de trouver sa place. Elle travaille dans un vidéo-club à Hong Kong qui loue essentiellement des cassettes. Un de ses clients les plus assidus est un homme qui vient chaque jour avec un masque d’un président américain. Son préféré est celui de Bill Clinton, sous ce masque, ils vont voir tous les deux un film dans une salle très vide. Le cinéma marche mal à Hong Kong. Chin a un autre job, elle fait le ménage dans un appartement, celui de Ono. Et ce dernier l’observe depuis la fenêtre d’un appartement situé dans un immeuble en face du sien. Chin ignore l’activité des deux hommes et ne se montre pas très farouche, mais il faut se méfier des jeunes femmes qui ne laissent pas paraître ce qu’elles sont en vérité.


Interpol fait la chasse à nos tueurs et les policiers sont interprétés par Simon Yam et son assistante Cherrie Ying. Yam passera le film à se fatiguer à force de na pas arriver à mettre la main sur les deux tueurs à gages. Sa tenue sera de moins en moins classe, il passe du costume strict au pauvre jeans et t-shirt. Il ne se rasera plus et se mettra à trembler. Il va tenter d’écrire l’histoire de son enquête pour un roman, mais ne trouve pas la fin de l’aventure des deux tueurs. Chin va l’aider. La maladie affecte aussi Tok qui est atteint de crise d’épilepsie quand la lumière clignote.


Le scénario de Fulltime killer est tiré d’un roman à succès de Pang Ho-cheung. On retrouve parfois les signes du cinéaste (qui ne l’était pas encore à l’époque) en rendant hommage à la culture populaire. Tok compare Chin à l’héroïne du manga Crying Freeman, on y cite Alain Delon et Point break de Katryn Bigelow. Wai Ka-fai est le principal maître d’œuvre du film avec un scénario tarabiscoté comme il aime en écrire. Il offre au film une bonne dose de comédie qui permet au polar de ne pas tomber dans une grande noirceur. C’est un film polyglotte, les personnages passent de l’anglais au japonais en passant au cantonais. Mais le film reste un peu mineur, il avance en roue libre et ne parvient pas toujours à étonner.


Fulltime killer (全职杀手, Hong Kong, 2001) Un film de Johnnie To et Wai Ka-fai avec Andy Lau, Takashi Sorimachi, Simon Yam, Kelly Lin, Cherrie Ying, Lam Suet.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ayant acheter le coffret Johnnie To de Tf1 (c'est mieux que rien), je ne savais effectivement pas que ce n'était pas To qui l'avait en grande partie réalisé. Il en faut parfois peu à la critique pour faire monter un nom et oublier un autre.

En ce moment c'est Tarantino que d'un coup tout le monde adore, et c'est un peu énervant.