samedi 21 mars 2009

Tokyo sonata

Ça faisait un bon bout de temps que je n'avais pas aimé un film de Kiyoshi Kurosawa. Ça faisait de toute façon pas mal de temps que je n'avais pas vu un de ses films. Il faut dire que j'avais été tellement déçu par ce que j'avais pu voir depuis quelques années. Passons. Tokyo sonata m'a plu et je trouve que c'est un film très bien fait, bien construit et bien interprété.

Je ne me rappelle pas avoir déjà vu un film japonais qui parle du chômage. Souvent, on y voit des cols blancs comme le père de famille, mais il travaille toujours. Là, le père perd son emploi mais va le cacher à sa famille. A 46 ans, trouver un nouveau travail n'est pas une chose facile. Il faut d'abord affronter les longues files d'attente de l'ANPE locale. De nombreuses personnes (surtout des hommes) sont en file d'attente dans un escalier. Pour patienter, ils lisent. Et soudain, une voix appelle leur numéro et un agent expédie la rencontre. On ne propose au père, ancien cadre, que des métiers manuels qui l'humilient.

La vie de famille est rythmé par les entrées des membres de la famille. On se déchausse, la mère accueille chacun. Le père, chef de famille, se fait servir comme un roi. Il donne le départ du repas familial. C'est une ambiance lourde qui règne dans la famille, tout le monde se tait. C'est bientôt le mensonge qui va gangréner la cellule familiale. Le père ment sur son chômage, il ne dit rien à sa femme. Il rencontre un de ses amis et se rend qu'il est lui-même au chômage. Chaque jour, ils vont en costume cravate dans Tokyo et errent.

On ne comprend pas vraiment ce que fils fait comme métier. Il distribue des tracs aux passants. Il veut s'engager dans l'armée américaine. Mais son père s'y oppose puis doit accepter. Le plus jeune fils harcèle son professeur. Il est en CM2. Mais il veut apprendre le piano. Encore une fois et sans vraie raison, le père refuse. Il ira apprendre le piano en secret chez une voisine en la payant avec l'argent de la cantine. Chacun, petit à petit, se crée son secret. La mère est au milieu. Elle ne discerne pas ce qui est en train de se passer.

La famille coule, elle s'enfonce dans l'absurdité dès qu'elle quitte le domicile. Mais à l'intérieur de la maison, chacun tente de garder les apparences. Or, la mère ne travaille pas et devient le personnage central qui va faire révéler les secrets de chacun. Jusqu'à l'arrivée d'un cambrioleur qui va enfin la faire exister en faisant exploser sa personnalité.

Kurosawa filme à son rythme avec de beaux plans larges où la famille est filmée ensemble. Puis, on passe aux plans plus rapprochés et aux gros plans quand le chaos arrive. C'est un chaos salutaire qui finalement redéfinit la famille et qui ouvre des perspectives. Je ne saurai dire en quoi la lâcheté quotidienne est une réalité du Japon actuel. C'est plutôt sur le monde du travail que le constat est plus précis et accablant pour le Japon d'aujourd'hui.

Tokyo sonata (トウキョウソナタ, Japon, 2008) Un film de Kiyoshi Kurosawa avec Teruyuki Kagawa, Haruka Igawa, Yu Koyanagi, Kai Inowaki, Kyoko Koizumi, Koji Yakusho.

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