dimanche 5 juillet 2009

Hypertension + Hypertension 2

Ça fait déjà un bon moment que j’avais envie d’écrire sur Hypertension. La suite du film vient de sortir aux Etats-Unis et bientôt en DVD puisque sa sortie en salles en France est désormais annulée sine die. J’imagine très bien la tête des distributeurs, et celles des exploitants de salles, regardant Hypertension 2 et se demandant devant quoi ils sont tombés. Les deux films sont des monuments de vulgarité, mais des films très agréables à voir, pour qui aime un peu la comédie d’action cantonaise.


Quel rapport avec le cinéma de Hong Kong ? Beaucoup de rapports et surtout d’emprunts que les deux cinéastes démiurges se font un plaisir de rappeler tout au long des deux films. Superficiellement, les deux Hypertension ne sont que des films d’action survoltés à la mise en scène hystérique, au montage épileptique, aux clichés sur les gangsters. Pas mieux qu’une production Besson – Europacorp, diront les grincheux qui ne connaissent pas vraiment le cinéma cantonais. Les Hypertension valent beaucoup mieux. Et le plaisir vient de cela. Les amateurs de réalisme peuvent partir en courant.


La première idée géniale de Neveldine et Taylor est d’avoir engager Jason Statham pour le rôle de Chev Chelios. Statham est parmi les musclés du cinéma américain et français d’action non pas forcément le meilleur acteur du monde, mais sa musculature reste encore humaine comparée à celles de Vin Diesel ou de The Rock. Chelios est tueur à gages, mais il reste un gentil mari. Sa femme Eve (Amy Smart) est une jeune écervelée qui ignore tout des activités de son mari. La seule chose qu’elle remarque c’est qu’il arrive en survêtement à leur appartement et non pas en costard.


La vie de Chelios se trouve chamboulée par sa mort. Il a tué le roi de la pègre hongkongaise, Don Kim et ses ennemis ont injecté à Chelios un poison chinois. Il ne lui reste que quelques heures à vivre, mais il va chercher pendant tout le film l’antidote au poison. Et là, le film devient grandiose puisqu’il adopte le point de notre moribond et nous allons être embarqués dans une course poursuite contre la montre. Les effets du poison ne vont pas tarder à modifier la vue et l’ouïe de Chelios et la caméra va enregistrer ces changements.


Hypertension ose tout – et c’est ça qu’on aime – comme Tsui Hark osait tout dans certains de ses films d’action : Twin dragons avec Jackie Chan ou Time and tide beaucoup plus que ses deux films américains. On pense aussi au Big hit de Kirk Wong. Mais, c’est bien sûr à certains films de la Golden Harvest que l’on pense, aux fleurons de Jackie Chan où tout allait très vite et où l’action était tellement viscérale que l’on ne prenait même pas garde aux facilités du scénario. L’action est primaire mais l’humour est constant.


Il faut dire que les personnages que rencontre Chev Chelios sont tous barrés. Son médecin, l’impassible Dwight Yoakam, parti à Las Vegas, lui explique par téléphone (un des gags récurrents est la sonnerie désaccordé du portable de Chev) ce qu’il doit faire. Et Chev cherche de l’adrénaline. Coke, médocs, course à pied et en voiture. Mais aussi sexe. Il décide de baiser sa femme dans Chinatown – on nage en pleine histoire de triade – puis dans un hippodrome dans Hypertension 2, devant les yeux médusés de dizaines de personnes.


Le sexe, ou le cul, est le moteur du numéro deux. On a même l’impression que ça ne parle que de ça. Chev Chelios après être mort dans Hypertension se voit remplacer son cœur – encore par des Chinois. Il va carburer maintenant à l’électricité pour faire activer son cœur artificiel. Et quand son bon docteur lui dit que se frotter aux gens crée de l’électricité statique, il en profite pour se faire sa femme, qui le croyait mort, dans une scène mémorable où les sexes sont floutés. David Carradine apparaît dans un court rôle de vieux parrain de triade centenaire qui, grâce au cœur transplanté de Chelios, retrouve sa jeunesse et sa libido. Le docteur a aussi des rapports plutôt libidineux avec son assistante afro-américaine, la pulpeuse Chocolate, ce qui ne l’empêche pas de l’envoyer en mission pour truander Carradine. Quant au personnage déjanté de Bai Ling qui cherche à toute force à se coller à Chelios, il va parcourir le film en bikini et en hurlant.


Et puisque Chev Chelios est mort, pourquoi ne pas faire revivre d’autres personnages disparus, comme dans pas mal de suite qui ne s’embêtent pas avec les personnages morts. Ici, on fait revenir un jumeau qui assume le même rôle, là on fait survivre dans une machine le cerveau d’un frère. C’est finalement ce combat contre la mort, sans cesse à recommencer, qui fait des deux Hypertension des films qui se démarquent de ses concurrents (le film se moque d’ailleurs ouvertement du Transporteur). Qu’on soit figurant ou héros, on meurt à la fin pour mieux revivre dans la magie du cinéma.


Hypertension (Crank, Etats-Unis, 2006) Un film de Mark Neveldine et Brian Taylor avec Jason Statham, Amy Smart, Jose Pablo Cantillo, Efren Ramirez, Dwight Yoakam, Carlos Sanz, Reno Wilson, Edi Gathegi, Glenn Howerton, Jay Xcala, Keone Young, Valarie Rae Miller, Yousuf Azami, Laurent Schwaar, David Brown.

Hypertension 2 (Crank High voltage, Etats-Unis, 2009) Un film de Mark Neveldine et Brian Taylor avec Jason Statham, Amy Smart, Julanne Chidi Hill, Efren Ramirez, Dwight Yoakam, Art Hsu, Reno Wilson, Bai Ling, Clifton Collins Jr., David Carradine, Geri Halliwell, Billy Unger.

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