samedi 4 juillet 2009

Viva erotica


Viva erotica fait partie de ces rares films hongkongais à exploiter le thème du cinéma dans le cinéma. Ici en l’occurrence, c’est la Catégorie III qui intéresse Derek Yee et Law Chi-leung. Il y aura après ce film Those were the days, King of comedy et encore My name is fame. A l’époque de la sortie de Viva erotica, la presse à scandales avait fait ses choux gras du tournage du film. Leslie Cheung avait joué le jeu en disant que le tournage avait été très chaud. Conséquence, le film sur la Categorie III a été classé Catégorie III.

Shing (Leslie Cheung) est un jeune réalisateur frustré. Ses films ne marchent pas au box-office, excuse impardonnable. Son producteur (Law Kar-ying) parvient à trouver un financier, sans doute membre des triades (Paul Chun) pour avoir de l’argent pour un nouveau projet. Mais il impose sa nouvelle protégée Miss Mango (Shu Qi), une actrice pas très maline mais très mignonne. Et il impose également de tourner un film érotique avec des scènes de nu. Shing est effondré mais accepte. Il ne va cependant rien dire à sa copine (Karen Mok).

Le ton du film est celui de la comédie bien enlevée. Le récit débute avec une belle scène érotique entre Leslie Cheung et Karen Mok, histoire de bien donner le la de l’histoire. Pourtant, Shing fantasmait, non pas sur ses ébats sexuels, mais le fait qu’ils soient filmés par une équipe de cinéma. Fantasme, rêve ou cauchemar, Shing va s’atteler, en trainant les pieds, au tournage du film porno. Les déboires vont commencer, le joyeux bordel du tournage ne va pas être de tout repos.

Miss Mango se prend pour la star du film. Shing doit tourner avec elle une scène où elle se fait braquer par un intrus. Pour ne pas laisser tomber sa serviette et apparaître seins nus, elle lève alternativement le bras gauche et le droit, ce qui donne un beau moment de ridicule à sa scène de peur. La pin-up fait des caprices de star, elle veut être considérée comme le centre du monde. Elle est protégée par le chef de la triade et se permet tout. Shu Qi excelle dans ce rôle de ravissante idiote.

Son partenaire masculin est, comme dans Sex & zen 2, le costaud Elvis Tsui. L’acteur à moustache spécialisé dans la Catégorie III a des scènes de sexe avec Shu Qi. On voit ses fesses à lui et ses seins à elle. Présenté d’abord comme un sombre abruti, Viva erotica parvient grâce à son habile scénario à rendre tous les personnages attachants et finalement humains. L’équipe va devenir une vraie famille, unie et quand les bobines du film sont menacées par le feu et détruites, tous vont accepter de rejouer la scène manquante.

Seul Shing passe son temps à rêver. Il rêve sur un éventuel oscar pour son film, car après tout même les films porno ont le droit d’être de qualité. Derek Yee a l’habileté de ne pas faire de différence formelle entre les rêves et la réalité. Il passe de l’une à l’autre de manière réaliste, le film étant tourné souvent en caméra à l’épaule ce qui donne un aspect vériste au scénario. Le cinéaste, ancien acteur de la Shaw Brothers, a vraisemblablement mis beaucoup de lui dans son film.

Il faut voir Viva erotica comme un hommage au cinéma de Hong Kong, à son industrie. Mais c’en est aussi une critique amère. Il se permet même le luxe de faire jouer à Lau Ching-wan un rôle de cinéaste sans succès qui s’appelle Derek Yee et qui va se suicider. Coup du sort, après son suicide, son film attire beaucoup de spectateurs. Anthony Wong, quant à lui, incarne le temps d’une courte scène, un cinéaste appelé Wong qui ressemble à s’y méprendre à Wong Jing. Conscient du mépris qu’inspirent ses films, le cinéaste Wong se justifie avec humour.

Viva erotica (色情男女, Hong Kong, 1996) Un film de Derek Yee et Law Chi-leung avec Leslie Cheung, Karen Mok, Shu Qi, Law Kar-ying, Elvis Tsui, Paul Chun, Allen Ting, Lau Ching-wan, Anthony Wong, Peter Ngor, Arthur Wong, Teddy Chan, Joe Cheung, Vincent Kok, Yuen Bun.

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