lundi 3 août 2009

Encyclopédie 1956-1957

L’événement marquant des années 1956 et 1957, où seuls des films japonais sont sortis en salle en France, est pour la première fois la diffusion au public français de films d’exploitation, en l’occurrence deux Godzilla. Certes, le film est apprécié pour ce qu’il est malgré le montage français (ce qui montre que cela n’est pas une exclusivité de Besson et consorts). Mais la presse a un peu honte d’apprécier le célèbre monstre et montre un certain dédain face à ces aventures. Il faudra attendre quarante ans et la sortie du magazine HK Orient Extrême pour que le film (et ses suites) soient réhabilités. Il arrivera la même aventure à d’autres fleurons du cinéma japonais populaire (la série des Baby Cart s’est fait démontée par la critique à sortie à la fin des anénes 1970). Autre film à se faire démonter par Positif : La Harpe de Birmanie d’Ichikawa. Le film est traité de super-navet par l’auteur anonyme de la notule qui utilise le prénom du réalisateur pour faire un jeu de mots qu’on a tous fait mais que lui a écrit pour la postérité.


Couverture de Positif N°22 Mars 1957


1956


La Princesse Sen (千姫, Japon, 1954)

Sortie en France : 1er février 1956

Un film de Keigo Kimura avec Machiko Kyô, Kenji Sugawara, Raizô Ichikawa, Chieko Higashiyama, Shinobu Araki, Kan Ishii, Rumiko Komachi, Sachiko Mine, Takashi Mita, Shintarô Nanjô, Denjirô Ôkôchi, Eigoro Onoe, Eitarô Shindô, Shôsaku Sugiyama, Isao Yamagata.

Résumé : 1615. Le chef Tokugawa (Denjirô Ôkôchi), assiège Osaka, ville du clan des Togotomi. Sa petite-fille, Sen (Machiko Kyô), qui est l'épouse du chef ennemi, risque fort de périr dans la cité incendiée. Tokugawa offre la mais de Sen à qui la sauvera. Le guerrier Sakazaki (Isao Yamagata), tente l’aventure. Rescapée, bien malgré elle, de l'hécatombe, Sen pleure son mari et refuse d'épouser Sakazaki. Désespéré, celui-ci se suicide. Sen accepte de devenir la femme de Honda. Mais Le fiancé meurt avant les noces. Sen mène désormais une vie scandaleuse. Chargé de venger son suzerain, Sakazaki, le jeune Shinroku (Kenji Sugawara), tombe amoureux de la princesse. Sur l'ordre de son père, Sen est emmenée dans un couvent. Shinroku est tué alors qu' il tentait d' approcher d' elle.

Commentaire : Pour qui a vu La Porte de l'Enfer, rien ne doit surprendre dans ce nouveau film japonais. Même utilisation délicate de la couleur, même lenteur, même vedette féminine (Machiko Kyô), même chef-opérateur, récits similaires aux accents mélodramatiques, cadre, époque et mœurs qui nous paraissent très semblables. Cette production a fait partie de la sélection japonaise au Festival de Venise 1955. L'étude psychologique a beaucoup plus tenté le réalisateur que l'action. Les scènes mouvementées sont brèves et utilisées, avant tout, pour traduire les caractères et états d'âme des personnages. A ce titre, le film est réussi, car le comportement des protagonistes, et particulièrement de Sen, est parfaitement décrit. La beauté des costumes et des couleurs rend acceptable la longueur inhabituelle des plans.Machiko Kyô est une très sensible interprète, mais il est vraisemblable qu'une partie de son jeu reste imperceptible à un esprit occidental. Des autres interprètes, nous retiendrons le jeune Kenji Sugawara, garçon sympathique et plein d'allant.

Jean Houssaye, Index 1956


Fièvre sur Anatahan (The Saga of Anatahan, Japon, 1955)

Sortie en France : 15 mars 1956

Un film de Josef Von sternberg avec Akemi Negishi, Tadashi Suganuma, Kisaburo Sawamura, Shôji Nakayama, Jun Fujikawa, Hiroshi Kondô, Shozo Miyashita, Tsuruemon Bando, Kikuji Onoe, Rokuriro Kineya, Daijiro Tamura, Chizuru Kitagawa, Takeshi Suzuki, Shiro Amikura.


Comme une fleur des champs (野菊の如き君なりき, Japon, 1956)

Sortie en France : 16 mai 1956

Un film de Keisuke Kinoshita avec Noriko Arita, Chishu Ryu, Haruko Sugimura, Takahiro Tamura, Toshio Kobayashi, Kappei Matsumoto, Kazuko Motohashi, Nobuo Takagi, Shinji Tanaka, Kumeko Urabe, Keiko Yukishiro.

Résumé : La mère (Haruko Sugimura) de Masao (Shinji Tanaka) a pris chez elle pour l'aider sa nièce, Tomiko (Noriko Arita). Les deux jeunes gens vivent comme frère et sœur. De cette intimité naît bientôt un amour profond. La belle-sœur de Masao, Sada (Kazuko Yamamoto) dévoile ces sentiments à sa belle-mère, qui envoie Masao au lycée et Tomiko dans sa famille. Les parents des deux amoureux, inquiets pour l'avenir de leurs enfants, Tamiko étant de deux ans l'aînée de Masao, décident de marier la jeune fille. Celle-ci meurt à la naissance de son premier bébé, laissant Masao désespérée. Il apprendra que Tamiko a rendu le dernier soupir, serrant sur son cœur ses lettres. A l’automne de sa vie, Masao revient s'incliner devant la tombe de son plus bel amour.

Commentaire : Poétique et sentimental ce film conte, sous forme de souvenirs, la passion malheureuse d'un homme, au temps de sa jeunesse. Tout ce qui a trait au passé (la majeure partie de l'œuvre) est présenté dans un cache ovale brumeux, réduisant l’image à de très petites proportions. L’histoire, de ce fait, n'a pu être sous-titrée et est présentée en version originale, précédée d'un résumé du sujet. Ceci empêche de juger complètement de la valeur de cette production, dont le charme principal réside dans des images très artistement composées. On est surpris et gêné par les dimensions très réduites des images, à une époque où les écrans prennent des proportions de plus en plus vastes. L'éclairage est souvent nettement insuffisant et la caméra, placée loin des interprètes, les réduit fréquemment à de très petites silhouettes dont on devine seulement le visage. Néanmoins, le film dénote un sens artistique très poussé. Les images, composant de véritables estampes, finement dessinées, se détachent sur de ravissants paysages. Le rythme, assez lent, est agréable et un sentiment de poésie et de rêve s'exhale de toute l'œuvre. Shinji Tanaka est un frais amoureux et Noriko Arita une ravissante jeune fille. Chishu Ryu, qui joue Masao devenu vieux, est sobre et doué d'un sens dramatique certain.

Index 1956


Le Cheval et l’enfant (幻の馬, Japon, 1955)

Sortie en France : 13 juillet 1956

Un film de Koji Shima avec Yukihiro Iawatare, Ayako Wakâo, Yoshiro Kitahara, Bontâro Miyaké, Eijiro Yanagi, Kuniko Miyaké, Koreya Senda.

Résumé : Jiro (Y. Iawatare), le fils d'un éleveur de chevaux, se prend d'une affection toute particulière pour Le jeune poulain Takeru qui, vient de naître. Sa tristesse est grande quand Takeru se trouve vendu à une écurie de courses. Un incendie des écuries où se trouve le poulain l'a rendu si nerveux qu'il. Devient impropre à la compétition. L'intervention de Jiro rendra calme et confiance a Take qui, ainsi, gagne le Derby. Mais l'animal meurt des suites de cet effort, à La grande tristesse de Jiro qui resterait inconsolable sans l'affection 'de sa grande sœur.

Commentaire : Cette comédie dramatique a pour vedettes un cheval et un enfant qui sont toujours des éléments très publics. Spectacle de famille par excellence. Une certaine naïveté donne un certain charme à un scénario un peu conformiste. Comme dans tous les films japonais, la couleur est excellente. Bonne réalisation, sans trouvaille exceptionnelle. La séquence de la course est cependant bien réalisée et la couleur (Eastmancolor) est employée avec un goût très sûr. II y a des photographies remarquables. Très bonne interprétation dans l'ensemble, quoique un peu inégale pour nous du fait des coutumes japonaises, mais le jeu du jeune Yukihito Iawatare est remarquable.

Louis Gaumont, Index 1956


Ombres en plein jour (真昼の暗黒, Japon, )

Sortie en France : 14 novembre 1956

Un film de Tadashi Imai avec Kojiro Kusanagi, Toruo Matsuyama, Noburu Yano, Masatsugu Makita, Hiroshi Kobayashi, Sachiko Hidari, Takotoshi Naito.

Commentaire : Hors Festival de Cannes, un extraordinaire film japonais d'Imai (réalisateur de Eaux troubles) : Ombres en plein jour nous conte l'histoire d'un véritable procès qui est en cours en ce moment là-bas. Supposez qu’un cinéaste français fasse un film sur un des nombreux cas d'aveux extorqués, et ceci pendant que le procès a lieu, et pour attirer I'attention du public sur les innocents qui risquent de périr à cause des sévices policiers. Film admirable, très émouvant. Du super-Cayatte, qu'il faudra bien montrer au moins dans les ciné-clubs.

F. Hoda, Positif N°17 – juin-juillet 1956


1957


Les Bateaux de l’enfer (蟹工船, Japon, 1953)

Sortie en France : 13 février 1957

Un film de Satoru Yamamura avec Yamamura, Mori Hidaka, Kono.

Résumé : Jiro (Yukihiro Iawatare), le fils d'un éleveur de chevaux, se prend d'une affection toute particulière pour Le jeune poulain Takeru qui, vient de naître. Sa tristesse est grande quand Takeru se trouve vendu à une écurie de courses. Un incendie des écuries où se trouve le poulain l'a rendu si nerveux qu'il. Devient impropre à la compétition. L'intervention de Jiro rendra calme et confiance a Take qui, ainsi, gagne le Derby. Mais l'animal meurt des suites de cet effort, à La grande tristesse de Jiro qui resterait inconsolable sans l'affection de sa grande sœur.

Commentaire : Cette comédie dramatique a pour vedettes un cheval et un enfant qui sont toujours des éléments très publics. Spectacle de famille par excellence. Une certaine naïveté donne un certain charme à un scénario un peu conformiste. Comme dans tous les films japonais, la couleur est excellente. Bonne réalisation, sans trouvaille exceptionnelle. La séquence de la course est cependant bien réalisée et la couleur (Eastmancolor) est employée avec un goût très sûr. II y a des photographies remarquables. Très bonne interprétation dans l'ensemble, quoique un peu inégale pour nous du fait des coutumes japonaises, mais le jeu du jeune Yukihito Iawatare est remarquable.

Louis Gaumont, Index 1956


Godzilla (ゴジラ, Japon, 1954)

Sortie en France : 14 mars 1957

Un film de Inoshira Honda avec Akira Takarada, Momoko Kôchi, Akihiko Hirata, Takashi Shimura, Fuyuki Murakami.

Commentaire 1 : Ce film reprend le thème américain du monstre préhistorique réveillé par les expériences atomiques (Le Monstre des Temps Perdus, Le Monstre vient de la mer, etc). Si le monstre est mieux réussi que celui des films américains de série B, les autres trucages sentent fortement les modèles en miniature, et le scénario compliqué ennuie souvent. De plus, le monstre n'a pas de personnalité et il ne tombe pas amoureux de la jeune première. Evidemment, la condamnation des expériences est ici plus vigoureuse que dans les films américains du gente.

Non signé, Positif N°23 – avril 1957

Commentaire 2 : Le film est signé Hinoshiro Honda. Auteur de L’Aigle du Pacifique, de Marée d’amour, de Mère et fils et d’un autre film de terreur, L’Homme de neige, il vous sera bien impossible de juger de son talent à la vision de Godzilla car, pour les besoins de la distribution américaine sans doute, un certain Terry Morse s’est chargé de tourner des plans où intervient un reporter américain qui, naturellement, ne rencontre jamais les autres protagonistes. Etrange procédé qui, généralisé, permettrait sans doute de cocasses effets de montage. Je propose l’introduction dans Géant, d’une gueule bien de chez nous, chargée de commenter ce drame « typique ». Mais que dirait la Warner ? Le distributeur français ayant jugé cela encore insuffisant a opéré à un nouveau « resserrement » de cette seconde mouture pour la version française. Pauvre Inoshiro Honda.

Pierre Philippe, Cinéma 57 – N°18 – Mai 1957



La Harpe de Birmanie (ビルマの竪琴, Japon, 1956)

Sortie en France : 26 avril 1957

Un film de Kon Ichikawa

Commentaire : De Kon (sic) Ichikawa. Excusez ce « sic » indigne d'une revue sérieuse et de lecteurs encore plus sérieux mais, très sincèrement, ce super-navet ne mérite pas mieux. Figurez-vous qu'un soldat japonais se fait, après la guerre, curé (chez eux, ils appellent ça un bonze) et refuse de quitter la Birmanie avant que tous les cadavres japonais soient enterrés. Le tout, accompagné de chansons du genre Home, sweet home. Il paraît que dans cette ineptie se trouve une prise de position contre la guerre. Mais non, Monsieur, certes non. Se faire bonze et enterrer les cadavres sans chercher à punir les responsables de l’ignominie appelée guerre, ce n’est que déblayer le terrain, laisser le champ libre pour la prochaine. Cette pénible japoniaiserie festivalière est le parfait film de patronage et il suffirait juste de quelques retouches pour que se soit un admirable burlesque.

Non signé, Positif N°24 – mai 1957


Les Amants crucifiés

Sortie en France : 15 mai 1957

Un film de Kenji Mizoguchi


La Rue de la honte

Sortie en France : 25 octobre 1957

Un film de Kenji Mizoguchi


Le Retour de Godzilla (ゴジラの逆襲,, Japon, 1955)

Sortie en France : 27 novembre 1957

Un film de Motoyoshi Oda avec Hiroshi Koizumi, Setsuko Wakayama, Yukio Kasama, Minoru Chiaki, Takashi Shimura.

Commentaire : Ce coup-ci, notre vieux copain le monstre préhistorique est accompagné d'un autre animal des anciens temps, le sieur Angilos, auquel il livre une homérique bataille, détruisant ainsi toute la ville d'Osaka. C'est très réjouissant et si on ne voyait pas des humains, ce serait parfait. Malheureusement les hommes parlent trop et entre les apparitions de Godzilla ou de son confrère on perd souvent patience. A signaler aussi que Godzilla meurt (provisoirement pensons-nous) sous les glaces, comme un vulgaire monstre de Fronkenstein.

Non signé, Positif N°27 – Février 1958


Le Satellite mystérieux (宇宙人東京に現わる, Japon, 1956)

Sortie en France : 27 novembre 1957

Un film de Koji Shima avec Keizo Kawasaki, Toyomi Karita, Bin Yagasawa, Shozo Nanbu, Bontarô Miyake, Mieko Nagai.

Commentaire : C'est très sympathique. Les japonais parlant du danger de la bombe atomique ont des accents bouleversants. En outre cela fourmille d'idées : les êtres de l'autre planète qui essaient de sauver la terre du danger atomique sont de grosses étoiles avec un œil sur le ventre, pleines de charmes. Et l'étoile qui se transforme en humain pour ne pas effrayer par son aspect les terriens, copie l'apparence d'une danseuse de music-hall. L'idée est formidable : introduction de la S.F. dons le musical ou l'inverse. Que de possibilités... Minnelli, pensez-y ! Malheureusement ici rien n'est exploité à fond. ll y a quand même une belle séquence de cataclysmes et une naïveté émouvante lorsqu'elle ne tombe pas dons le ridicule comme ce flic qui régit la circulation une rose à la main.

Non signé, Positif N°27 – Février 1958

4 commentaires:

victor a dit…

très bonne idée que voici, de faire ce recensement^^
par contre j'aurai une question, connaissez vous un film de hk ou d'un autre pays asiatique du genre film d'arnaque ? car j'ai beau cherché et je ne trouve pas...

Jean Dorel a dit…

film d'arnaque HK ?
God of Gamblers.
tu devrais mieux décrire ce que tu entends par film d'arnaque...

victor a dit…

merci de la reference.
quand je parlais de films d'arnaque,je voulais dire des films comme les " 9 reines", c 'est a dire film avec escroquerie avec twist final ( ou comme film plus récent Cash avec jean dujardin, dsl de la référence avec c'est la premiere qui me vient en tête) ou film genre ocean eleven...

car je suis un inconditionel du film a twist final et je regrette que l'on retrouve trop ce gimmik en asie dans les film plutot fantastique ( ring et et ses imitations en tout genre)et non pas dans les film policiers, mais si vous connaissez des films a twist de HK ou d'asie autre que fantastique, je suis preneur....

merci

Anonyme a dit…

besoin de verifier:)