mardi 4 mai 2010

Va va vierge pour la deuxième fois



Dans les cinq premières minutes de Va va vierge pour la deuxième fois, la jeune fille (Mimi Kozakura) se fait violer, de nuit, sur le toit d’un immeuble par quatre hommes affublés en hippies. Un cinquième regarde la scène sans rien dire, sans bouger, comme tétanisé. Le générique commence, les cartons (en japonais) prennent bien garde de ne pas cacher ce viol collectif, la lumière de projecteurs éclairant encore plus le crime. Passé ce générique, un autre viol est montré. La même jeune fille est poursuivie par deux hommes au bord de la mer. L’image qui jusqu’à présent était dans un noir et blanc très contrasté est désormais teintée en bleu.




Retour sur le toit de l’immeuble. Il fait jour. La fille est au dessus d’une petite tache de sang. Le garçon la regarde. Avec ses lunettes, il semble tout à fait différent des quatre violeurs. Il est très calme, déterminé même. La discussion s’entame entre eux deux. Non pas une discussion pour se consoler, au contraire, leur dialogue est éthéré, dialectique si j’osais, quasi brechtien où la jeune fille dit que nous somme le 8 août (la date anniversaire de l’explosion de la bombe atomique) et qu’elle s’est fait violée. Très vite, ils comprennent qu’ils ont une envie commune, se donner la mort.




Le garçon et la fille flânent nonchalamment dans l’immeuble. Il se met à pleuvoir. Ils vont dans la cave se réfugier. Ils se déshabillent mais ne font pas l’amour. Elle lui demande pourtant de la violer. Plus tard, elle lui demandera de la tuer. Le viol et la mort, c’est la même chose. Les quatre violeurs passent par là. Dans un appartement, quatre cadavres (deux hommes et deux femmes) gisent au sol dans un bain de sang. C’est le garçon qui les a assassinés. La scène de meurtre est montrée, en couleur cette fois. Le jeune homme est violenté par ces quatre personnes. Puis, le garçon tuera tous les autres violeurs pour finir par se suicider juste après la jeune femme.




Kōji Wakamatsu baigne son film dans un joyeux nihilisme. Joyeux parce que nos deux jeunes personnages semblent attendre la mort comme une libération. Le film est parsemé d’une musique typique de la fin des années 1960. Du pop rock mélancolique inspiré de Pink Floyd ou de Jethro Tull, flûte triste et paroles sinistres en tête. Mais c’est surtout l’image qui frappe. Hideo Ito, chef opérateur de Va va vierge pour la deuxième fois, est un orfèvre. Le film lui appartient d’autant que les plans sont montés sur un rythme frénétique et envoutant. J’imagine qu’un message politique sur le délabrement de la société japonaise de l’époque est possible. D’autres, plus experts en cinéma wakamatsien, se charge de déceler ces messages. Je me contente des beaux plans que j’aurais aimé pouvoir montré in extenso.



Va va vierge pour la deuxième fois (ゆけゆけ二度目の処女, Japon, 1969) Un film de Kōji Wakamatsu avec Mimi Kozakura, Michio Akiyama.

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