mardi 15 février 2011

Vertiges


Le mariage bat son plein. Les hommes boivent jusqu’à s’en rendre malades et les femmes attendent en les regardant. Duyen (Đ Th Hi Yn) est dans sa robe de mariée blanche, Hai (Duy Khoa Nguyn) boit de l’alcool est s’écroule dans le lit en guise de nuit de noces. Le lendemain, ils partent s’installer dans leur nouvel appartement. Hai quitte pour la première fois sa famille, sa mère très envahissante et ses petits frères et sœurs. Il est chauffeur de taxi, elle est guide de musée (elle sait parler anglais). Ils se sont connus trois mois auparavant. Le soir, il revient épuisé de sa journée, parfois rocambolesque comme avec ce client particulier qui passe ses journées à jouer au jeu de hasard et à voir des prostituées. Elle n’a toujours pas consommé le mariage, comme on dit.

Duyen va voir son amie Cam (Linh-Đan Phm), célibataire endurcie. Elle comprend bien que ce mariage commence mal, elle regrette qu’il se soit produit si vite. L’ensemble de la critique a beau jeu de voir dans la relation des deux femmes une attirance de Cam pour Duyen. Pour ma part, je ne l’ai guère sentie. L’affiche française les montre dans une scène de fin de film, nues, or dans cette scène, loin d’être sexuelle, les deux femmes prennent un bain de vapeur pour soigner leur peau. Ce que Cam fait c’est pousser Duyen à aller voir d’autres hommes, à s’épanouir dans la sexualité, à sortir du carcan habituel et répressif de la femme vietnamienne cantonnée à son rôle d’épouse. L’homme s’appelle Thô (Jonn Tri Nguyn), beau gosse à qui elle se refuse.

Thô va embaucher Duyen pour un voyage avec des Japonais. Ils seront accompagnés d’une femme aux cheveux rasés et de sa fille. Cette femme est amoureuse de Thô mais n’a jamais pu avoir une relation saine avec lui. C’est un séducteur, une sorte de gigolo, pas un amant. Dans le même temps, Dai recueille sa jeune voisine, une adolescente espiègle qui fui la violence de son père. Chacun des deux époux va comprendre, à distance l’un de l’autre, que leur mariage est un échec. Ils sont à la dérive, terme qui correspond mieux à la traduction du titre original que vertiges. L’influence du cinéma de Tsai Ming-liang dans Vertiges est constamment présente. Par sa photographie, à la fois léchée et crépusculaire, par ses plans séquence et par le mutisme de certains des personnages. L’eau et les fluides ont une grande importance. Il pleut beaucoup (Dai joue au foot sous la pluie), une inondation a lieu en ville, la jeune voisine rêve d’une baignoire, le voyage au bord de la mer et l’amie de Thô qui se noie. Bien entendu, on pourra dire que Vertiges est un film calibré pour les festivals, mais ce qu’il raconte et sa mise en scène valent le coup d’œil.

Vertiges (Chơi vơi, Viêt Nam – France, 2009) Un film de Bùi Thc Chuyên avec Duy Khoa Nguyn, Jonn Tri Nguyn, Linh-Đan Phm, Đ Th Hi Yn, NSND Như Quỳnh.

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