dimanche 13 février 2011

A woman a gun and a noodle shop


Un marchand ambulant perse vent ses objets dans une auberge au beau milieu du désert qui attend des clients. La jeune patronne dont on ne saura jamais le nom (Yan Ni) a envie d’acheter un révolver à trois coups. Le marchand vante ses armes et montre le fonctionnement d’un canon à boulet. Au milieu du désert, le coup s’entend tant que cela alerte la police qui vient voir ce qui se passe. Le limier Zhang (Sun Honglei) soupçonne qu’il se passe quelque chose de louche dans l’auberge et que la patronne est sans doute la maitresse de son jeune employé Li (Xiao Shenyang), or l’adultère est passible de mort à cette époque. Elle et Li imaginent alors qu’ils pourraient tuer Wang (Ni Dahong), le vieux mari.

Wang décide alors d’engager Zhang pour tuer les deux amants. Il va corrompre l’homme de la force publique avec une forte somme d’argent. Zhang fait croire au vieil époux qu’il a bien tué l’épouse et Li. Il ramène des vêtements tachés de sang, prend l’argent et tue Wang. Ou au moins le laisse pour mort. Il cherche aussi à récupérer le reste de l’argent dans le coffre mais ne parvient pas à l’ouvrir et s’enfuit. Li voit le cadavre de Wang et va l’enterrer dans le désert avec le révolver. Mais il n’est pas mort et s’empare de l’arme. L’épouse n’est au courant de rien mais les valets, la jeune Chen (Mao Mao) et le gros Zhao (Cheng Ye) ont décidé de voler l’argent vu qu’ils ne voient plus personne à l’auberge.

Il commence son film comme une comédie loufoque avec l’épouse, Li, Chen et Zhao puis une fois le révolver acheté, le récit devient de plus en plus noir. L’huis-clos devient de plus en plus angoissant au fur et à mesure que Zhang plonge dans la folie meurtrière dans son appât du gain. Là où Zhang Yimou est fort est qu’il a réussi à ne pas avoir besoin de musique pour faire des effets de suspense. Il ne joue que sur la lumière, sur les ombres et sur les sons notamment des portes qui grincent, des objets qui tombent et de la sirène des forces de police, sorte de sifflet qu’un cavalier tient et que le vent fait jouer. Mieux que cela, alors que la première partie est très bavarde, la seconde est pratiquement sans dialogues. Là Sun Honglei avec son visage dur et inexpressif s’en sort mieux que Xiao Shenyang qui surjoue dans son personnage de pleutre.

Le scénario de A woman a gun and a noodle shop est inspiré de Blood simple des frères Coen. Il en est un remake officiel déplacé du Texas au désert du Zhangye et c’est un film en costumes traditionnels. Il s’agit donc pour Zhang Yimou de créer un film noir au beau milieu de la Chine. Il reprend quelques unes des scènes les plus célèbres des Coen comme l’enterrement du vieux avec la révolver qui bloque son doigt ou le final avec Zhang qui ricane juste avant de recevoir une goutte d’eau sur le visage. C’est bien entendu une idée étrange de refaire un film comme Blood simple. C’est un exercice de style que le cinéaste réussit à mener jusqu’au bout mais la question de savoir pourquoi il fait un remake reste sans réponse tant il n’amène rien de neuf à l’imagerie du film noir.

A woman a gun and a noodle shop (三槍拍案驚奇, Chine, 2009) Un film de Zhang Yimou avec Sun Honglei, Xiao Shenyang, Ni Dahong, Zhao Benshan, Yan Ni, Mao Mao, Wei Na, Cheng Ye.

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