Le lettré Ho (Shih Jun) a été chargé d’une mission par un abbé bouddhiste : traduire le sutra Mudra, extrêmement secret et ésotérique, dans un lieu reculé où il pourra travailler au calme. Ce sutra permet de communiquer avec les défunts et son pouvoir est sans doute inconnu de la plupart des hommes. Ho, en tant qu’intellectuel, ne croit guère à ces croyances. Son regard à ce sujet demeure celui d’un simple traducteur et pense que sa mission va être simple. C’est donc trou tranquillement, à un rythme nonchalant, qu’il se rend à la citadelle du nord où l’attend le général Han qui gouverne le lieu. Durant ce périple, King Hu filme les rivières, les rochers, le vent qui souffle sur les fleurs comme filmer le calme de la nature de ces montagnes.
Ho commence à avoir des hallucinations. Il aperçoit une jeune femme chanter de la flûte au bord d’une rivière, femme qui disparait aussitôt. Il arrive enfin à la citadelle qui est dépeuplée. Un homme en haillons, Chang (Tien Feng), s’exprimant par borborygmes l’accueille, enfin accueillir est un bien grand mot. Chang est le domestique de Tsui (Tung Lam), ce dernier se présente comme le bras droit du général Han. Il annonce à Ho que tout le monde est mort lors d’une bataille. Il lui fait visiter la vaste demeure où il séjournera et pourra travailler. Ho lui explique sa mission tandis que madame Wang (Rainbow Hsu) espionne leur conversation. Elle va vite entrer dans leur intimité, imposer sa présence et demander à Ho de donner des cours à sa fille. Elle exige qu’il vienne dîner chez elle le soir même. Malgré les réticences de Tsui, Ho se rend chez les Wang et va rencontrer sa fille.
Cette enfant n’est pas du tout en bas âge. Bien au contraire, c’est une adulte. Mandy (Xu Feng) ne cesse de fixer de son regard perçant Ho, elle s’assied à ses côtés et va jouer du tambourin quand la maisonnée est dérangée par un moine taoïste (Ng Ming-choi) qui vient demander la charité. Il se fait chasser par Mandy qui reprend sa musique qui hypnotise Ho. Le lendemain matin, sans aucun souvenir, il se retrouve dans le lit de la belle ensorceleuse qui affirme sans détour qu’ils doivent se marier. Ho ne comprend pas ce qu’il lui arrive mais se soumet. Métaphoriquement, King Hu montre une mante religieuse dévorant son mâle et une araignée encerclant sa proie pour signifier la relation que Mandy Wang va entretenir avec Ho. Tout ce qui l’intéresse est la traduction du sutra Mudra mais la raison n’en est pas encore donnée.
L’idée de mise en scène de King Hu pour Legend of the mountain est de donner à Ho le point de vue. Il porte un regard candide sur les événements troublants dont il est l’objet. Il n’en sait pas plus que le spectateur qui découvre en même temps que lui quels sont les rapports entre les personnages, quels sont leurs secrets et, surtout, qui incarne le bien ou le bien. Il faudra bien lui déciller les yeux. Cela sera la tâche de Cloud (Sylvia Chang), la jeune femme qu’il avait aperçu lors de sa venue. Elle est l’opposée de Mandy. Cloud a un regard apaisant, elle joue de la flûte et est l’incarnation du bien. Ho mettra un moment, parce qu’il ne croit pas au surnaturel, à admettre que Mandy est un démon qui pratique la magie noire. King Hu amène le fantastique dans son film progressivement par de subtiles touches sans effets spéciaux ni maquillages. Cette mise en scène du fantastique procède à la fois de la suggestion (on nous dit que les personnages sont des fantômes) et de preuves (le combat final entre le moine et Mandy). On se prend aussi à repérer quelques plans que Tsui Hark a emprunté dans Zu les guerriers de la montagne magique, notamment Cloud sur une statue d’éléphant.
Legend of the mountain (山中傳奇, Taïwan, 1979) Un film de King Hu avec Shih Jun, Sylvia Chang, Hsu Feng, Tien Feng, Ng Ming-choi, Tung Lam, Rainbow Hsu, Wu Jia-xiang.
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