jeudi 2 février 2012

The Story of Sue San


Après quelques années comme acteur dans divers compagnies, King Hu est engagé à la Shaw Brothers et tourne pour eux son premier long-métrage The Story of Sue San sur un scénario de son cru. Le film n’est pas à proprement parlé un opéra chinois mais inclut de nombreuses chansons qui affirment ce que pensent les personnages et inclut même un long flash-back pour la dernière chanson. Ces scènes musicales sont filmées avec de grands mouvements de caméra autour des interprètes statiques (les premières autour d’un repas) avec parfois un orchestre derrière les acteurs. The Story of Sue San est extrêmement romantique, une histoire d’amour contrarié entre un lettré et une prostituée. La mise en scène de King Hu n’apporte rien de nouveau et ressemble à celle de la plupart des films de la Shaw Brothers, another Shaw Production, comme on lit à la fin de leurs films.

Le jeune Wang Ching-lung (Zhao Lei) est le fils d’un juge à la retraite. Parti en voyage à Pékin, il remarque une belle jeune femme dont il cherche à connaitre le nom. Sue San (Bellty Loh) est une prostituée du bordel Fu Chu Huan, le plus réputé de la ville, celui dans lequel vont les notables. Littéralement charmé par sa beauté, il veut la rencontrer et va dans la maison de luxe au grand dam de son vieux serviteur qui sait que le père de Wang désapprouverait cette visite. La mère maquerelle (Hung Mei) le fait patienter en espérant en tirer un peu d’argent mais Sue San n’en a cure et fait la fine bouche. Le Maître Shen (Yeung Chi-hing) passe avant lui bien qu’arrivé après. Quand enfin, elle daigne prêter attention à Wang, il décide de partir.

Ce n’est bien sûr que partie remise. Il devait rentrer dans sa région mais annule tout pour rester auprès d’elle. Il participe de plus en plus à la vie de bordel, attend la belle des heures, ce qui satisfait la maquerelle qui voit ses gains augmenter. Elle finit par être séduite sous le regard amusé du petit marchand de graines de pastèque, Jin (Lee Kwan) le seul qui voit un peu de pureté dans cette histoire d’amour ; l’un de seuls personnages à donner quelques moments de comédie dans cette tragédie amoureuse. Le couple décide de se marier mais le père de Wang Ching-lung renie son fils qui voit ses vivres coupées. Il est bien obligé de s’installer à demeure dans le bordel, fait construire un appartement pour lui et Sue San (dans un décor typique du kitsch de la Shaw, tout en dorure, en fioriture, en clinquant refusant encore plus le réalisme).

Tout serait trop beau pour que ça dure. Le scénario n’y va pas avec le dos de la cuiller pour interrompre la vie amoureuse du couple. Wang n’a plus d’argent et doit se réfugier dans un temple tel un mendiant, vivre en haillons et souffrir de la faim. Sue San se voit obligée par la maquerelle de continuer de se prostituée, bien que mariée à Wang qui ne peut pas la « racheter ». Maitre Shen va alors proposer à Sue San de devenir sa concubine, la racheter à sa « mère » qui l’avait recueilli à l’âge de sept ans pour en faire une courtisane. Mais l’épouse de Shan, Madame Pi (Go Bo-shu) va la traiter en servante et quand Sue San s’aperçoit qu’elle a un amant, Madame Pi va chercher à l’assassiner. Le film va se poursuivre dans les larmes, le mensonge et l’injustice sans aucune subtilité. Et tandis que Sue San tombe dans la déchéance la plus complète, Wang va rentrer chez son père, devenir un magistrat incorruptible et redresser la situation dans un happy end aussi improbable que romantique.

The Story of Sue San (玉堂春, Hong Kong, 1964) Un film de King Hu avec Betty Loh, Zhao Lei, Goo Man-chung, Hung Mei, Chu Mu, Lee Kwan, Lee Ying, Cheng Miu, Ou-yang Sha-fei, Chan Wan-wa, Yeung Chi-hing, Go Bo-shu, Wong Chung, Angela Yu, Yau Gwong-chiu, Paul Chang, Tien Feng.

Aucun commentaire: