A
l’origine, le scénario de M. Moto monte
sur le ring était prévu pour être celui d’une aventure de Charlie Chan,
l’autre personnage asiatique élaboré par la 20th Century Fox. C’est finalement
Peter Lorre qui se chargera de cette enquête dans le milieu de la boxe. Dans
cet épisode, pas de déguisement ni d’Asie exotique, Moto reste chez lui et est
devenu professeur de criminologie à la police. Avec ce ton un peu hautain qui
lui est propre, il fait la leçon à des apprentis inspecteurs d’une rare bêtise,
incapables de voir plus loin que le bout de leur nez et relativement
incompétents. Mais il est là pour leur enseigner les bonnes méthodes à suivre,
c'est-à-dire les siennes. Le récit de M.
Moto monte sur le ring est centrée autour de paris truqués et du décès au
combat d’un boxeur. Comme d’habitude, Moto est en avance d’indices sur les
spectateurs et les policiers.
Ce
qui est plus intéressant est le tic de langage du détective japonais. A chaque
ineptie qu’affirme le lieutenant Riggs qui mène les investigations, Moto sort
un « Oh, so ? » avec un sourire narquois. Cette interjection est
l’équivalent du « So ka » japonais. Immédiatement, il contredit son
interlocuteur pour lui montrer comment se sont réellement les choses. Le film se
concentre sur un duo d’élèves de Moto. Ce sont Wellington (Maxie Rosenbloom) à
la gueule de boxeur et kleptomane et Lee Chan (Keye Luke, connu pour avoir joué
le vieux chinois dans Gremlins) qui
incarnait le fils de Charlie Chan dans la série éponyme. Le duo avance sur un
mode burlesque. Tout ce qu’ils entreprennent se solde par un échec. Mais ils
apparaissent comme les disciples de Monsieur Moto évoquant les rapports hiérarchiques
des films d’arts martiaux.
Après
cet épisode un peu à part, M. Moto retourne en Asie du sud est. Il se fait
passer pour un archéologue et le spectateur comprendra au fur et à mesure sa
mission : arrêter des trafiquants d’armes à la solde de rebelles. M. Moto court sa chance se déroule dans
une région proche du Cambodge (les temples d’Angkor sont visibles en images
d’archive). Les figurants eurasiens abondent, ils ne sont que des domestiques
traversant le cadre torse nu, aucun ne sera un vrai personnage. Le film invente
une région où la culture ira des danses khmères au Rajah polygame qui règne
avec l’accord des Français. Moto va affronter un gourou superstitieux et va se
déguiser en vieux mage afin de faire échouer le complot. A cela il faut ajouter
deux reporters qui filment la culture locale et une espionne. Le film propose
tout un étalage de clichés mélangeant allégrement l’hindouisme et le
bouddhisme.
M. Moto dans les bas-fonds commence au bagne de Cayenne où Moto se fait
passer pour un criminel japonais. Il s’évade avec un Français et tous deux
filent à Londres où Moto se fera passer pour son domestique. Là, il fait
semblant de ne pas bien savoir s’exprimer en anglais, parlant en escamotant les
articles, en produisant des fautes de grammaire et en arborant un sourire
benêt. Le but est de ne pas lever des soupçons quant à sa mission. Le film
prend en compte la menace de la seconde guerre mondiale qui flottait à
l’époque. Il y est question d’un diplomate tchécoslovaque en exil à Londres.
L’autre touche asiatique se trouve avec le personnage de Lotus Liu, déjà vue
dans L’Enigmatique M. Moto, le
premier épisode de la série. Elle va l’assister pour démêler les fils du
complot.
M.
Moto sur le ring (Mr. Moto’s gamble, Etats-Unis, 1938) Un film de James
Tingling avec Peter Lorre, Keye Luke, Maxie Rosenbloom, Jayne Regan, Lynn Bari,
Dick Baldwin, Douglas Fowley, Ward Bond.
M. Moto court sa chance
(Mr. Moto takes a chance, Etats-Unis, 1938) Un film de Norman Foster avec
Peter Lorre, Rochelle Hudson, Robert Kent, J. Edward Bromberg, Chick Chandler,
George Regas, Frederick Vogeding.
M. Moto dans les bas-fonds
(Mysterious Mr. Moto, Etats-Unis, 1938) Un film de Norman Foster avec Peter
Lorre, Mary Maguire, Henry Wilcoxon, Erik Rhodes, Harold Huber, Leon Ames, Forrester
Harvey, Frederick Vogeding, Lester Matthews, John Rogers, Lotus Long.
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