mercredi 12 décembre 2012

The Spooky bunch


Les fantômes, il y a ceux qui y croient et ceux qui n’y croient pas, affirme le narrateur pour lancer The Spooky bunch, deuxième film d’Ann Hui. Ceux qui croient aux fantômes, ce sont d’abord les plus anciens. Le grand oncle Ma qui est persuadé qu’une malédiction frappe sa famille et que le dernier descendant, son neveu Dick (Kenny Bee) ne pourra pas avoir d’enfants. Ce qui constitue pour lui un grand malheur. Il y a aussi la grand-mère Maria (Cheung Mang-ha) convertie au christianisme mais qui continue de croire à la réincarnation. Pour que cette malédiction cesse, le vieil oncle a engagé la troupe de théâtre de Chi (Josephine Siao), petite fille de Maria, afin que Dick se marie avec elle.

Ceux qui n’y croient pas, en l’occurrence la nouvelle génération, vont avoir de sacrées surprises car un esprit vient hanter les coulisses. C’est une petite fille qui vient taquiner avec sa petite voix espiègle les comédiens. C’est d’abord le gros Fatso (Chiang Kam) qui l’aperçoit, vient pour la draguer. Elle disparait aussitôt. Puis, c’est One (Chung Kwan), le premier rôle de la troupe qui est frappé. Il se met à s’exprimer avec sa voix, à avoir ses mimiques enfantines. Chi tente de savoir qui est cette gamine, elle interroge par One mais elle ne demande qu’une chose : regarder la télévision. Cette jeune fille fantomatique est déjà imprégnée de modernité mais elle vient d’une autre époque, des années 1930 et erre depuis cinquante ans dans les limbes. Elle fuit surtout sa maitresse (Tina Lau), une méchante femme qui crée ces apparitions de fantômes.

Enfin, c’est l’oncle Dang (Lau Hak-suen) qui est la victime des revenants. Il revit l’une de ses vies passées où il était militaire et se fait même fusiller. Dick et Chi cherchent alors, une fois que les anciens les auront convaincus qu’ils sont hantés, à contacter un moine taoïste qui pourra pratiquer l’exorcisme. L’oncle Dang sérieux comme un pape lorsqu’il dirige la troupe se transforme en vieux sénile quand il est possédé. Il se met à répéter tous les gestes et toutes les paroles de tous ceux qui s’adressent à lui, créant un burlesque non-sensique. Chi est également un personnage comique se comportant comme une gamine immature, jouant à saute-moutons avec les enfants, posant des questions puériles et provoquant les autres protagonistes avec ses caprices. Le sommet gaguesque est atteint quand, lors d’une représentation d’un opéra, où les fantômes s’invitent dans les corps des acteurs.

On ne trouve pas beaucoup d’effets spéciaux dans The Spooky bunch. Ann Hui préfère pour montrer l’arrivée des fantômes faire confiance au montage, champ : le revenant est là, contre-champ : il a disparu. Une lanterne se déplace seule au milieu de la nuit. Elle travaille aussi les sons, ceux de la voix de l’enfant qui prend possession du corps de One, les bruits des mitraillettes dans un plan large nocturne où Dang est menacé, des cris étouffés se font entendre çà et là. C’est avec des moyens très simples et très modestes (on sent que le budget du film est assez faible) qu’elle entend suggérer le surnaturel faisant confiance au spectateur qui croit sans doute encore aux fantômes. D’autres films bien supérieurs à The Spooky bunch, ceux de Sammo Hung avec ses Exorciste chinois ou la série Mr. Vampire, le génial Zu warriors of the magic mountain, se chargeront d’améliorer tout cela en passant l’action dans une Chine légendaire.

The Spooky bunch (撞到正, Hong Kong, 1980) Un film d’Ann Hui avec Josephine Siao, Kenny Bee, Lau Hak-suen, Kwan Chung, Tina Lau, Chiang Kam, Cheung Mang-ha.

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