mardi 1 janvier 2013

The Blue jean monster


Le monstre en blue-jean dont il est question dans ce film d’Ivan Lai, cinéaste qui a beaucoup œuvré dans le Catégorie III lors de sa grande époque (et notamment en réalisant Daughter of darkness) est Tsu (Shing Fui-on), policier de son état, futur papa et époux de Chu (Pauline Wong). Il est un monstre non pas à cause de son physique particulier et Shing Fui-on est une gueule du cinéma de Hong Kong, un des ses acteurs qui depuis plus de vingt ans hantent les polars avec son faciès de brute épaisse qui sait, d’un sourire, devenir le mari le plus gentil de la terre. S’il est devenu un monstre, c’est parce qu’il a trop écouté son pote Big (Tse Wai-kit), exemple parfait de la plaie qui s’incruste toujours et dont on ne sait pas comment on se débarrasse. Personnage certes comique tendance grotesque de pure tête à claques qui permet au héros d’acquérir les faveurs du public.

Big est un vieil ami de Tsu, ils sont comme frères avec les avantages (il est indic et connait toujours les mauvais coups des triades) et les inconvénients (il est très collant, sans gêne et énerve Chu). En début de film, alors que Tsu et Chu doivent aller à la clinique pour passer un examen pour le futur bébé, Big donne à Tsu un tuyau : des cambrioleurs vont s’attaquer à une banque. Il part sur le champ, laissant sa femme furieuse rentrer seule et file arrêter les méchants. Et quand j’écris méchants, ça veut dire qu’ils flinguent aux armes lourdes tout le monde dans la banque en ricanant très fort, en n’hésitant pas à tirer dans le tas avant de s’enfuir avec le pognon. Conséquence : course poursuite dans les rues de Hong Kong, puis gunfight dans un terrain vague, enfin – surprise – Tsu ne vainc pas les malfrats. Bien au contraire, il meurt, un tuyau lui transperçant le ventre.

C’est finalement rare qu’un héros meurt au bout de vingt minutes de film, enterré sous un monceau de ferraille. Un orage éclate et un éclair va le ressusciter. The Blue jean monster commence alors sa partie comédie de fantôme car Tsu doit d’abord lui-même comprendre qu’il est devenu un zombie, mais avec la plupart de ses facultés intellectuelles et physiques. C’est la meilleure partie. Shing Fui-on est à la fois balourd et convaincant dans ce rôle de flic zombie. Une série de quiproquos se développe. D’abord avec son ami Big, encore incrusté chez lui, et qui mangera les nouilles sorties du trou de son abdomen, trou causé par le tuyau et que Tsu tentera de boucher avec de la pate à cookie, qui cuira et que Big mangera. Jusqu’à ce qu’il comprenne  où ces aliments ont trainé. Tsu expliquera à son pote sa situation.

En fait, Tsu est obligé pour continuer de survivre (quel terme employer finalement ?) de s’injecter des doses d’électricité. Avant que Big ne soit au courant, Tsu s’applique un fer à repasser, l’autre croit qu’il s’électrocute et va le sauver. Là aussi quiproquo, sexuel cette fois : Chu s’est persuadée que son époux et Big sont devenus gays et amants. Elle les a trouvé l’un sur l’autre dans des mouvements langoureux. Or, parce qu’il est mort, il ne pouvait plus avoir une érection et il l’a délaissée la nuit suivante. Non seulement cela donne droit à des répliques affligeantes (une amie de Chu lui dit qu’il faut se méfier des homos parce qu’ils donnent le sida) et des situations stupides (Chu et cette amie, décidément d’une bêtise crasse, décident d’engager une prostituée (Amy Yip) pour le remettre dans le droit chemin).

On ne peut pas dire que les femmes ont le beau rôle dans The Blue jean monster. Cela ne va pas s’arranger avec le personnage de Gucci (Gloria Yip), qui entre dans l’aventure en se trouvant sur le lieu du cambriolage. Prise en otage, elle va parvenir à s’échapper non sans avoir piqué un sac plein de billets aux malfrats qui, bien entendu, vont vouloir le récupérer. Une fois les navrants et pas drôles quiproquos sexuels finis, la baston contre les méchants peut reprendre. Mais maintenant il faut supporter le jeu passablement mauvais de Gloria Yip, qui en fait des tonnes. On espère vraiment que les bandits vont la flinguer. Mais même pas. Mal scénarisé, le film, dans sa dernière partie, lorgne du côté de John Woo (Shing Fui-on avait joué dans The Killer) sans arriver à l’égaler.

The Blue jean monster (著牛仔褲的鍾馗, Hong Kong, 1990) Un film de Ivan Lai avec Shing Fui-on, Pauline Wong, Tse Wai-kit, Gloria Yip, Amy Yip, Kunimura Jun, Amy Wu.

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