lundi 21 avril 2014

Hollywood Hong Kong


Le nom Hollywood peut faire rêver. Mais à Hong Kong en 2001, Hollywood est synonyme d’un ensemble d’immeubles d’habitations qui surplombent le quartier de Tai Hom, l’un des endroits les plus pauvres de la ville. Les maisons de Tai Hom ont des planches pour murs, des tôles pour toit et des habitants qui ne sortent jamais de leur quartier pas même pour aller dans le centre commercial situé en bas du Plaza Hollywood. Hollywood Hong Kong est la chronique d’une poignée d’habitants de ce bidonville.

La famille Chu travaille dans le cochon. Le père (Glen Chin), le fils ainé Ming (Hoi Sai-nam) et le dernier Tiny (Leung Sze-ping) avec leurs impressionnantes carrures ne passent pas inaperçus. Obèses tous les trois, ils transportent des carcasses de porc sur leur épaules, puis commencent à dépiécer les bêtes, à les badigeonner et à les faires rôtir dans leur vieux réchaud. Le générique d’ouverture, avec malice, décline chaque participant au film (acteurs et techniciens) en donnant leur nom à même la peau du cochon sous la forme d’un tampon.

Un beau jour, une jeune femme (Zhou Xun) arrive dans le quartier et s’adresse à Tiny pour acheter un bout de viande. Elle s’appelle Hung Hung. Elle est charmante. Son sourire enchante les trois membres de la famille Chu. Tiny lui fait visiter le quartier, le père fantasme sur elle (la scène onirique de la balançoire où Hung Hung debout fait voler sa robe) et couche avec Ming, tout étonné qu’une fille si belle puisse s’intéresser à un gros garçon tout transpirant comme lui.

Hung Hung vient du nord. C'est-à-dire de Chine continentale. Elle parle parfaitement cantonais. Elle est connue sous un autre nom, Tong Tong par Wong Chi-keung (Wong You-nam), qui s’est lancé dans un site Internet de rencontres coquines. Elle s’inscrit sur le site pour faire profiter de ses charmes. Keung, grand maigrichon aux chemises hawaiiennes vit avec Lui (Debbie Tam). Leur relation n’est pas simple. Keung se prend pour un homme d’affaires alors qu’il n’est qu’un pauvre minable et qui déçoit sa copine.

La première heure du film est tout en douceur et humour. Les personnages ont des petits grains de folie. M. Chu a dans sa cour une truie qu’il appelle Maman. Il la traite comme son épouse (la mère de ses enfants l’a quitté) mais Fruit Chan ne se moque jamais de son personnage. Une voisine, médecin de profession mais totalement délirante, tente de convaincre Chu d’inséminer l’animal avec du sperme humain pour donner de jolis porcelets. On a l’impression qu’ils vivent dans un tout autre monde.

De la même manière, l’amitié entre Hung Hung et Tiny est filmé avec tendresse. Ils jouent ensemble, elle fait mère de substitution, elle l’emmène dans la galerie marchande. Elle mange avec bonheur les travers de porc rôtis par les Chu avant de séduire Ming dans une scène pleine de sensualité. Elle caresse les plis de gras du jeune homme qui, torse nu – sa tenue habituelle, fait cuire la viande. Fruit Chan filme la misère sexuelle sans donner aucune valeur morale.

La deuxième heure change de ton avec la révélation du rôle de Hung Hung dans le récit. Elle n’est pas dans le quartier de Tai Nom pour mettre du baume au cœur aux Chu mais pour une toute autre mission. Régulièrement, les habitants reçoivent une lettre d’un certain Peter Chau, un homme qu’on aperçoit uniquement dans sa luxueuse voiture). L’homme fait du chantage pour se débarrasser des habitants et racheter leurs taudis. Le film prend un tour presque horrifique avec une dénonciation de la malfaisance des promoteurs immobiliers.

Hollywood Hong Kong (香港有個荷里活, Hong Kong – Japon, 2001) Un film de Fruit Chan avec Zhou Xun, Glen Chin, Ho Sai-man, Leung Sze-ping, Wong Yau-nam, Debbie Tam, Wan Kam-li, Wu Wai-man, Koo Jun-na, Fong Wai-hung, Chan Wai-keung. 

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