mardi 15 avril 2014

The Longest summer


Dans ce deuxième volet sur la rétrocession de Hong Kong à la Chine, Fruit Chan reconstitue les trois mois avant l'événement que toute la population attend. Les signes, dès début avril 1997, sont là. Les petits drapeaux de Hong Kong, rouges avec la fleur au centre, commencent à se répandre dans tous les coins, Margaret Thatcher vient inaugurer le pont Tsing Ma qui relie la colonie britannique au continent, les infos ne parlent que de cela. Pour Yin  (Tony Ho) et ses amis, la rétrocession est une catastrophe. Anciens soldats britanniques, ils se retrouvent désormais au chômage.

Made in Hong Kong évoquait la fin de l’adolescence, The Longest summer est autour d'un groupe de cinq adultes qui doivent trouver du travail. La séquence d'ouverture les montre sur un radeau qui dérive au fil de l’eau, au bord d'une rivière, attendant rien ou tout, jusqu'à ce que Yin arrive de l'autre rive, tel un fantôme qui surgirait du passé. Le film questionne d’emblée cette idée d’une ville à la dérive. Pourtant, tout le film pose la question de comment accueillir le futur quand le passé est révolu, quand personne ne veut leur donner du boulot et que tout le monde à la tête ailleurs.

Personne ne lui donne de boulot à part Wing (Chan Sang), homme d’affaires un peu louche, qui se rêve parrain des triades. Yin devient son chauffeur et c’est grâce à son jeune frère Suen (Sam Lee), surnommé Chopstick (baguette en référence à son grand corps tout maigre) qu’il a ce travail de larbin. Les deux frères ont un tempérament radicalement différent. Suen est toujours bavard, vif, impulsif quand son frère est posé, réfléchi et taciturne. Leur parent s’inquiète de la dérive du cadet et espèrent que l’aîné prendra en main Suen. C’est l’inverse qui va se produire.

Wing a une fille, Jane (Jo Kuk), unique personnage féminin de The Longest summer. Les deux frères en vadrouille sur leur moto la repèrent et la suivent dans une course poursuite qui constitue un moment de quasi poésie avec des pointes d’humour. La jeune femme, étudiante, est une rebelle qui ne compte pas se laisser draguer par les deux garçons. Yin tombe pourtant sous son charme mais Fruit Chan a la grande intelligence de ne pas tomber dans les clichés de cette romance qui n’aboutira jamais vraiment, l’esquissant avec tendresse et humour, notamment avec le chien de Jane qu’ils lui piquent un soir.

Les amis de Yin sont convaincus par Suen de commettre un gros coup pour trouver de l’argent facilement. Puisque les Britanniques vont se retirer de Hong Kong, ils pensent pouvoir en profiter pour commettre un cambriolage dans la banque où l’un d’eux est vigile. Les préparatifs sont longs et les apprentis cambrioleurs peu compétents. Le film égrène les dates comme dans un compte à rebours fatal. Suen, Yin et les autres comptent sur la confusion de la soirée de rétrocession où la police sera occupée à surveiller le prince Charles qui va faire un discours.

La séquence du cambriolage est l’un des morceaux de bravoure du film. Filmé sous une pluie battante qui accentue le sentiment d’angoisse, les sept amis ne sont armés que de fusils factices, sauf Suen. Leur ami vigile est tué, la police réplique et ils sont incapables d’obtenir de l’argent. Face à ces scènes dramatiques, le film propose quelques moments plus légers. Yin va régulièrement rencontrer sur son chemin un chauffeur de taxi irascible, trois lycéennes effrontées ou un soldat écossais dont le kilt se soulève laisse apparaitre son derrière, comme une ultime ironie en cette journée de rétrocession.

The Longest summer (去年煙花特別多, Hong Kong, 1998) Un film de Fruit Chan avec Sam Lee, Tony Ho, Jo Kuk, Gary Lai, Chan Sang, Pang Yick-wai, Leung Yiu-wa, Bobby Lam, Wilson Ng, Robby Cheung, Jessica Lee, Yung Wai-yiu, Chan Wai-pang, Mou Yu-kiu, Martin Lau, Lui Gam-ching.

Aucun commentaire: