L’utilisation de l’imagerie de Bruce Lee par l’industrie du cinéma s’appelle la « bruceploitation ». Acteur au physique similaire, nom très proche (Bruce Le, Bruce Li, Dragon Lee), titre du film qui reprend les termes de ceux de Bruce Lee (Enter the deadly dragon, Enter the game of death) ou utilisation de son nom dans de nombreux titres de films, fausses biographies, tout était bon pour faire du petit dragon un élément commercial après sa mort. Fist of fear touch of death est mon nanar de l’été, un objet d’une rare nullité et d’une putasserie sans fin.
Los Angeles 1979. Nous suivons un journaliste du nom de Adolph Caesar. L’homme doit être très compétent car il se déplace en Rolls Royce. Ça rapporte le métier de journaliste. Caesar se rend à un gala d’arts martiaux au Madison Square Garden. Là bas, il veut nous montrer qui sont les héritiers de Bruce Lee, s’il en existe, et nous présenter sa théorie sur la mort de l’acteur. Il interroge Aaron Banks, organisateur du gala, qui est persuadé que Bruce Lee a été assassiné. Caesar partage cette opinion.
On suit le parcours du boxer Fred Williamson dans une scène de réveil étonnante par son caractère documentaire (l’homme se réveille, sa copine Cydra Karlyn ne veut pas qu’il parte, elle joue comme un patate). Caesar vient chercher Fred en Rolls pour l’amener au Madison. Ils évoquent l’influence de Bruce Lee sur la carrière des artistes martiaux. On voit un entretien de Bruce (doublé en anglais) prétendument tenu par Caesar. En fait, il s’agit d’une de ses nombreuses interviews pour la télé américaine où l’acteur sortait ce que les reporters voulaient entendre sur le kung-fu. Tel PPDA interviewant Fidel Castro, on se rend bien évidemment compte que Adolph Caesar n’a jamais rencontré Lee. Plus loin dans le film, notre boxer sera confronté à un discours de Bruce devant deux murs de pierre qui ne ressemblent même pas.
Passé ce petit moment de rigolade où tout cela est dit avec le plus grand sérieux du monde, Caesar nous annonce tout fier que maintenant nous allons pouvoir découvrir la véritable histoire de Bruce Lee. On se retrouve devant un film chinois en noir et blanc où un jeune homme revient dans sa famille. Son petit frère est ravi de l’accueillir mais les parents le sont moins. Or ce petit frère, c’est Bruce Lee dans un des films où il a joué dans les années 1950 lorsqu’il était adolescent. Car avant d’être la star du film de kung-fu, Bruce Lee a une longue carrière dans le mélodrame chinois. Et on doit prendre ça pour un documentaire.
Une voix off solennelle nous impose un flash back qui doit nous monter les ancêtres de Bruce Lee et notamment son grand-père qui était samouraï. Le réalisateur du montage (car il n’y a pas de mise en scène dans ce produit) confond allègrement le Japon et la Chine, car après tout ils sont tous les deux en Asie ces pays, il doit bien y avoir une frontière commune. On passe après un merveilleux flou de flash back vers ce passé et on tombe sur un film en couleur cette fois. Pour illustrer le grand père samouraï, on se retrouve devant un de ces nombreux films de kung-fu aux zooms abrupts. Impossible de déterminer quel est ce navet où ils ont changé les dialogues (comme dans le film avec Bruce Lee en noir et blanc d’ailleurs). Ils inventent une histoire grotesque d’honneur et blablabla.
On revient régulièrement sur les années 1950, on repasse par le film taïwanais aux combats à peu près aussi réussis que les fausses interviews du début. Ça dure quand même un bon tiers du film. Tout cela pour expliquer que Bruce Lee à l’instar de son grand père samouraï est venu aux Etats-Unis pour garder son honneur. (Dans la vraie vie, Bruce Lee était citoyen américain et devait retourner avant ses 18 ans aux Etats-Unis pour conserver son passeport, il y est donc retourné en 1957 interrompant sa carrière naissante à Hong Kong).
Maintenant on suit Bruce Lee dans ses activités télévisuelles (une photo du Green Hornet), on oublie ses films à Hong Kong, car nos auteurs n’en sont plus à une contre-vérité près. Le film prend même la peine de nous parler des clones de Bruce Lee avec un mec à moustache qui va sauver une fille qui manque de se faire violer par une horde de gars tout droit sortis du film The Warriors. Voilà, on sait tout de l’histoire vraie, véridique et réellement vraisemblable de Bruce Lee. Reste maintenant à montrer quelques boxeurs du gala. Un gars casse des briques, puis qui fait de la boxe et le présentateur de finir en disant que Bruce Lee est le meilleur et que personne ne pourra le remplacer car il est le meilleur. Ben, tiens !
Fist of fear touch of death est un chef d’œuvre. Un chef d’œuvre authentique que j’ai découvert grâce à une collection de DVD que m’a filé le rédacteur de Tampopo. Il y en plein d’autres chez cet éditeur qui s’appelle eastwestdvd, dont un Chow Yun-fat avant qu’il soit connu. Arigato Sebokun !
Fist of fear touch of death (Etats-Unis, 1980) Un film de Matthew Mallinson avec Aaron Banks, Fred Williamson, Ron Van Clief, Adolph Caesar, Bill Louie, Teruyuki Higa, Gail Turner, Cydra Karlyn et Bruce Lee.
2 commentaires:
tu les regardes en plus, j'y crois pas...
bientôt programmés à la cg ?
Bisettes,
Seb.
en ce moment, je suis plus Raoul Walsh quand même...
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