Une main glisse doucement sur l’eau. Cette main, c’est celle de Wang (Jet Li), un père veuf qui a amené son grand fiston Dafu (Wen Zhang) faire du bateau sur la mère. Le fils a un petit geste de la main gauche et un regard droit. On comprend immédiatement qu’il est autiste. Tous les deux ont le sourire, la mer est calme, il fait beau. Wang prend une corde, s’attache les pieds, puis ceux de son fils et lie le tout à un poids. Puis, ils se jettent dans l’eau pour mourir.
Le plan suivant de Ocean heaven montre le père et le fils marchant pour rentrer chez eux. La voisine, Madame Chai (Zhu Yuanyuan) devait garder la maison pendant leurs prétendues vacances. Une lettre d’explication l’attendait. Mais, elle ne l’a jamais lue. Elle s’étonne de leur odeur. Elle veut les aider, mais Wang, avec délicatesse parvient à ce qu’elle s’en aille, et va faire à manger comme si de rien n’était. Sans doute Madame Chai n’est pas insensible à la force de caractère de Wang dont elle dit qu’il est le meilleur père qu’elle n’a jamais rencontré. Dafu reprend ses petites habitudes comme si ce suicide avorté n’avait jamais eu lieu.
Wang a décidé de se consacrer entièrement à son fils. Il travaille au nettoyage d’un parc aquatique. Il vient d’apprendre qu’il est atteint d’un cancer et cherche une nouvelle place pour son fils. Mais le fils n’est pas autonome. Il faut l’aider pour chaque chose. Le soir, Wang lui enlève son t-shirt pour dormir et le borde comme un enfant. Il faut tout lui apprendre : à se faire à manger, à prendre le bus et à sortir à la bonne station. Et comme, il veut aussi lui trouver un boulot, c’est encore plus difficile. C’est la quête d’un centre pour autiste qui est au centre des préoccupations du père. Il est difficile d’accueillir un jeune adulte, mais il saura trouver un hospice pour lui. Là, sans doute existe-t-il une trop grande idéalisation. Tout le monde est un peu trop gentil, personne ne se moque jamais de Dafu.
Dafu est dans son monde, isolé et serein. Il vit avec ses petites manies, comme mettre un chien en peluche sur la télé, que Wang déplace chaque jour sur le canapé. Il aime surtout nager dans le grand aquarium du parc aquatique. Et le patron de Wang pense que sa nage pourrait faire une grande attraction pour le public. Mais, il faut y renoncer le jour où Dafu manque de se noyer à cause d’une faute d’inattention de son père. Au parc, Dafu va faire la connaissance de Lingling (Kwai Lunmei), une belle femme qui fait des attractions foraines et qui va lui faire découvrir une part de rêve. On imagine un moment qu’une idylle pourrait naître entre eux, mais le film évite cet écueil et l’évoque à peine.
Xue Xiaolu réalise avec Ocean heaven un premier remarquable. Jet Li dans un de ses tous premiers rôles dramatique s’avère très juste et n’en fait pas trop. Pas de grimace à la Jackie Chan. Il a trouvé le bon ton et est au diapason des autres acteurs qui déploient une finesse de jeu pour un sujet aussi casse gueule. La manière dont est montré l’autisme est sans misérabilisme. Bien au contraire, il est fait preuve d’un sens de l’humour salutaire. Tout est filmé avec un grand calme, y compris les scènes où Wang a perdu Dafu. Qui plus est, le film est éclairé par Christopher Doyle et la musique est de Joe Hisaichi. Une petite brochette de stars pour un joli petit film. Pour Jet Li, qui affirme avoir renoncer aux films de kung-fu, c’est un nouveau départ qui s’amorce bien.
Ocean heaven (海洋天堂, Chine, 2010) Un film de Xue Xiaolu avec Jet Li, Kwai Lunmei, Wen Zhang, Sik Siu-Lung, Cao Bing-kun, Ma Zihan, Zhu Yuanyuan, Chen Rui.
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