mardi 30 novembre 2010
Le Règne des assassins
vendredi 26 novembre 2010
100 manières de tuer sa femme
jeudi 25 novembre 2010
Sorties à Hong Kong (novembre 2010)
Bruce Lee my brother (李小龍傳)
Un film de Yip Wai-man avec Aarif Lee, Tony Leung Ka-fai, Christy Chung, Jennifer Tse, Wilfred Lau, Zhang Yishan, Michelle Ye, Cheung Tat-ming, Lawrence Cheng, Candice Yu. 129 minutes. Classé Catégorie IIA. Sortie : 25 novembre 2010.
The Drunkard (酒徒)
Un film de Freddie Wong avec John Chang, Joman Chiang, Irene Wan, Elena Kong, Katie Kwok, Wei Wei. 106 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie : 25 novembre 2010.
mercredi 24 novembre 2010
Outrage
Dans un monde idéal, Takeshi Kitano aurait fait, encore une fois Hana Bi. Cela aurait satisfait beaucoup de gens. Le changement de ton depuis dix ans des films de Kitano a déçu presque tout le monde, son public s’est rétréci. Bref, plus personne n’attendait un nouveau film depuis bien longtemps. On ne sait pas ce qui se serait passé s’il avait continué à faire encore une fois ces mêmes films noirs, sans doute aurait-on dit qu’il ne parvenait pas à se renouveler. Là est le dur sort des cinéastes inspirés et reconnus.
Avec Outrage, Takeshi Kitano revient à ses premières gloires. Le cinéaste est devant la caméra dans son personnage d’Otomo, un yakuza modeste, flegmatique et violent. Il travaille pour le clan d’Ikemoto (Jun Kunimura) qui s’est rendu à une grande réunion entre mafieux alliés. Réunion qui a lieu dans la villa de bord de mer du Grand Patron qui règne sans partage. Ikemoto a une alliance avec Murase (Renji Ishibashi) ce qui déplait au Grand Patron. Selon ce dernier, il doit rompre avec son « frère » ou, au moins, provoquer une dispute entre les clans. Murase refuse de payer sa part au Grand Patron et celui-ci vise son territoire.
C’est Otomo qui sera chargé d’agresser Murase et bien sûr, il ne va pas y aller avec le dos de la cuiller. Le clan de Ikemoto monte un bureau dans le quartier de Murase. Ils envoient dans son bar, un de leurs hommes qui se fait racketter. L’homme accepte de payer mais doit chercher l’argent dans son bureau. Là, il est reçu comme il faut. Murase doit s’excuser et demande à son sous-fifre auteur du racket de se couper un doigt. Mais Otomo tranche avec un couteau le visage d’un autre membre de Murase.
Chacun va devoir s’excuser à l’autre tout en commettant des horreurs à d’autres. On coupe des doigts, méthode classique mais qui est désormais jugée comme dépassé. Finalement, ce que l’on pense du film de yakuza, genre fécond il y a quelques décennies et qui ne réserve que peu de surprise aujourd’hui, si ce n’est chez certains irréductibles (une idée de l’immaturité ?). On triture une bouche avec la fraise d’un dentiste. On plante des baguettes dans le tympan. Là, on retrouve le Kitano qu’on aimait où le montage brutal fait des merveilles.
C’est un film désespéré où peu survivront. La morale n’a pas de place. De ce point de vue, Takeshi Kitano n’a pas l’hypocrisie de donner un scénario où les yakuzas auraient le beau rôle. Au contraire, les rouages de l’organisation qu’il autopsie montre un monde de vulgarité, d’égoïsme et de mensonge. Un vrai monde dégueulasse. Les tableaux qui illustraient Hana Bi, ses couleurs ont disparus. La couleur dominante est le gris. Tout l’espace est envahit par la grisaille et le désespoir. Alors, Outrage marque-t-il un retour plaisant de Kitano ? D’une certaine manière, la réponse est positive puisque son film est celui d’un homme plus mûr sur le sujet, mais c’est ce désespoir s’accompagne d’une absence totale d’humour. C’est ce qui faisait passer ses autres films et qui que Outrage est si décrié.
Outrage (アウトレイジ, Japon, 2010) Un film de Takeshi Kitano avec Takeshi Kitano, Ryo Kase, Eihi Shiina, Jun Kunimura, Kippei Shiina, Renji Ishibashi, Takashi Tsukamoto, Tomokazu Miura, Fumiyo Kohinata.
mardi 23 novembre 2010
The Killer
Avec un film tel que The Killer, il n’est pas facile pour moi de trouver de nouvelles choses à dire. Le film de John Woo a plus de vingt ans, il est considéré comme un classique depuis des années (depuis le début ?), il a inspiré plusieurs cinéastes qui, à leur tour, sont considérés comme des grands. Pour ma part, j’ai mis près de quinze ans avant de regarder à nouveau The Killer. Je ne l’aimais pas. J’ai un peu changé mon avis.
Le pivot central du film est évidemment Jeff, le personnage de Chow Yun-fat que John Woo iconise très vite en débutant le film dans une église, à côté des statues de saints. On lui demande de remplir un contrat puisqu’il est tueur à gages. L’assassinat aura lieu dans une boite de nuit où Jeff remarque Jenny (Sally Yeh, qui interprète les chansons elle-même), chanteuse qui assure l’animation. Jeff tire sur sa cible et dans la confusion Jenny est blessée par les tirs des hommes de la victime. Elle devient pratiquement aveugle. Jeff a juste le temps de mettre son écharpe blanche sur ses yeux pour la protéger.
Jeff culpabilise et va rencontrer, sans dévoiler son identité, Jenny. Il veut l’aider à trouver de l’argent pour se soigner. Il va accepter un gros contrat où il doit tuer un parrain de la mafia. Ce parrain doit assister à la fête du dragon et c’est l’inspecteur Li (Danny Lee), flic incorruptible et droit dans ses bottes qui est chargé, avec son collègue Tsang (Kenneth Tsang) de la protection de l’homme. Ce qui dégoûte Li. Quand Jeff tue le parrain, Li part à sa poursuite. Mais c’était un piège. Jeff est attendu et on tente de l’abattre. Dans la fusillade, une petite fille est blessée. Bien que poursuivi par la police, il va la conduire à l’hôpital.
Le tueur est un type bien, se dit Li. Sa hiérarchie ne l’entend pas de cette oreille. Elle veut l’abattre. Tout comme Wong (Shing Fui-on) veut l’abattre alors que c’est lui qui a commandité l’assassinat de son oncle pour prendre sa place. Bref, tout le monde veut la peau de Jeff. John Woo parvient très bien à rendre l’ambivalence de sa position. Tueur à gages, il est aussi protecteur de Jenny puis s’approche de Li dans une belle scène où ils s’appellent Dumbo et Mickey, tout sourire, en se pointant avec leurs révolvers devant Jenny qui n’imagine pas une seconde qu’ils sont ennemis. Cette séquence est devenue la marque de fabrique du cinéaste, son image de marque. Elle est devenue identifiable au premier moment faisant souvent oublier le reste du film.
The Killer n’est pas seulement un film d’action policier avec sa longue scène finale de gunfight, chose classique chez John Woo déjà présente (avec des sabres ou du kung-fu) dans ses films des années 1970. Dans cette séquence finale, le blanc (Jeff, Li et Jenny sont vêtus de blanc) s’oppose au noir (les hommes de Wong). The Killer est aussi un mélodrame où l’on voit Jenny progressivement tomber amoureuse de Jeff tandis qu’il lui fait espérer une guérison prochaine. Li est là pour contrecarrer les plans de ce couple tandis qu’il va se prendre de sympathie pour eux deux et devenir ami avec Jeff. Le mouvement circulaire des relations entre le trio n’amène aucune échappatoire. Il n’est question que de morale dans le film.
Le film brasse son lot d’émotion, d’action violente et de suspense. Il offre des images qui ont fait l’histoire. Chow Yun-fat qui est submergé par le sang quand Jenny se rappelle le moment où elle perd la vue. John Woo travaille aussi beaucoup sur le son pour rendre plus efficace son suspense. Lors d’une poursuite, Li prend en chasse un membre des triades qui se réfugie dans un bus. Le son intradiégétique disparait progressivement pour ne donner à entendre que le clic du révolver qui s’arme. Il travaille son montage lors de la fête du dragon où les plans du tambour qui va jouer de la musique alternent avec la préparation de l’exécution du parrain. Ensuite, tout est une question de croyance. Je trouvais il y a quinze ans le mélodrame simpliste et le suspense convenu, l’idée de film culte au sujet de The Killer me révulsait. Aujourd’hui, je me rends compte des qualités de mise en scène de John Woo.
The Killer (喋血雙雄, Hong Kong, 1989) Un film de John Woo avec Chow Yun-fat, Danny Lee, Sally Yeh, Paul Chu, Kenneth Tsang, Shing Fui-on, James Ha, Tommy Wong, Ricky Yi, Barry Wong, Parkman Wong, Teddy Yip.
vendredi 19 novembre 2010
To hell with the devil
Dieu, le diable, le bien, le mal, la vie, la mort et au milieu Ricky Hui. Tel est le programme de To hell with the devil, la comédie la plus réussie de John Woo. Ricky Hui est Bruce Lee, non pas une incarnation de l’acteur, mais c’est le nom de son personnage. Il ne réussit pas à séduire Peggy (Jade Hsu), d’autant que sa mère l’incite à ne pas le fréquenter. Elle préfèrerait qu’elle sorte avec quelqu’un de riche et de plus beau, en l’occurrence la star de la chanson Rocky (Nat Chan, qui en fait des tonnes).
Le destin de Bruce va changer le jour où il rencontre successivement Flit (Stanley Fung), suppôt du diable et le père Ma (Paul Chun), prêtre qui n’en peut plus de la vie. Dieu dit à Ma d’aller sauver un homme et le renvoie sur terre. Le diable dit à Flit de lui ramener une âme. Comme il se doit, c’est Bruce qui va faire les frais de l’affrontement entre les deux fantômes. Flit va commencer par lancer un sort à Bruce.
Comme notre loser est amoureux de Peggy, il va pratiquer une variété de vaudou pour éliminer Rocky. Parce qu’il est beau gosse, il va en faire un pantin désarticulé qui ne pourrait plus séduire les femmes. Evidemment, Nat Chan se défoule sur les grimaces quand Bruce lui lance des sorts. Il faut dire que la Rocky a volé une chanson à Bruce, chanson qu’il destinait à Peggy. Sa colère n’en est que plus grande. Du coup, Flit parvient à faire signer à Bruce un contrat et a droit à trois vœux.
Bruce est pauvre, il va demander à être riche. Mais être riche est terriblement ennuyeux d’autant que Peggy en profite trop. Son deuxième vœu sera de faire une femme très obéissante. La situation va encore une fois se retourner contre Bruce. Dernier vœu : puisque la richesse et l’obéissance ne lui réussissent pas, ils vivront d’amour et d’eau fraiche. Là aussi, c’est l’horreur. Il a la tuberculose, ils sont pauvres, elle a faim. Las, les vœux ne marchent pas et Bruce veut récupérer son âme. Le père Ma veut sauver notre homme.
La mode de l’époque était aux comédies de fantômes. John Woo détourne le genre en faisant de sa farce une apologie de l’église catholique à laquelle il appartient. Les traditions païennes (les sorts lancés) sont montrées comme très néfastes. Ça n’est pas pourtant une critique acerbe. Le film est une comédie de plutôt bonne facture où les gags fonctionnent bien. Moment génial quand Ricky Hui se déguise en vieille femme dans une parodie de soap opéra. Le final, comme souvent chez John Woo, est le morceau de bravoure. Dans To hell with the devil, le combat se transforme en jeu vidéo où l’harmonie des couleurs crée une abstraction d’une grande beauté.
To hell with the devil (摩登天師, Hong Kong, 1982) Un film de John Woo avec Ricky Hui, Stanley Fung, Paul Chun, Jade Hsu, Nat Chan, Chung Fat, John Shum, Wong Man.
mardi 16 novembre 2010
Wong Tin-lam (1928-2010)
Je n’ai pas l’habitude de faire des nécrologies, mais avec la mort de Wong Tin-lam aujourd’hui c’est plus d’un demi-siècle de cinéma de Hong Kong qui disparait. Entre 1950 et 1980, Wong Tin-lam a réalisé 125 films dont un grand nombre d’opéra cantonais, genre très populaire dans les années 1950. A partir de 1965, il travaille pour le Cathay Studio pour qui il alterne drames et comédies en mandarin. Je n’ai jamais eu l’occasion de découvrir un seul des ses films. En revanche, sa bonne bouille de gros (Fatso) était connue et reconnue de tous. Il a été acteur dans plus de 60 films. Sa carrière d'acteur a démarré après celle de cinéaste et a pris une belle ampleur quand son fils, Wong Jing, l’a embauché en lui offrant notamment les rôles d’Oncle dans ses films de triades. Mais c’est sans doute grâce aux films de Johnnie To (13 films ensemble) qu’il a popularisé ses rondeurs, sa lenteur pour marcher et sa voix lancinante. Dans Election 2, il était l’Oncle Teng-wai que Simon Yam pousse dans les escaliers pour prendre le pouvoir. Son dernier film était Bad blood de Dennis Law sorti en janvier 2010.
Tampopo
La différence principale entre les spaghettis et les ramen est que les spaghettis doivent se manger sans faire un seul son. C’est ce qu’enseigne une dame bien sous tous rapports à une assemblée de Japonaises qui veulent connaitre la cuisine occidentale. Mais les habitudes sont difficiles à perdre et elles mangent leurs pâtes italiennes comme des ramen japonaises. Tampopo (Nobuko Miyamoto), restauratrice de pâtes japonaises, sait bien qu’un bol de ramen se mange en aspirant de manière sonore les pâtes, puis que le client doit boire le bouillon jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien.
Le problème est que Tampopo cuisine mal. Elle en conséquence peu de clients, si ce n’est son ami d’enfance Piksen (Rikiya Yasuoka), un gros lourdaud qui tente de la draguer depuis qu’elle est veuve. Tampopo a aussi un jeune fils qui est le souffre douleur de ses camarades de classe. Là arrive Goro (Tsutomu Yamazaki) dans son camion, coiffé de son chapeau. Tel un cow-boy, avec son collègue Gan (Ken Watanabe), il s’arrête dans ce bouiboui parce qu’ils ont faim. Les nouilles ne sont pas très goûteuses. Les deux hommes comprennent vite le problème : Tampopo ne fait pas assez bouillir son eau, son bouillon n’a pas de saveur. Goro demande à Piksen de se taire et une bagarre s’en suit.
Goro, tel un pygmalion, va prendre en charge Tampopo pour en faire en un mois la meilleure restauratrice de nouilles du quartier. Première étape, muscler notre héroïne dans un entraînement à la Rocky. Le but : qu’elle parvienne à porter les énormes cocottes utiles à la cuisson des nouilles. Deuxième étape : allez voir les autres restaurants pour comprendre comment accueillir les clients, les servir vite et se rappeler ce que chacun a commandé. Troisième étape : essayer de découvrir les secrets des meilleures recettes de bouillon et de ramen. Quatrième étape : rénover le restaurant qui, depuis la mort de l’époux de Tampopo, n’a pas été rénové. Tampopo est un film de combat, mais sous la forme d’une comédie.
Pour atteindre ces objectifs, Goro va s’allier de quelques personnes. Gan évidemment qui le soutient constamment et constate qu’une amourette pourrait naître entre Goro et Tampopo. Puis un vieux clochard grand connaisseur des nouilles qui va apporter son savoir pour inventer un bon bouillon. Puis le chauffeur d’un amateur de bons plats qui va confectionner des nouilles de bon goût. Et enfin Pisken lui-même qui, après s’être battu avec Goro, sympathise avec la troupe. Il va proposer de refaire la déco du restaurant. Toute cette belle équipe va attirer toute notre sympathie, mais le film donne surtout très faim puisque dans Tampopo on n’arrête pas de parler de bons plats pendant deux heures.
Parce que Juzo Itami dans sa grande générosité aime parler de repas, il scande Tampopo d’interludes culinaires qui n’ont pas de rapport avec le scénario central. Le film commence d’ailleurs avec un homme bien habillé, suivi de ses hommes de main et de sa copine, qui rentre dans un cinéma et s’adresse au cinéma en disant qu’il ne supporte pas les spectateurs qui mangent des chips en faisant du bruit. Plus tard, on retrouvera cet homme en train de faire des jeux érotiques avec des aliments. On verra aussi des hommes d’affaires aller manger dans un restaurant français et ne rien comprendre au menu. Une vieille dame tester tous les produits d’un magasin au grand désespoir du gérant. Et encore d’autres petites histoires savoureuses. Un ravissement.
Tampopo (タンポポ, Japon, 1986) Un film de Juzo Itami avec Tsutomu Yamazaki, Nobuko Miyamoto, Ken Watanabe, Kôji Yakusho, Yoshi Katô, Rikiya Yasuoka, Mario Abe, Sen Hara, Isao Hashizume, Hisashi Igawa, Kensô Katô, Toshimune Kato, Yoshihiro Katô, Fukumi Kuroda, Nobuo Nakamura.
dimanche 14 novembre 2010
Hit team
Mon intérêt pour les films de Dante Lam me pousse à aller voir certains de ses premiers films. Il occupe aujourd’hui dans l’industrie du cinéma de Hong Kong une place de choix depuis quelques mois. Il semble se spécialiser dans le polar sophistiqué profitant de l’absence de Johnnie To depuis deux ans. Dante Lam n’arrête pas de tourner après ses mésaventures (involontaires) consécutives au scandale d’Edison Chen. Il a du retourner Sniper et affronter un échec programmé.
Hit team a été un succès. Son scénario repose sur un des vieux ressorts du polar, soit l’affrontement entre deux équipes de police. D’un côté, l’équipe de Chau (Daniel Wu) composé de BJ (Poon Chit-yuen), Jane (Jo Koo) et Sam (Samuel Pang). C’est une escouade d’intervention, mais ils sont très unis. De l’autre côté, Don (Alex To) et les membres de la DSU parmi lesquels Ho (Chin Kar-lok), flic infiltré, qui, à la suite d’une fusillade dans laquelle il est pris pour cible, se retrouve grièvement blessé. Il vit désormais sur un fauteuil roulant et a du mal à payer ses soins.
Ces collègues décident, menés par Don, d’aller chercher de l’argent là où il se trouve. C'est-à-dire dans les banques clandestines des triades. Cela part d’un sentiment noble mais la méthode n’est guère légale. Don et sa bande ne veulent pas faire de mal. Ils se procurent des armes et les moyens d’entrer dans cette banque. L’assaut doit être rapide pour juste prendre les petites coupures. Mais tout ne se passe pas comme prévu et Don abat les gangsters. Les mafieux à qui ils vont s’attaquer ne sont pas des tendres. Brother Joe (Joe Lee) cherche à se venger, il comprend très vite que ce sont des flics qui ont fait le coup. Chau s’en rend vite compte aussi.
La guerre des polices n’a rien à voir avec un affrontement de puissance. C’est de morale qu’il s’agit. Chacun va faire valoir la sienne. Don trouve immoral que l’on n’aide pas Ho et tout à fait moral que l’on pique aux mafieux. Chau comprend les motivations de Don mais n’y adhère pas. C’est dans ces nuances que se forge la différence narrative de Hit team. C’est un récit au premier degré, sans humour, d’une grande noirceur mais terriblement affaibli par une musique bas de gamme.
Le film est également encombré du passé tourmenté de Chau et de son angoisse de ne pas savoir. A vrai dire, ces scènes au bord de l’eau, ne sont là que pour montrer Daniel Wu torse nu. Une concession à son cortège de fans. Justement, le film est très masculin. Les femmes sont très absentes si ce n’est Jane, qui de toute façon se comporte en homme. Aucun de ces hommes d’action n’a de femme. Mais, contrairement à Heat team, Hit team n’entame pas encore le virage de l’homoérotisme qui fait le charme des comédies d’action de Dante Lam.
Hit team (重装警察, Hong Kong, 2001) Un film de Dante Lam avec Daniel Wu, Alex To, Ruby Wong, Jo Koo, Samuel Pang, Chin Kar-lok, Joe Lee, Poon Chit-yuen, Allan Mo, Wong Wai-fai, Cheung Shui-chit, Clarence Cheung, Monica Lo, Michael Lui, Joe Ma, Olivia Fu.
samedi 13 novembre 2010
La Légende est née, Ip Man
jeudi 11 novembre 2010
La Dernière chevalerie
Après quelques films relativement impersonnels, dont quelques comédies burlesques à succès, John Woo semble s’épanouir pour la première fois avec La Dernière chevalerie. On ressent enfin qu’il a les coudées franches dans sa mise en scène et que son style personnel s’affranchit des contraintes du studio pour livrer son premier film qui traite vraiment des l’un de ses thèmes favoris : l’amitié amoureuse entre deux hommes.
Ces deux hommes, Tsing Yi (Damian Lau) et Chang San (Wei Pai), sont tous deux épris des mêmes sentiments de liberté. Ils n’ont pas l’ambition de devenir les maîtres du monde. C’est ce qui les différencie de Gao Pang (Lau Kong) et de Pak Chung Tong (Lee Hoi-sang) qui se querellent pour avoir le plus haut degré de pouvoir. Ils se disputent les terres et le palais qui feront d’eux le chef local et tous les coups sont permis. Le père de Gao, moribond, vient de s’accaparer les terres de Pak qui cherche à se venger. C’est donc une lutte de pouvoir entre les deux propriétaires, qui vont allégrement endosser les costumes de méchants, que va se décider le destin de Tsing Yi et Chang San.
Toute la mise en scène de John Woo va s’articuler autour des trahisons que les différents personnages vont faire. En commençant par la femme de Gao, ancienne prostituée mais qu’il présente comme une femme du monde. Gao a acheté sa liberté pour 1000 taels et elle a accepté de Pak, pour le double de cette somme, d’assassiner son époux. Les coups bas se font jusqu’au milieu du foyer familial. Gao ira jusqu’à trahir son père pour s’emparer de l’épée familiale symbole de pouvoir, comme si un instrument suffisait à incarner l’autorité. John Woo entend démontrer que la valeur inverse est la meilleure.
L’amour que se portent Tsing Yi et Chang San ne repose sur rien d’autre que des sentiments bienveillants et aucunement sur des valeurs matérialistes. La trahison que ferait d’ailleurs Tsing Yi est à ce titre une fausse piste narrative immédiatement reconnaissable et contredite par la mise en scène de John Woo. Les regards que se donnent les deux hommes lors de leurs serment d’amitié, devant une cascade, est sous le signe de la nature et non de la culture. Ce serment vaut pour soi, il est d’ordre naturel et n’est pas établi en vertu d’un quelconque rapport politique, social ou guerrier. Il est instinctif, quasi animal et totalement amoureux. Leur regard, yeux dans les yeux, est un hommage aux films de Chang Cheh.
La Dernière chevalerie se veut comme un hommage à la Shaw Brothers. Tout y concourt : les décors souvent en carton pâte les rappellent irrémédiablement. On craint que souvent les personnages ne se prennent les pieds dans les fleurs étincelantes du jardin. Pourtant, de nombreuses différences sont visibles, notamment dans le design sonore des combats. Les bruits des sabres sont mis à l’épreuve d’une réverbération du son. Mais, dans la séquence finale qui dure près de quarante minutes, que La Dernière chevalerie étonne. Autour du rouge, couleur du sang comme du bonheur, Tsing Yi et Chang San vont successivement affronter Pak et Gao dans un combat à mort où l’esthétisme et les défis aux lois de la gravitation priment.
La Dernière chevalerie (Last hurrah for chivalry, 豪俠, 1979) Un film de John Woo avec Damian Lau, Wei Pai, Lau Kong, Lee Hoi-sang, Hsu Hsia, Fung Hak-on, Chin Yuet-sang, Ngai Chau-wa, Cheng Lui, Huang Ha, Wang Kuang-Yu.
Sorties à Hong Kong (novembre 2010)
Merry-Go-Round (東風破)
Un film de Mak Yan-yan avec Nora Miao, Teddy Robin, Ella Koon, Lawrence Chou, Denise Ho, Siu Yam-yam, Joe Cheung, Wilfred Lau. 125 minutes. Classé Catégorie I. Sortie : 11 novembre 2010.
Vampire warriors (殭屍新戰士)
Un film de Dennis Law avec Chrissie Chau, Lo Chung-chi, A. Lin, Jiang Lu-xia, Yuen Wah, Pinky Cheung, Chin Siu-ho, Hung Yan-yan. 96 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie : 11 novembre 2010.
mercredi 10 novembre 2010
Hand of death
La Bande annonce de Hand of death décrit le film comme extrêmement documenté sur les arts martiaux de Shaolin, extraits à l’appui. On y voit les héros que l’on va découvrir se battre selon des techniques éprouvées. Effectivement, Hand of death est lancé avec une explication sur le passé de Shaolin, son histoire et sur le présent situé quand le film commence. On comprendra vite que cette idée documentaire n’est qu’une image publicitaire.
Su (James Tien) est un potentat mandchou qui ne supporte pas la résistance des adeptes de Shaolin qu’il interdit sur son territoire. Or, cette résistance s’organise bien que les différentes écoles aient été dispersées. Su dirige ses troupes comme des esclaves soumis à son pouvoir. Son homme de main Tu Ching (Sammo Hung) est chargé des basses besognes. Il doit éliminer Yun Fei (Dorian Tan) qui cherche à réunifier Saholin avec l’aide de ses amis qu’il rencontre au cours de son voyage : Tan (Jackie Chan), Cheng (John Woo) et Lanze (Yeung Wai).
Le scénario est classique dans ce film en costumes d’arts martiaux de John Woo. Le bien doit triompher du mal incarné par le personnage de Su qui n’agit que pour lui-même en ne cherchant rien d’autre qu’augmenter son pouvoir. Le bien est représenté par différentes castes. Cheng est lettré, Tan est un homme de terroir et Lanze un aventurier. Mais chacun se reconnait des qualités et en premier lieu celle de la loyauté à un idéal commun.
Les thématiques du cinéaste commencent timidement à apparaître dans Hand of death. Ce sont aussi celles du wu xia pian, loyauté, fraternité et respect de l’autorité juste. John Woo balbutie pour l’instant mais il fait des expériences. Il apparait clair que Sammo Hung a dirigé les chorégraphies des combats (on retrouve son style si particulier). On sent que John Woo expérimente dans les scènes dialoguées où la place des personnages devient primordiale. Le cinéaste s’exerce aussi au montage alterné et soigne ses flashbacks.
Hand of death se suit plaisement. Le mal incarné par James Tien est suffisament cruel, mais encore humain, pour être crédible. Ce qui plait surtout est de voir Sammo Hung affublé de fausses dents qui l’empêchent presque de parler et lui donnent un air crétin, de voir John Woo dans un rôle de lettré pratiquement sans dialogues et Jackie Chan encore très jeune et mal exploité. Hand of death est sorti en salle en France en 1982 sous le titre Shing le fantastique mandchou.
Hand of death (少林門, Hong Kong, 1976) Un film de John Woo avec Dorian Tan, James Tien, Jackie Chan, Sammo Hung, John Woo, Chu Ching, Yeung Wai, Wilson Tong, Gam Kei-chu.
lundi 8 novembre 2010
Filmographie : John Woo
samedi 6 novembre 2010
La Revanche des dragons + Les Jeunes dragons
Les deux premiers films de John Woo, tous deux sortis en 1975 sous son nom chinois Wu Yu-sheng, ont été produits par Raymond Wong pour la Golden Harvest. Films de jeunesse plus ou moins renié par le cinéaste, La revanche des dragons et Les Jeunes dragons sont dans la tradition du film d’action de l’époque avec son lot de loyauté, de combats qui n’en finissent pas et d’effets sonores pour bruiter les coups que se donnent les adversaires.
La Revanche des dragons, comme son titre ne l’indique pas, implique la bataille entre les différents arts martiaux. Fan Tsong-jie (Carter Wong) arrive dans une ville où les différentes écoles d’arts martiaux s’affrontent : karaté contre taekwondo. Le méchant du film, Yen Ku (Gam Kei-chu) aidé d’un Japonaise pas commode, veut, comme dans La Fureur de vaincre, prendre le contrôle de toutes les autres écoles de la ville. Nankung (James Tien) dirige une école menacée. Il va accueillir Fan et ce dernier en retout va s’initier au taekwondo alors qu’il ne connait que le kung-fu.
Il va s’agir dès lors de déjouer les manigances de Yen Ku qui menace le duo de combattants dans leur amitié. Les deux nouveaux amis partent s’entrainer dans un monastère isolé sur une montagne enneigée. Maître Shen (Ji Han-jae) dirige ce monastère où il habite avec sa fille Ming-mei (Chin Chang-shou) qui est la fiancée de Nankung. On comprend vite que Fan n’est pas insensible aux charmes de la demoiselle mais en tant qu’homme de valeur, il ne va pas chercher à la séduire.
Si La Revanche des dragons est un film contemporain, Les Jeunes dragons se situe au début du 20ème siècle. Fan-min (Lau Kong) est un jeune policier qui doit enquêter autour d’un trafic d’armes à feu. Le commanditaire de ce trafic est Long (Chiang Nan) dont l’homme de main est le violent et cruel Yun-fei (Fung Hak-on). Mais les armes sont volées par Jian (Yu Yung), un barroudeur qui fume ses cigarettes au bout d’un fume cigarette. Il a aussi l’habitude de les allumer en craquant ses allumettes d’un geste distingué. Son fidèle complice, Filou (Ng Ming-choi), jeune petit gros essaiera de l’imiter en vain.
Jian est très lié à une prostituée Hung (Woo Gam) qui pique l’argent de ses clients (dont Dean Shek qui fait sous lui de plaisir). Elle lui sert d’espionne pour ses prochains coups pendables. C’est parce que Filou pique le portefeuille de Fan-min qui ce dernier fait la connaissance de Jian. Alors qu’ils n’auraient pas dû devenir amis, les deux hommes vont s’unir pour lutter contre Long et ses sbires. D’autant que Yun-fei a pris en otage Fung (Tanny Tien) la fiancée de Fan-min et Hung dans la maison isolée de Long.
Dans les deux films, de nombreux combats sont visibles avec des finaux qui durent près d’un quart d’heure chacun mis en scène sans aucune musique. Ces deux derniers combats se déroulent, comme dans beaucoup de films de la Golden Harvest, dans un grand champ ce qui permet à John Woo de nous offrir quelques beaux zooms. Les deux films recèlent aussi quelques seins dénudés histoire d’attirer un peu le chalant. Certains plans évoquent le style de Chu Yuan avec la caméra placée devant des obstacles divers (plantes, meubles) pour filmer les personnages. Voici donc les débuts au cinéma de John Woo. C’était en 1975.
La Revanche des dragons (The Dragon tamers, 女子跆拳群英會, Hong Kong, 1975) Un film de John Woo avec James Tien, Carter Wong, Yeung Wai, Gam Kei-chu, Chin Chang-shou, Ji Han-jae, Chan Chuen, Hsu Hsia, Yuen Wah, Chik Ngai-hung.
Les Jeunes dragons (The Young dragons, 鐵漢柔情, Hong Kong, 1975) Un film de John Woo avec Yu Yung, Tanny Tien, Dean Shek, Woo Gam, Cheng Lui, Lau Kong, Chiang Nan, Fung Hak-on, Ng Ming-choi, Chin Yuet-sang, Shing Fui-on, Li Min-lang, Fung Ging-man, Sai Gwa-pau.