lundi 5 mars 2012

Hello, late homecomers


Hello, late homecomers est un film composé de trois histoires réalisé par trois cinéastes (John Woo, Louis Sit et Lau Tin-chi) avec comme acteur principal Louis Lo Yuen. Peu connu (je ne l’avais vu que dans un Chow Yun-fat de ses débuts, Their private lives), Louis Lo Yuen est un grassouillet qui porte des lunettes carrées et est persuadé d’être un Apollon. La première matière de son comique est donc le contraste avec son physique banal, voire ingrat, et son ambition sexuelle. Le sujet du film est les femmes qui font subir quelques déboires amoureux à notre héros. Elles vont lui en faire voir des toutes les couleurs et le placer dans des situations humiliantes donnant ainsi une volonté de burlesque où son corps sera malmené, sa position de mâle ridiculisée et ses tentatives de parvenir à coucher avortées.

Dans Till we meet again, Louis Lo Yuen parie avec deux de ses amis (dont Karl Maka qui portait encore des cheveux) qu’il réussira à coucher avec une femme choisit au hasard dans les vingt-quatre heures. Dans Heart on her undies, il porte un caleçon sur lequel sa maîtresse a cousu un cœur. Le caleçon disparait et il part à sa recherche. Dans Little men’s big hopes, il est le mari d’une femme acariâtre qui ne lui laisse aucune liberté. Sa maîtresse le convainc d’engager un tueur à gages pour l’éliminer. Dans les deux premières histoires, Louis Lo Yuen sera le dindon de la farce, celui dont tout le monde se moque. Ainsi Karl Maka a fait un arrangement avec la jeune femme (une prostituée) pour lui soutirer son argent. Ne nous y trompons pas, le film est d’abord le moyen de montrer les actrices en maillot de bain, en petite tenue, voire entièrement nue, comme dans le dernier sketch. Le film déploie aussi des gags pas franchement fins qui vont du plus bête (on marche sur les pieds des autres) au plus élaboré (un serveur lit à très haute voix une lettre de drague dans le restaurant) en passant par le graveleux (Louis Lo Yuen frotte un concombre, une courgette puis un cornichon sur la joue d’une fille qui ne le voit pas, elle le reconnait avec le cornichon).

Des trois, c’est la dernière histoire qui est la mieux mise en scène parce qu’elle confronte eros et thanatos, l’amour et la mort. Louis Lo Yuen est donc un mari brimé par sa femme. Elle le harcèle à chaque minute de la journée en lui demandant avec une voix autoritaire qu’il lui dise qu’elle l’aime. Il lui répond avec une toute petite voix. Elle adore sucer des glaçons (pourquoi, je ne sais pas) et refroidit sa chambre où Yuen se gèle. Elle le surveille jusqu’aux toilettes. Son échappatoire est sa jeune maîtresse qui est aussi sa secrétaire. Il place tout un stratagème chez lui, sur les conseils d’un tueur à gages pas franchement très compétent, pour assassiner son épouse. On voit d’abord l’installation minutieuse des pistolets, couteaux, câbles électriques, poison destinés assurer son sale coup. Ce n’est pas seulement la surabondance de moyens pour tuer sa femme qui fait sourire, mais c’est aussi que pour la première fois Yuen prend en main sa vie, il met en scène son meurtre tel Michael Caine dans Le Limier dont on sent les emprunts.. On reconnait dans ce sketch l’amorce du style de John Woo quand dans ses polars des années 1980, les gangsters planquaient des armes dans les pots de fleurs ou sous la table. John Woo lance ensuite sa chorégraphie quand l’épouse revient : pour Yuen, il s’agit d’éviter les pièges qu’il a lui-même tendu, le rythme s’emballe pour un final qui doit plus au cinéma de kung-fu qu’à la comédie.

Hello, late homecomers (Hello! 夜歸人, Hong Kong, 1978) Un film de John Woo, Louis Sit et Lau Tin-chi avec Louis Lo Yuen, Yik Ga, Chan Wai-ying, Fung Hak-on, Lee Hoi-sang, Cheng Lui, Cheng Fu-hung, Lam Hau-yi, Karl Maka, Lau Hok-nin, Tong Kam-tong, Fung Fung, Ho Pak-kwong, Lau Kwok-shing, Ma Chung-tak, Lee Wan-lung.

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