lundi 17 janvier 2011

Dong


Lors du tournage de Still life, Jia Zhangke a réalisé un documentaire autour du peintre Liu Xiadong. Les œuvres de Dong consistent à des grandes toiles représentant des hommes ou des femmes assis ou accroupis. Ils sont peints en grandeur nature. Dong consiste à montrer l’homme au travail sur le site de construction du barrage des Trois Gorges qui est aussi le lieu de l’action de Still life. Liu Xiaodong parle un peu de sa philosophie, fait quelques mouvements de kung-fu pour rester en forme et ne manque jamais d’humour.

Avec beaucoup de douceur, Dong se mêle aux ouvriers. Ils jouent en carte en tenue décontractée, la plupart sont torse nu en slip ou en short. Le peintre adopte la même tenue. Il leur fait tenir la pose et commence sa toile. On en verra les étapes puis le résultat final. La caméra de Jia Zhangke maginfie ces corps par des lents travellings, comme à son habitude. Les deux artistes veulent montrer ceux que l’on ne voit d’ordinaire jamais. Ils seront filmés et peints pour la postérité, tandis que le décor dans lequel ils se trouvent, n’existera bientôt plus une fois que l’eau aura englouti toutes ces villes sacrifiées.

La deuxième partie de Dong amène le peintre en Thaïlande où il décide de peindre onze jeunes femmes, soit le même nombre que les ouvriers chinois. Il semblerait que ces demoiselles soient des prostituées. Jia les filme parfois dans la rue à attendre un client avec leur sourire forcée. Il n’est pas la peine de raconter leurs vies, on les comprend très vite. Ainsi, cela rebondit sur la scène terrible où Dong va dans la famille d’un ouvrier décédé dans une démolition. Dong tente de consoler la famille avec des cadeaux. En Thaïlande, à cause de la barrière de la langue, on ne discute pas. Le film est comme une courte ballade déprimée sur un monde de déracinés auquel il n’y a plus que le cinéma qui puisse rappeler que ces personnes existent.

Dong (, Chine – Hong Kong, 2006) Un film de Jia Zhangke avec Liu Xiaodong.

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