jeudi 13 janvier 2011

The Green Hornet


Le Frelon vert, c’est d’abord une série où Bruce Lee jouait en 1966 le personnage de Kato. La série n’était pas très bonne, mais elle a permis de faire connaitre l’acteur aux Etats-Unis, lui donner un aura bien que son rôle ne consistait qu’à se battre et être le valet de Britt Reid. Bruce Lee avait 26 ans, Jay Chou qui reprend son personnage dans The Green Hornet en a 31, bien qu’il en paraisse moins. Jay Chou a ses détracteurs, ils sont nombreux et plutôt vindicatif pour rester poli. Personnellement, je n’ai pas grand-chose à lui reprocher si ce n’est de ne pas toujours choisir ses films.

Personne n’attendait Michel Gondry dans un film d’action, comme on ne l’attendait pas dans le documentaire Block party (son meilleur film à mon avis) après Eternal sunshine of the spotless mind. Puisque c’est un film de commande, il serait abusif de chercher le style du cinéaste qui, de toute façon, en sept films a varié les sujets et les thèmes. Reste sa manière de montrer le bricolage qui demeure ici en ce qui concerne les gadgets équipés dans la voiture du frelon vert. Gadgets installés par Kato et dont le fonctionnement est en chinois. Kato sait tout faire et d’abord le café crème de Britt Reid (Seth Rogen, également scénariste et dialoguiste du film).

Les rapports entre les deux hommes sont ceux de maître à domestique. Sauf que Reid a besoin de Kato plus que l’inverse. On ne saura jamais pourquoi le père de Britt Reid avait un employé chinois qui peine à s’exprimer en anglais, mais le fils en hérite ainsi que de sa fortune et de son journal. Le fils détestait son père et l’une de ses premières actions est de couper la tête de la statue érigée à son père. Ce fait d’armes ne passe pas inaperçu. La presse va en parler et Britt, en égocentrique vulgaire (les dialogues de Seth Rogen valent ceux de ses comédies de Judd Apatow), va faire en sorte que son journal en parle. Il veut être le centre de l’attention.

La réflexion majeure de The Green hornet est la place du héros aujourd’hui. Dès la brillante scène d’introduction, Gondry évoque cette idée que le costume fait le méchant ou le héros. Christoph Waltz, le super méchant du film, vient dans une boîte située dans son quartier pour en accaparer la propriété. Le taulier lui déclare qu’il est ringard, que son costume prêt à porter ne fait pas de lui l’homme qu’il prétend être. Cette scène rappelle le dialogue entendu par Tony Leung Ka-fai en ouverture de Triad zone de Dante Lam. L’effronté va se faire défoncer.

Les rapports entre Kato et Britt élaborent une théorie du héros amusante. Bon nombre de dialogues concernent leur relation. Kato est à la fois les bras et le cerveau du duo. Tout ce que fait Britt est catastrophique. Ils se disputent pour savoir lequel des deux est le chef et doit, en conséquence, avoir les honneurs. Le film met en abyme, bien plus que Spider-man la formation su héros. Le costume fait-il le héros quand le personnage qui endosse le costume est pleutre, sexiste et stupide ? Qu’en est-il des responsabilités du fils de riche qui, comme Iron man, n’en fait qu’à sa tête ? The Green Hornet se moque, avec beaucoup de lucidité, des états d’âmes de ces super héros qui pullulent sur les écrans depuis dix ans.

Le film a ses défauts. Il souffre sans doute d’une durée trop grande. Si la partie comédie est réussie, les morceaux d’action sont diversement divertissants. La première baston entre Kato et les méchants est brillante. Kato visionne au ralenti ses cibles et leurs armes, puis il attaque dans un effet démultiplicateur d’impact. Les voitures augmentent leur nombre quand un méchant tombe dessus, comme si la force de Kato lui faisait encore plus mal. En revanche, le final est bien plus convenu, il vient comme un gage du savoir faire de Michel Gondry.

The Green Hornet (Etats-Unis, 2010) Un film de Michel Gondry avec Seth Rogen, Jay Chou, Christoph Waltz, David Harbour, Cameron Diaz, Tom Wilkinson.

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