L’invention dégénérée de Sammo Hung en ce début des années 1980 a été de mettre des morts-vivants, goules, revenants ou vampires (quel que soit le nom qu’on leur donne) dans des films de kung-fu. Pourquoi personne n’y avait pas pensé plus tôt ? Sans doute parce que les rares essais de films de fantômes n’avait jamais marché jusqu’à présent à Hong Kong. La Shaw Brothers a fait quelques tentatives grossières. Mais Sammo Hung ose tout et c’est pour ça qu’on l’aime.
En voix off qui résonne, deux hommes se parlent. Ils sont dans deux jarres et voient s’approcher Cheung (Sammo Hung) qui boit en toute quiétude du vin. Ce sont deux fantômes affamés qui espèrent bien manger quelques morceaux du bon gros. Ils s’attaquent à sa jambe et arrachent un morceau de viande. Tout cela était un rêve, Cheung se réveille et se fait engueuler par sa femme pas commode (Leung Suet-mei). Le gore cumulé au comique a comme effet de bien placer le spectateur de L’Exorciste chinois dans ce que sera le film : une comédie horrifique.
On parle de fantômes, mais Cheung est un homme courageux. Il a eu très peur dans son rêve mais dans la vie, il se vante d’être le plus brave. Trois de ses amis font lui faire une sale blague. Ils lui proposent de prouver son courage en allant passer toute une nuit chez l’un d’eux. Ils se grimeront en revenants et il perdra son pari. Cheung s’aperçoit de la supercherie et leur botte le train. Mais quand on évoque les fantômes, ils ne sont jamais loin. Justement l’un d’eux apparait dans la maison et la détruit entièrement. Il ne fallait pas les énerver. Mais leur vie reprend comme avant.
La vie, c’est surtout que la femme de Cheung le trompe avec Monsieur Tam (Huang Hu), qui est son patron. Cheung a failli les surprendre au lit, chez lui. Tam a décidé de se débarrasser du mari de sa maitresse et a engagé Hoi, un prêtre taoïste (Peter Chan), pour lui jeter un sort. Il s’en confie à un de ses collègues, le prêtre Tsui (Chung Faat) qui va défendre Cheung contre les sortilèges qu’il va subir. Direction le temple où Hoi va réveiller un macchabé pour tuer Cheung. Sammo Hung développe l’imagerie du mort vivant : il a les membres rigides et se déplace en sautillant, ce qui lui confère un aspect ridicule dans un but comique.
Cheung s’est bien défendu, grâce à son kung-fu, mettant en échec la tentative de Hoi et Tam. Grâce aux conseils de Tsui, Cheung pourra se défendre lors de la deuxième attaque en jetant des œufs de poulet sur le mort-vivant. Second échec. Tam décide alors de passer à un plan plus simple : il va accuser Cheung d’avoir assassiné sa femme. Dans les films précédents de Sammo Hung, les femmes étaient peu présentes, mais là, l’épouse est au centre du récit. Le film développe une misogynie qui sera souvent l’écueil de son cinéma.
L’Exorciste chinois a eu un gros succès public. Le mélange entre bouffonnerie, kung-fu et fantastique fonctionnait à plein régime. Cependant, cette recette a fait long feu car comme souvent dans l’industrie du cinéma de Hong Kong, quand un film marche, tous les studios essaient de copier. Toute une flopée de films avec Spooky ou Vampire dans le titre du film a été produite, lassant le public. Puis, Tsui Hark et Ching Siu-tung sont arrivés avec Histoires de fantômes chinois, ringardisant tous ces films dont la plupart sont tombés dans l’oubli.
L’Exorciste chinois (Encounters of the spooky kind, 鬼打鬼, Hong Kong, 1980) Un film de Sammo Hung avec Sammo Hung, Chung Faat, Wu Ma, Lam Ching-ying, Peter Chan, To Siu-ming, Huang Ha, Leung Suet-mei, Tai Bo, Cheung Ging-boh, Yuen Miu, Ho Pak-kwong, Fung Ging-man.
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