Je me remets, après trois ans d’abstinence, à l’intégrale Yoshida. 1967, Passion ardente, film en noir et blanc, avec en vedette du film son épouse Mariko Okada qui incarne Oriko épouse fort peu comblé par le mariage. Son époux, un riche industriel, Furuhata (Tadahiko Sugano) a une maîtresse et Oriko culpabilise pour cela mais refuse de lui demander d’arrêter cette liaison. Elle part faire une retraite à la campagne où elle écrit de la poésie. Orikao se promène toujours vêtue d’un habit traditionnel.
Dans la maison où elle réside, elle rencontre Nôtô Mitsuhuru (Isao Kimura), sculpteur sur pierre qui, fût par le passé, l’amant de sa mère. Oriko n’a jamais pu supporter cette situation, elle s’est sentie souillée par la vie dissolue de sa mère mais discute avec Nôtô, apprend à le connaitre et découvre que l’histoire qu’elle imaginait sur sa mère n’était pas aussi limpide que ce qu’elle croyait. Par coup de courts flash-backs, comme hallucinés (plans courts en large focale et en plongée radicaux) on voit la mère de Oriko mourir (suicide ou accident, le point de vue change suivant ce qu’elle apprend sur sa mère).
Le sexe est un sujet tabou et honteux. Oriko va se décoincer. Elle veut désormais divorcer puisque son mari a une maitresse qu’elle va rencontrer. Passion ardente enregistre ce passage entre la femme soumise, celui de la société héritée de l’avant-guerre, et la femme libre et réfléchie. Oriko cherche à passer le cap vers la liberté. Yoshida cadrera son actrice dans un scope sublime en scindant l’écran en deux. Non pas en split-screen, mais en la séparant du reste du monde (et des autres personnages, par une colonne, une porte), le but de la mise en scène est de la faire entrer dans la même partie du plan que les autres personnages.
Pour se guérir de ses tabous, Oriko suit les jeunes du village qui vont se faire un bain de minuit en caleçon dans la mer. Elle observe sa jeune sœur qui profite de sa jeunesse, elle s’habille en jupe, elle fume et elle fait l’amour. Lors de cette soirée, elle va rencontrer dans une cabane faire l’amour avec un marginal qui vit là. Orika les espionne et les découvre prendre du plaisir, chose qu’elle a du mal à comprendre. Elle va sauter le pas en allant coucher avec lui et l’avouer à son mari dans une scène d’une extrême dureté où l’époux qui reçoit ce qu’il mérite dit refuser le divorce alors même qu’il trompe lui aussi son épouse.
Passion ardente est un film dur où les sentiments sont constamment à fleur de peau. Nôtô est le révélateur de la sexualité d’Oriko parce que son mari n’a jamais pu l’être. Les propos que Furuhata lui tient sont d’une grande violence. Il l’accuse de ne s’être mariée que pour son argent, d’être frustrée sexuellement et avoue qu’il la fera souffrir jusqu’à la fin. Yoshishige Yoshida est du côté des femmes, de sa femme, de la liberté et pour la modernité. Et quels plans, quelles images d’une rare beauté.
Passion ardente (情炎, Japon, 1967) Un film de Yoshishige Yoshida avec Mariko Okada, Yoshie Minami, Tadahiko Sugano, Shigako Shimegi, Isao Kimura, Etsushi Takahashi.
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